Comme son nouveau ministre E. Macron, homme-lige de Rothschild et grand pourfendeur des 35 h, M. Valls aime ramper devant les patrons. Que pèsent, à ses yeux d’ambitieux, les gens de gauche qui ont élu Hollande en croyant naïvement qu’il romprait avec la politique sarkozyste et qu’il ferait cesser l’offensive euro-patronale contre les travailleurs ? Et que vaut, aux yeux de Hollande, la « primaire » socialiste qui avait donné 18% des voix à Montebourg et… 5% à Manuel Valls, le « socialiste » favori de l’UMP et des dirigeants américains ? Telle est la « démocratie » bourgeoise française : les grands partis maastrichtiens rivalisent aux élections et la fête finie, c’est toujours le capital, l’UE, l’OTAN, Merkel, qui gagnent !
Venu pour faire allégeance à Gattaz, Valls a donc aussitôt promis de faire sauter le repos dominical – un acquis datant de 1905 et de Jaurès -, de désosser le Code du travail, de dégager les seuils sociaux et d’alléger le « coût » du travail. Pour commencer… Car rompue aux surenchères, la droite trouve cela dérisoire et Fillon exige la fin du CDI et la retraite à 67 ans !
Car pour cet étrange « socialiste » qu’est Valls, c’est le travail qui « coûte » et c’est le capital qui « crée ». Vous croyiez naïvement, ouvriers à la chaîne, salariés de la distribution, travailleurs de l’agriculture, employés des transports, enseignants, infirmières, chercheurs, ingénieurs, que c’est en produisant des moteurs d’avion, en construisant des maisons, en moissonnant, en transportant des marchandises, en instruisant des enfants, en soignant des malades, en inventant des techniques nouvelles, vous créiez plus de richesse que l’actionnaire fainéant qui « tond » les bénéfices de l’usine, du chantier ou du labo pharmaceutique pour s’acheter chaque année un yacht deux fois plus gros que le précédent (allez voir une fois le port de Monaco si vous en doutez !) ? Eh bien non, Valls a expliqué devant les patrons ravis que ce sont eux qui « créent les richesses ».
Nous, on croyait bêtement que les grands manitous du patronat s’étaient surtout distingués ces dernières décennies par leur capacité à casser l’outil industriel français, à se recentrer sur des activités parasitaires, à piller les finances publiques en obtenant des subventions et des dégrèvements sans fin, à saquer les cotisations sociales, à multiplier les importations aux dépens des exportations au risque de plomber la balance commerciale…
Eh bien non, salariés, vous n’êtes que des parasites et des assistés, des trop-protégés et des trop-payés qui vivez au-dessus de vos moyens, qui n’en fichez pas une rame et qui abusez de la richesse publique en vous gorgeant de jours de repos, de vacances indues, de salaires mirobolants, de remboursements-maladie en veux-tu en voilà, de retraites dorées volées aux enfants, de services publics gratuits qui devraient rapporter des profits dont vous privez odieusement – mais plus pour longtemps ! – MM. les Actionnaires. Lesquels ont bien du mérite à continuer, comme ils le font, à subventionner la production quasi-bénévolement au lieu d’imiter ceux d’entre eux qui, sagement, ont déjà planqué 480 milliards d’euro dans les paradis fiscaux (on les comprend) !
Voilà où l’on en est idéologiquement dans ce pays depuis que le PCF « modernisé » n’enseigne plus le B.A.-BA du marxisme dans les écoles de base, depuis que le P.S. rampe comme jamais devant l’UE néolibérale, depuis que Le Paon explique que les capitalistes et les travailleurs ont des intérêts communs et qu’il faut seulement mieux partager le gâteau, depuis que les jeunes syndiqués n’entendent plus parler de l’exploitation capitaliste, de l’extorsion de la plus-value et du simple fait évident que, quand les travailleurs croisent tous les bras en même temps, comme en 36 ou en 68, la production s’arrête, les profits s’écroulent, les patrons tremblent… et chacun s’aperçoit alors que les travailleurs peuvent se passer des capitalistes (quel bonheur !) alors que les capitalistes ne sont rien sans les travailleurs dont ils volent au quotidien le surtravail gratuit.
Tous ces messieurs délirent. Pour les ramener sur terre et leur administrer une bonne leçon de choses, pour rendre sa dignité au monde du travail humilié et injurié, l’heure n’est pas à prier pour que les « frondeurs » socialistes, ces enfants de chœur (en étant gentil !) nous sauvent, elle est au « tous ensemble et en même temps » de tous ceux qui créent la richesse et qui ne demandent qu’à vivre honnêtement de leur labeur : les TRAVAILLEURS. Chiche ?
Vidéo : L’honneur des gueules noires