« C’est exactement ça, le sens du mouvement ouvrier. La solidarité. Tu te bats pour moi, je me bats pour toi. Épaule contre épaule, main dans la main. »
En juin 1984, les mineurs britanniques affrontent le gouvernement de Margaret Thatcher dans ce qui restera comme l’un des plus violents conflits sociaux qu’ait jamais connu le pays au cours du siècle.
Mark Ashton, militant communiste et homosexuel, débarque à la Gay Pride de Londres avec l’idée de récolter de l’argent pour venir en aide aux mineurs et à leurs familles. Entouré de quelques camarades, il créé alors le « LGSM », pour Lesbians and Gays Support the Miners (Lesbiennes et gays en soutien aux mineurs). Face aux réticences du NUM (National Union of Mineworkers – Syndicat national des mineurs) à accepter officiellement leur soutien, la joyeuse bande va aller à la rencontre des grévistes d’une petite ville minière du Pays de Galles…
Tout le mérite du réalisateur est de ne pas nous montrer une solidarité comme allant de soi. Les préjugés sont tenaces, du côté de certains militants homosexuels comme chez les mineurs gallois. Peu à peu, néanmoins, des liens se tissent, des bières sont partagées, les militants homos découvrent l’univers de la mine, les mineurs apprennent à affronter le harcèlement policier dont sont victimes les homos depuis des décennies.
Des piquets de grève gallois aux boites gays londoniennes, va alors s’écrire une magnifique page d’histoire sociale, d’histoire ouvrière, culturelle, politique et de classe. Comment ne pas rire devant ces pétillantes femmes de grévistes découvrant le London by night homo ? Comment ne pas être bouleversé devant les premiers ravages du SIDA ? Comment ne pas être en colère devant le mépris et les discriminations dont souffrent à la fois les gays et les ouvriers en lutte ? Comment ne pas comprendre que tout ce qui divise le peuple travailleur, qu’il soit homo ou hétéro, femme ou homme, travesti dans une rue de Londres ou affrontant les policiers sur le carreau d’une mine, l’affaiblit et le condamne à l’impuissance ?
Sur fond de musique disco et d’hymnes syndicaux, Pride est une leçon d’humanité et de combativité, un film magistral qui vaut tous les discours sur la convergence des luttes, la fraternité, et la solidarité.
Taki, octobre 2014.