Aujourd’hui, les médias célèbrent les 25 ans de la chute du mur de Berlin. Discours convenus reprenant les slogans des vainqueurs de la guerre froide. Qui s’étonnera de cette autocélébration tapageuse de la chute d’un mur, alors que partout dans un silence médiatique assourdissant les mêmes sont les premiers bâtisseurs de murs de la honte, avec pour maître d’œuvre les USA, Israël ou encore aujourd’hui en Europe la junte pro UE de Kiev.
Combien d’éditorialistes pour clamer les louanges de la réunification, censée avoir apporter la richesse de la RFA à cette RDA présentée comme un échec total et combien pour parler de cette réalité censurée à l’heure où la crise du capitalisme s’aggrave, que la pauvreté frappe et que la guerre est à nouveau en Europe de ces nombreux allemands regrettant la RDA. Il est significatif de souligner que les « démocrates » capitalistes n’ont même pas pris la peine d’un vote pour demander leurs avis aux Ossies sur la réunification. Sur le plan économique, il s’est agit de se partager au plus vite et à vil prix les richesses de cette RDA, 8e pays le plus riche du monde.
25 ans plus tard, chômage, casse des salaires, UE totalitaire et la guerre à l’horizon : les travailleurs fêtent la chute du Mur
25 ans après la chute du mur, les travailleurs doivent se poser la question de savoir si l’effondrement du bloc de l’est – qui imposait de par sa seule existence aux pays occidentaux de devoir assurer un minimum de droits pour les travailleurs – quels progrès cela a eu pour eux. Une fois les pays de l’Est digérés, la crise économique est repartie de plus belle ; nos salaires sont en chute libre, les droits des travailleurs, les protections sociales volent en éclat sous les attaques du patronat. L’extrême droite est poussée en avant alors que la guerre a fait sa réapparition en Europe (Yougoslavie, Ukraine…)…
A l’Est, le miracle économique n’a pas eu lieu.
Les ex-pays de l’Est, intégré à marche forcée au sein de l’UE affichent des salaires de misère, permettant un dumping social effréné au sein de l’Union Européenne du Capital. Désindustrialisation, chômage, confiscation de la souveraineté populaire par une UE de plus en plus totalitaire, oui, les travailleurs devraient faire le bilan, pour savoir s’il doivent -avec les médiacrates de l’oligarchie capitaliste -célébrer la chute du mur de Berlin.
25 ans après la chute du Mur, la dure réalité en chiffres : chômage, revenus…
Loin de cette déferlante propagandiste – démontrant au passage que la liberté selon la démocratie bourgeoise est bien totale pourvu de défendre la dictature de la classe capitaliste – www.initiative-communiste.fr vous propose d’examiner quelques chiffres 25 ans après la réunification.
Ostalgie
Plus de 20 ans après la chute du Mur de Berlin, nombreux sont les Ossies à regretter l’Allemagne de l’Est, la RDA et son plein emploi comme le prouve notamment selon un sondage de l’institut Leipzig pour le magazine Super Illu et un sondage de l’Institut Emid pour le Berliner Zeitung.
Une majorité d’entre eux sont d’avis que l’ex-RDA avait « d’avantage d’aspects positifs que négatifs ». Jugez plutôt :
- 49% des habitants de l’ex RDA estiment que « il y avait quelques problèmes, mais globalement on y vivait bien ». et 8% soulignent que « la RDA avait surtout de bons côtés et qu’on y vivait heureux et mieux que dans l’Allemagne réunifiée d’aujourd’hui » : C’est 57% des Allemands de l’Est qui – pouvant faire la comparaison aujourd’hui – défendent la RDA. On est loin, très loin de la propagande médiatique de ce jours.
- 34% des anciens habitants de Berlin-Est se considèrent encore comme des Berlinois de l’Est
- 17% des Allemands de l’Est approuvent la phrase. « Il aurait mieux valu que le mur ne tombe pas
- 52% des Allemands de l’Est se considèrent traités comme des « citoyens de seconde zone »
- 44% des chômeurs souhaitent le retour du régime communiste qui fournissait un travail et un logement à tout le monde
Il est vrai que la chute du mur de Berlin, loin de se traduire par une hausse du niveau de vie s’est traduite par une vague de privatisation massive des industries est-allemandes (il ne fallait pas faire de concurrence au capitalisme ouest allemand !). Avec pour conséquence tout à fait nouvelle pour les allemands de l’Est l’apparition du chômage. Un chômage de masse. Car en RDA il faut le rappeler n’y avait pas de chômage. Dès 1990, il y avait 1 millions de chômeurs indemnisés, 3 millions d’actifs en situation de sous emplois pour près de 9 millions d’actifs. Une véritable catastrophe économique.
25 ans plus tard, les Länder d’ex RDA sont affectés par un taux de chômage du double de ceux de la RFA.La différence est tout à fait frappante si on place les taux de chômage sur une carte, pour l’année 2012
Entre 1991 et les années 2000, le nombre d’emplois dans le secteur industriel à l’Est a diminué de près de la moitié, alors que la production par actif occupé à augmenté de 1,7 ( 1,1 sur la même période en Allemagne de l’Ouest) dépassant désormais de 10 points la productivité en RFA…
Réunification? vraiment? clivage des niveaux de vie
Deux gamins allemands se parlent chacun d’un côté du mur de Berlin.
Celui de la RFA a une orange et s’en vante auprès de celui de la RDA:
-J’ai des oranges, j’ai des oranges nanana…
L’autre réfléchit puis répond:
-Oui mais moi j’ai le socialisme, nananana!
Le gamin de la RFA réplique :
– oui mais t’as pas d’orange…
Le mur tombe, le gamin de l’Est demande à celui de l’ouest :
– Elle est où mon orange?
Le gamin de l’Ouest lui répond :
– Non mais tu te crois où? socialiste va !
Selon les médias, c’est le retard économique et le niveau de vie inférieur en RDA qui aurait poussé les allemands de l’Est à faire tomber le mur, pour obtenir le même niveau de vie. Logiquement, 25 ans après la chute du mur de Berlin, (soit près de la moitié de la vie de la RDA tout de même), les différences devraient s’être effacées.
Force est de constater que ce n’est pas du tout le cas.
Le revenu par habitant reste inférieur de 33% à celui de la RFA, conservant la différence d’avant la chute du Mur. La chute du mur en fait n’a pas eu de réels effets sur les revenus des allemands de l’Est.
Loin de s’accompagner d’un mouvement de rattrapage salarial, c’est en fait une compression relative des salaires qui a eu lieu à l’est. Comme en témoigne le graphique suivant pour les salaires dans l’industrie. Dès 1993, un mouvement de baisse des salaires est engagés, dans des proportions plus importante à l’est qu’ à l’ouest. Dès 2002, les coûts salariaux unitaires dans l’industrie deviennent inférieurs à l’Est qu’à l’Ouest… Au passage, ce graphique démontre également l’intense politique de guerre aux salaires menée en RFA dès la chute de la RDA.
25 ans plus tard, les emplois dirigeants restent pour les allemands de l’ouest, quand les allemands de l’est doivent se contenter des fonctions subalternes.
Structure de l’emploi en Allemagne de l’ouest et de l’est (1er trimestre 2010)
Fonction / qualification |
Allemagne de l’ouest¹) |
Allemagne de l’est |
Position dirigeante |
10,9 |
8,8 |
Activités hautement qualifiées mais non dirigeantes |
23,7 |
19,9 |
Qualification de niveau moyen |
41,6 |
49,3 |
Techniciens spécialisés |
15,3 |
15,9 |
Fonctions simples |
8,5 |
6,1 |
Total |
100 |
100 |
Source : Statistisches Bundesamt. ¹) Berlin compris. http://rea.revues.org/4176
Si les revenus salariaux restent très inférieurs à l’Est qu’à l’Ouest, c’est également vrai concernant les revenus du patrimoine.
En 2008, par an et par habitant, le revenu issu du patrimoine s’élevait à seulement un peu plus de 2 000 € (en termes nets) à l’est, contre non moins de 5 200 € à l’ouest. Certes, les Allemands de l’est ont vu nettement progresser leur patrimoine, mais celui-ci est loin d’atteindre le niveau de l’ouest ; et l’épargne qu’ils prélèvent sur leurs revenus courants est elle aussi inférieure à celle des Allemands de l’ouest. (source)
Cette différence de revenus est équivalente à la différence entre transfert sociaux (impôts sur le revenu,cotisation sociale et prestations sociales monétaires ) pour lesquels en 2008 les allemands de l’Est percevait 3300€ de plus que les allemands de l’Ouest… De quoi relativiser fortement les transferts sociaux Est Ouest mis en avant à grands cris.
Deux decennies ont passé depuis la réunification de l’Allemagne. Pourtant, les landers d’ex-RDA, s’ils ont été intégré au modèle capitaliste et aux institutions de la RFA, ils restent loin de la richesse de la RFA.
Sur l’immigration Est – Ouest, avant et après la chute du mur
Il y a eu une très importante immigration de la RDA vers la RFA dans les années de l’après guerre. Comment la partie occidentale de l’Allemagne, la plus vaste, nettement moins affectée par les destructions de la guerre (l’essentiel des combats a eu lieu à l’Est, la défaite nazie étant essentiellement le fait des victoires de l’armée soviétique), notamment dans ses riches régions de la Bavières, de la Ruhr et disposant des principaux ports et surtout dispensée de payer des dommages de guerre et recevant une aide massive des USA aurait pu ne pas être la plus attractive que la partie orientale, plus petite et totalement détruite, en particuliers pour ces millions d’allemands quittant les pays de l’Est où ils s’étaient installés? On parle de près de 3 millions d’immigrés de l’Est vers l’Ouest. Ce qui ne veut pas dire que personne à l’Ouest n’a immigré en RDA. Selon les estimation, 700 000 allemands de RFA émigrèrent en RDA.
Ce qu’il faut souligner c’est qu’au contraire de la RFA qui faisait tout pour encourager l’immigration, à des fins de propagande idéologique, la RDA a au contraire une une politique dissuasive , refusant près de 30% des demandes d’immigrations, puis refusant les demandes de ré-immigration depuis l’Ouest.
Il est également important de rappeler que la décision de partitionner l’Allemagne fut le résultat des initiatives occidentales (réunification des zones, création du deutch mark…), et non de faits de la partie soviétique.
Si la propagande occidentale a monté en épingle cette réalité complexe des migrations inter RFA-RDA – la qualifiant de vote avec les pieds – il convient de noter que 25 ans après la chute du mur, et alors que la RDA n’est plus et que l’on ne peut donc plus mettre en accusation le modèle socialiste, les migrations de l’ex RDA vers la RFA se poursuivent.
Les actifs, en particulier les jeunes continuent d’émigrer des Länder de l’ex-RDA vers la RFA alors que dans le même temps la chute brutale de la natalité (divisé par deux), contribue à un vieillissement accéléré de la population de l’Est
RDA / RFA : sociologie politique des blagues
Après tous ces chiffres, terminons sur une note moins sérieuse, mais néanmoins instructive : deux blagues qui circulaient à l’ouest ou à l’est après la la réunification :
- A l’est : Un Ossi à un autre :
« Ton boulot c’est quoi en ce moment ?
– Ben, justement, rien.
– Joli travail.
– Oui, mais quelle concurrence ! » - A l’Ouest : Un chef du personnel à un Ossi candidat à une embauche :
« Vous ne trouvez pas que vos prétentions salariales sont un peu élevées ? Vous n’avez aucune qualification, pas d’expérience, et vous voulez 10 000 marks par mois ?! »
L’Ossi :
« Eh, le travail est bien plus dur quand on ne sait pas ce que c’est ! »
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C’est vrai qu’en RDA il y avait beaucoup de chose à changer, mais aujourd’hui je pense que une large majorité d’allemands de l’est doivent avoir des regrets car le chômage chez eux augmente d’une façon dramatique et que beaucoup d’entre- eux ce sont exiles pour trouver du travail dans les pays nordiques.