L’évolution de la production automobile en France révèle l’accélération de la désindustrialisation du pays.
Dans un article récent, le site web de Challenge s’alarmait de l’évolution des caractéristiques du marché automobile en France qui tend de plus en plus à ressembler à celui d’un « pays pauvre » selon le journaliste Alain-Gabriel Verdevoye. C’est que la part de petits véhicules, produits à l’étranger est maintenant majoritaire. Elle atteint en 2014 54% du marché à +5% en 3 ans, contre 42% pour la moyenne des pays européens les plus développés. Plus que l’effet des politiques de malus-bonus gouvernemental, il faut sans doute voir là un effet de l’austérité salariale. Hypothèse corroborée par l’augmentation de l’age moyen du parc automobile et l’atonie du marché du neuf. Point besoin d’être un grand sorcier de l’économie pour comprendre qu’à force de baisse des salaires réels, qu’avec une explosion du taux de chômage, les travailleurs de France renoncent à changer de voiture ou alors pour des modèles plus économiques. Alors au fond, on pourrait se dire que peu importe au fond que les français se tournent vers de petites voitures, pour l’essentiel de marques françaises, moins polluantes.
Délocalisation de l’industrie automobile et désindustrialisation
Mais là n’est pas la vraie question, la vraie question c’est que ces petites voitures ne sont plus produites en France, et que dans le même temps, les constructeurs français produisent de moins en moins de véhicule de moyenne gamme -en particulier en France – et on quasiment totalement abandonné le secteur du haut de gamme, permettant des marges bien plus rémunératrices. En parallèle, ces secteurs qui restent une part importante de la demande mondiale sont donc désormais la chasse gardée des constructeurs allemands, américains et japonais. En raison des diktats américain, PSA a du abandonner son important marché iranien. Ce qui explique les difficultés financières de PSA.
On assiste en fait en France à une vague massive de délocalisation de la production automobile, un des cœurs essentiel de la capacité industrielle du pays.
En 2005, Peugeot produisait dans son usine de Rennes 259 000 berlines 407. En 2014, il a produit moins de 90 000 berlines 508 dont une bonne partie en Chine…. Et devinez où sont fabriquées les différentes voitures « françaises »? Twingo en Slovénie comme 60% des Clios. 208 pour partie en Slovaquie, comme la future C3, Les Dacias sont produites en Roumanie et en Turquie. Renault vient d’ailleurs d’inaugurer en grande pompe une nouvelle usine en Algérie sous les applaudissement des ministres du Medef Fabius et Macron. Ce dernier osant déclarer « La France ne doit pas avoir peur de produire à l’étranger car cela crée de l’adhérence avec notre économie. Mais à la condition que nous gardions la propriété intellectuelle. » Ce que l’ex Régie Renault, devenue la multinationale Renault Nissan s’empresse de faire : Entre 2003 et 2012, la part des véhicules de la marque au losange produits hors de France est passée de 46,2 à 80%. Entre 2003 et 2012, les productions automobiles de Renault et PSA en France se sont effondrées de respectivement 58% et 42% passant de respectivement 1,3 millions à 0,47 pour Renault et 1,92 millions à 0,8 pour PSA. Dans le même temps au niveau international, leurs productions sont demeurées stables
Il se vend près de 2 millions de voitures particulières neuves (sans compter les utilitaires légers) chaque années en France. Il faut constater que la France semble devenu un gros importateur de véhicules ; plus que les véhicules achetés c’est cela qui est le symptôme de l’affaiblissement industriel de notre pays.
UE, concurrence libre et non faussée et délocalisations : l’exemple de PSA
Les Echos publie un article très instructif sur la stratégie de PSA qui annonce la production de 1 millions d’autos en France en 2017 et une augmentation également en Espagne et Slovaquie . Cette annonce chiffrée de PSA cache en réalité une politique de réduction des emplois en France.
Après Aulnay, Rennes est en danger !
De fait, le constructeur a annoncé un demi-millions d’heures de chômage partiel dans son emblématique usine de Rennes pour les mois de septembre à novembre 2014. Cette usine parmi les plus importantes en France est d’ores et déjà – après Aulnay – menacée de fermeture.
Car pour tenir le programme de production actuelle de l’usine, il suffirait de 3000 personnes selon Philippe Bonnin (vice président du Conseil Général d’Ille et Vilaine) alors que l’usine de Rennes produisant les routières du groupe (Peugeot 508 et Citroën C5) embauche 4 600 personnes. Ce qui n’est plus que les tiers de l’effectif de 12 000 ouvriers d’il y a dix ans. Sur le bassin d’emplois la fillière ne compte plus que près de 10 000 ouvriers contre 28 000 il y a 10 ans. Sans compter les emplois induits, voila qui explique l’augmentation exponentielle du chômage.
Alors que PSA n’a pas annoncé de remplaçante pour la C5 et que celle de la 508 ne sera pas produite à Rennes, c’est un centre de production industriel supplémentaire qui va disparaître de notre pays. PSA s’est engagé à ne pas fermer de site jusqu’en 2016… soit à peu près la période de fin des modèles produits à Rennes. Voila le seul engagement obtenu par notre gouvernement de droite complexée – à genou devant le Medef – alors que des milliards ont été investis pour venir au secours de l’empire industriel de la famille Peugeot. L’État a accordé des prêts, et a même pris 14% du capital de l’entreprise, avec l’argent des travailleurs de notre pays. La moindre des choses serait d’obtenir des garanties que la production pour le marché français reste en France.
Mais qu’en est il? regardons dans le détail l’évolution de la production dans les principales usines de la zone UE de PSA (sources des chiffres wikipédia – sites internet des différents sites de production)
Production annuelle de différentes usines européennes du groupe PSA
2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | |
Trnava | 51719 | 51719 | 177586 | 184397 | 205000 | 186140 | 177776 | 214617 | 248405 |
Vigo | 422950 | 547000 | 384900 | 406600 | |||||
Madrid | 135500 | 125300 | 125300 | ||||||
Mangualde | 53426 | 57218 | 64068 | 65550 | 37260 | ||||
Kolin | 69216 | 193213 | 203202 | 216281 | 232130 | 212796 | 180018 | 140725 | 115741 |
Sochaux | 412546 | 330219 | 325845 | 287804 | 270000 | 360000 | 373000 | 278800 | |
Mulhouse | 200000 | 213500 | |||||||
Poissy | 175600 | 175600 | 230000 | ||||||
Aulnay | 300000 | 299000 | 300432 | 248400 | 218830 | 195500 | 135700 | 135700 | 0 |
Rennes | 345000 | 185000 | 129600 | 84800 | |||||
Valenciennes sevelnord | 100000 | 150000 |
En 2005 (selon les estimations que nous avons pu collecter) le groupe PSA produisait environ 1 430 000 véhicules dans ses usines de France et 610 000 dans le reste de l’UE soit respectivement 70% et 30%. En 2013 807 000 et 891 000 soit : 46% et 54%
La production a diminué en France de plus de 40%, celle dans l’UE hors France a augmentée de plus de 50%.
Si on regarde la production automobile du groupe Peugeot, il faut constater un très net mouvement de délocalisation de la production de la France vers des pays de la zone UE entre 2005 et 2013
De fait, les capacités de production des usines PSA de Rennes et Aulnay ont été (ou sont en train d’être) délocalisées à Vigo (Espagne) et en Slovaquie ou République Tchèque. Il suffit de comparer les chiffres de production
- Espagne (Vigo (production 2007) = 547 000) + Slovaquie : 655 000 voitures + la production transférée à Poissy (environ 100 000 véhicules/ an étaient prévus),
- capacité Rennes + Aulnay = 360 000 + 400 000 =760 000 véh/an
Il est vrai que l’UE permet de mettre directement en concurrence les travailleurs des différents pays européens. C’est même sont principal objet et ce depuis le Traité de Rome ! L’UE, l’€uro sont des machines de la guerre de classe que conduit l’oligarchie capitaliste contre les travailleurs, contre leurs salaires.
Si on veut conserver nos usines, défendre nos salaires, protéger nos conquêtes sociales, il faut sortir de l’UE et de l’Euro par la voie progressiste, celle du progrès social, de la démocratie et de la solidarité internationaliste des travailleurs. Alors que la réalité c’est que la désindustrialisation, du chômage de masse sont aujourd’hui effrayant, comment certains à gauche espèrent encore être entendus avec leurs discours totalement mensonger de l’UE sociale, de l’euro qui protège. Logiquement, la classe ouvrière, instruite de 30 ans d’expérience de la casse sociale produite par l’UE du capital, se détourne de ces gens. Il y a urgence à reconstruire une vraie alternative politique de gauche c’est à dire au service des travailleurs.
ANI la machine à supprimer les emplois et casser les salaires
L’offensive de PSA contre les emplois menée depuis un an, s’appuie sur L’ANI signé par la CFDT syndicat jaune du MEDEF et du gouvernement. Cet accord transformé en loi par la volonté du gouvernement Ayrault a élevé le dogme de la compétitivité (comprendre réduction des salaires) au rang de priorité nationale. Il se double dans le même temps d’un chantage à la délocalisation avec la mise en concurrence avec les autres travailleurs des pays de l’UE : accepter de réduire leur salaire et garder son emploi pendant quelques mois de plus, ou refuser et voir son usine partir en Espagne, en Slovaquie ou demain en Ukraine… C’est celà l’UE du capital. D’un coté la libre circulation des biens, des capitaux et des travailleurs, de l’autre des directives pour obliger à détruire les protections collectives des travailleurs (droits du travail, salaires etc…).
Comme en témoigne le chantage à l’emploi sur la conservation de l’usine Sevelnord (Valenciennes) suite à la fin de l’accord avec Fiat :
» L’attribution de cette nouvelle fabrication à Sevelnord plutôt qu’à l’usine de Vigo, a priori moins chère, dépendait encore d’un accord de compétitivité entre la Direction du site et les syndicats, dont la Direction du Groupe faisait une condition sine qua non. Le 26 juillet 2012, trois des quatre organisations syndicales représentatives signaient l’accord de compétitivité négocié avec la Direction16. » source wikipedia
Aujourd’hui on constate les résultats de cet accord ANI en terme de casse de l’emploi et de recul social .
Également, la mise en œuvre du CNS (nouveau contrat de solidarité) horrible chantage à l’emploi, a eut pour conséquences chez PSA entre 2002 et 2014 la suppression de 31 700 emplois salariés. Plus de 24 000 emplois CDI/CDD ont été détruit en 12 ans au rythme de 2 000 par an. C’est la catégorie ouvrier qui a été le plus touché avec 18 000 suppressions, le TAM (technicien Avancé de Maintenance) 5 000 suppressions et plus de 2000 suppressions d’emplois de cadre… Des chiffres qui font froid dans le dos. Qui démontre que plus on applique la politique réclamé par les « syndicats » de la classe capitaliste, plus le chômage augmente.
La CGT PSA dénonce la mise en application du Nouveau Contrat de Solidarité qui est catastrophique dans le domaine des salaires qui a pour conséquences la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Elle dénonce également le chômage partiel qui touche toutes les usines Française et affirme que c’est principalement du chômage fiscal qui permet de réduire les stocks, de gonfler son bilan financier et surtout en réduisant ses stocks de payer moins d’impôts car le niveau des stocks servent de base d’imposition.
Dans le même temps, l’augmentation du taux de chômage se traduit par une augmentation des indemnités à verser aux salariés mais également une perte de rentrée d’argent via les cotisations salariales et patronales pour la Sécu et les retraites. C’est aussi autant d’impôts en moins pour le budget de l’Etat.
L’exemple de PSA n’est pas unique. De nombreuses entreprises française ayant mis en œuvre les accords de « compétitivité » appliquent la même politique de rentabilité au détriment de l’emploi. Les milliards d’aides publiques versés aux entreprises du CAC 40 essentiellement ont aggravé la dette et le déficit de l’Etat et le plus grave, ils n’ont pas freiné l’explosion du chômage. Bien au contraire. Dans ce supermarché à l’aide publique, PSA y trouve de quoi se goinfrer : 140 millions au titre du CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi) et 125 millions au titre du CIR (Crédit d’impôt recherche). Et son ex-PDG de se servir une mirobolante retraite chapeau. Tant qu’à faire, c’est le père noël du MEDEF Hollande qui régale, au frais des « sans dents » ! (lire La guerre aux salaires et les cadeaux au MEDEF en chiffres – Valls poursuit l’offensive ! )
Pendant ce temps, Pierre Gattaz (chef des patrons – MEDEF) propose à Manuel Valls qui a été ovationné à l’université du MEDEF de démolir les 35 heures, de supprimer deux jours fériés sur 11 en expliquant sans vergogne que cela créerait 1 millions d’emploi. Bientôt, ils demanderont – toujours au nom de la compétitivité de supprimer le CDI… Ben, tiens, ils le demande déjà, réclamant l’assouplissement des contrats de travail. Avec pour objectif le contrat ZERO heures qui permet déjà d’esclavagiser les travailleurs en Grande Bretagne?
Responsable de l’augmentation du chômage (500 000 nouveaux chômeurs depuis deux ans et demi), le patronat poursuit sa politique de casse en prétextant que ce sont les droits des travailleurs qui entrave la création d’emploi en France.
Il y a urgence : tous ensemble lançons la contre offensive
Face a cette situation, il y a urgence de passer à la contre-attaque. C’est pourquoi le PRCF appelle les organisations progressistes indépendantes du PS à organiser rapidement une grande manifestation d’opposition populaire à la politique de VALLS-MEDEF et de L’UE., pour l’emploi, les salaires, le logement, les services publics, la protection sociale. Il propose de construire un Front Antifasciste, Patriotique et Populaire (FRAPP) centré sur la classe ouvrière et ouvert aux couches moyennes. Le but étant de sortir la France de l’euro, de l’UE, et de l’OTAN, pour aller vers la rupture révolutionnaire avec le capitalisme.
Commission lutte du PRCF