www.initiative-communiste.fr publie ci-après les actes du café hyper républicain du 29 novembre dernier avec les allocutions de notre camarade Pierre Pranchère – résistant FTP-COPA, secrétaire général des maquis de Corrèze, vice-président du PRCF, ainsi que de l’Amiral Michel Debray
« ALLOCUTION DE PIERRE PRANCHÈRE*» Ancien résistant FTPF-COPA – Maquis de Corrèze
Mesdames, Messieurs, Cher (es) Amis (es), Cher (es) Camarades,
Nous pouvons et devons féliciter les organisateurs de ce Café hyper-républicain que préside notre ami et camarade, Jean-Luc Pujo, président des clubs Penser la France.
L’objectif commun, qui nous réunit aujourd’hui, est le lancement d’un appel pour un nouveau CNR, prenant appui sur les orientations de principe, toujours valables, de son aîné prestigieux, le Conseil National de la Résistance et son lumineux programme les Jours Heureux.
Les deux piliers de la Résistance furent les gaullistes, avec l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, et les communistes avec l’appel du 10 juillet 1940 de Maurice Thorez et de Jacques Duclos au nom du comité central du PCF.
Je me souviens de la brochure clandestine du PCF de mars 1944 que j’ai distribuée, avec mes camarades, aux risques et périls de l’époque. Elle contenait des extraits de la lettre adressée, le 10 février 1943, par le général de Gaulle aux membres du Comité Central du PCF. Sept jours après la victoire de Stalingrad, d’ailleurs évoquée dans la lettre, le général salue l’accord réalisé, les vaillantes formations de Francs-Tireurs et il écrit ceci :
« Vous savez comme moi qu’une coordination efficace des organisations de résistances est indispensable au but que nous poursuivons en commun ».
Qui pourrait nier qu’il avance ainsi le fondement du futur CNR même si celui-ci ne se concrétisa que 3 mois et 17 jours plus tard, le 27 mai 1943. Je persiste donc et signe pour l’idée des deux piliers.
Le 15 mars 1944, le Conseil National de la Résistance prit, à l’unanimité, une décision historique en adoptant son programme selon le texte présenté par Pierre Villon. Qu’il soit entré dans l’histoire, qui pourrait en douter ? Le rappel de la déclaration du milliardaire sarkozyste Denis Kessler traduisant le combat de sa caste – « sortir de 1945 et défaire méthodiquement le programme du CNR » – suffit à le prouver.
La destruction des conquêtes sociales, économiques et démocratiques de la Libération s’opère dans l’entreprise mortelle de « la concurrence libre et non faussée » de l’Union Européenne et de sa Commission de Bruxelles, de l’euro-deutsche Mark d’une Allemagne dominante. Tous les responsables d’une politique qui liquide la République et la France prétendent en s’alignant sur la finance qu’il n’y aurait pas d’autre issue. Après Sarkozy, c’est Hollande qui a pris le chemin du MEDEF en lui accordant des dizaines de milliards d’euros et en faisant de Gattaz et Macron les maîtres à penser du « changement maintenant ».
Dans ma contribution, je n’ai nullement l’intention de traiter tous les aspects concernés par l’enjeu d’un nouveau CNR. Nous rencontrons très souvent dans nos contacts individuels l’objection « on ne peut pas revenir au franc ». La démonstration que les moyens existent pour un nouveau CNR avec son programme actualisé me paraît centrale.
Le 14 mai 2011, au plateau des Glières où dans l’ordre du jour figurait : « l’élaboration d’un projet de société du 21ème siècle en repartant du programme du CNR les Jours Heureux ». Dans mon allocution, je notais la dramatique régression sociale et l’explosion des richesses d’une minorité. Je citais la revue Challenges et sa liste des cinquante plus grandes fortunes : un total de 162 milliards d’euros soit en moyenne 3 milliards 240 millions (Betancourt 20 milliards).
Trois ans plus tard, en août 2014, la revue Challenges publia la fortune des 500 personnes les plus riches de France. Elle atteint 400 milliards d’euros. Depuis 2011, elle a augmenté de 150 milliards. La progression est stupéfiante car en prenant comme référence l’année 1996, selon la même revue, la fortune globale des 500 a quintuplé. À partir de 2002, le nombre de milliardaires a presque triplé.
Après le scandale des dizaines de milliards livrés au MEDEF sans contrepartie, voyons encore : en 2013, les actionnaires du CAC 40 s’enrichissent de 40 milliards, l’évasion dans les paradis fiscaux, évaluée à 600 milliards, induit une perte fiscale de 60 milliards (la liste des ministres corrompus et démissionnaires va-t-elle s’allonger ?). La contribution à l’Union Européenne qualifiée de nette, car la France verse plus qu’elle ne reçoit, engendre une facture en 2013 de 9 milliards d’euros, elle sera de 45 milliards dans 5 ans et atteindra 90 milliards dans dix ans. Ajoutons-y les contributions au FMI, à l’OMC et à l’OTAN qui exercent sous la direction des États-Unis la dictature internationale des marchés financiers. Il y a aussi les terribles conséquences des délocalisations qui liquident des pans entiers de l’emploi, celles du financement insolent du patronat par les exonérations de cotisations responsables des déficits de la sécurité sociale et des caisses de retraites etc., etc. Ces quelques exemples démontrent que les moyens existent.
Nous demandons les grandes nationalisations indispensables pour rétablir l’indépendance de la France et cela dans l’esprit du général de Gaulle qui préconisait, dès 1942, à propos des rapports entre les nations, je cite :
« que chaque peuple puisse se développer selon son génie propre et sans subir aucune oppression politique ni économique ».
De plus, la Constitution de la Ve République, dont le général de Gaulle fut le véritable concepteur, conserve le préambule de la Constitution de 1946 lequel inclut le programme du CNR.
Ma conclusion coulera de source. Avoir une démarche audacieuse car nous constatons que le CNR et son programme sont un enjeu. À l’occasion du 70e anniversaire de la Libération, la Résistance et même le programme du CNR ont été évoqués, mais les instance étatiques et autres s’en sont tenues au « devoir de mémoire » écartant d’une façon ou d’une autre l’exigence absolue d’un nouveau CNR.
Nous pouvons et devons franchir une étape nouvelle de notre bataille actualisant son programme Les Jours Heureux.
Les départements peuvent jouer un rôle important dans notre démarche, ils peuvent être les lieux où se réuniront des dizaines et des centaines de signataires, et où, les ruisseaux faisant les grandes rivières, ils se compteront par milliers au plan national.
Je vous remercie de votre attention.
* Pierre Pranchère est ancien résistant FTPF-COPA – Co-fondateur et secrétaire général du Collectif Maquis de Corrèze – Responsable PRCF – Ancien député PCF de Tulle -Député honoraire au Parlement Européen ;
« ADRESSE AUX PARTICIPANTS » – Amiral MICHEL DEBRAY ( Forum pour la France)
Chers amis,
Nous ne sommes plus en 1946, dans un pays ruiné matériellement et bouleversé moralement par un conflit dont il sortait épuisé. Nous sommes en 2014, dans un pays officiellement « en paix » depuis 70 ans. Et pourtant les risques et les menaces qui pèsent sur nous sont du même ordre que ceux de 1946. Vous me permettrez donc de revisiter avec vous les propos tenus à Bayeux en 1946 par le général de Gaulle :
« La rivalité des partis revêt chez nous un caractère fondamental (…) sous lequel s’estompent trop souvent les intérêts supérieurs du pays. » Il faut donc en tenir compte si l’on veut mettre en place des institutions nouvelles « afin de préserver le crédit des lois, la cohésion des gouvernements, l’efficience des administrations, le prestige et l’autorité de l’Etat. »
« Tous les principes et toutes les expériences exigent que les pouvoirs publics : législatif, exécutif, judiciaire, soient nettement séparés et fortement équilibrés, et qu’au-dessus des contingences politiques soit établi un arbitrage national qui fasse valoir la continuité au milieu des combinaisons. »
Après avoir dessiné les grands traits de ce qui devait devenir (12 ans plus tard) la Constitution de la Vème République, le général disait, ce qui est toujours valable :
« Prenons le siècle comme il est. Nous avons à mener à bien (…) une rénovation profonde qui conduise chaque homme et chaque femme de chez nous à plus d’aisance, de sécurité, de joie, et qui nous fasse plus nombreux, plus puissants, plus fraternels. Nous avons à conserver la liberté sauvée avec tant et tant de peines.
« Nous avons à assurer le destin de la France au milieu de tous les obstacles qui se dressent sur sa route et sur celle de la paix. »
Ces consignes sont encore de mise aujourd’hui. Ce qui nous menace ce ne sont plus les divisions blindées d’Hitler, mais ce sont les volontés hégémoniques
Des Etats-Unis sur l’ensemble du monde, à commencer par le soi-disant « monde occidental ».
De l’Allemagne sur l’Europe, où elle ne voit qu’un marché pour sa propre industrie et même son agriculture (au détriment de la nôtre, qui dispose pourtant d’atouts bien supérieurs).
D’Israël sur la zone du Moyen-Orient, complètement déstabilisée par son implantation arrogante au mépris de tous les droits des occupants précédents.
Contre tout cela il faut que les Français soient unis dans la défense :
De leurs frontières, menacées par le développement sournois de « régions frontalières » autorisées à traiter directement avec l’ « Union européenne », et par les déréglementations douanières toujours plus poussées, au profit « in fine » de la finance anglo-saxonne.
De leur langue, bien commun, incomparable facteur d’unité, et objet pour cela même d’attaques frontales venant bien sûr de l’ « empire » américano-mondialiste mais avec l’aide de traîtres de nos propres « élites » (intellectuelles et/ou administratives).
De leurs services publics, honteusement « privatisés » à tour de bras par ceux-là mêmes qui devraient veiller à leur bon fonctionnement dans l’intérêt général.
Il faut être vigilant dans tous les domaines, car tout est bon à l’ « ennemi » pour nous affaiblir :
Utilisation de « Greenpeace », « Amnesty international » et autres ONG se comportant en « maîtres de morale » mais surtout soucieux de nuire à nos intérêts industriels et militaires en matière nucléaire,
Inféodation à l’OTAN au mépris du plus élémentaire bon sens en matière de souveraineté et de liberté d’action militaire, aboutissant à notre émasculation dans ces domaines,
Judiciarisation galopante en tous domaines, via Conseil de l’Europe, institutions « européennes », ONU, au bénéfice final de la finance apatride,
Institutions « européennes », déjà citées, qui devraient être à notre service pour veiller à ce que l’application des traités soit bénéfique pour tous, et qui ne cherchent qu’ à imposer la loi des lobbies, donc « la loi du plus fort », en nous imposant des voies sans issue comme celle de l’Euro et de la BCE.
J’en ai assez dit, je vous souhaite un bon déroulement de vos travaux avec en vue un seul objectif : la grandeur de la France, pour le bien des Français, qui ne peut qu’être bénéfique au monde, comme ce fut toujours le cas dans le passé.
Vive la France !
Michel DEBRAY
78 ans dont 37 ans dans la Marine nationale
Père de famille nombreuse (7 enfants, 33 petits-enfants)
M. Michel DEBRAY a commandé les porte-avions Foch et Clemenceau. Il a présidé la Fondation Charles-de-Gaulle de 1998 à 1999, entre les barons du gaullisme Jean Foyer et Yves Guéna. En 1997, il a participé à la fondation de l’Alliance pour la souveraineté de la France. Il a ensuite été membre du haut conseil du Forum pour la France de Pierre Marie Gallois.