On peut s’étonner du peu ou de l’absence de réaction du monde syndical à ce qui se passe en Grèce avec le succès électoral de Syriza et son accès au pouvoir. Et du silence écrasant de la CES, dans ses petits souliers ! Comme si les travailleurs d’Europe et de France donc n’étaient pas concernés!
En Grèce
Nous sommes grecs quand des hôpitaux flambants neufs n’ouvrent pas parce que le gouvernement de droite aux ordres du FMI, de la Banque centrale et de l’Union européenne refuse d’assumer les frais de fonctionnement et l’embauche du personnel médical.
Nous sommes grecs quand pour le soigner on réclame 12.000 euros à un papy qui vient de faire un AVC … suivi d’un cancer et qui risque de crever parce que « non solvable »
Nous sommes grecs quand l’ancien pouvoir a lancé la privatisation du port du Pyrée et de la compagnie nationale d’électricité.
Nous sommes grecs lorsqu’on coupe le courant à ceux qui ne peuvent plus payer leur taxe d’habitation
En France
Nous sommes grecs lorsque l’on ferme les maternités de proximité
Nous sommes grecs lorsque l’on veut brûler le Code du travail
Nous sommes grecs lorsque l’on privatise et casse la SNCF
Nous sommes grecs lorsque massivement les CDD et les petits-boulots remplacent massivement les CDI
Nous sommes grecs lorsque Hollande et Macron veulent privatiser l’aéroport de Toulouse
Nous sommes grecs lorsque les Conti, les Goodyear, les PSA et beaucoup d’autres sont crucifiés sur l’autel du profit et des dividendes
Nous sommes grecs parce que ce sont les mêmes politiques, les mêmes intérêts qui sont responsables de la crise et qu’ils veulent nous la faire payer au prix fort !
Et parce que ce sont les mêmes arguments qui sont brandis contre nous par les mêmes politiques, les mêmes économistes, la même Union européenne :
Vous avez vécu au dessus de vos moyens
La dette vous devez la payer
Les investissements, l’emploi publics , l’état social doivent reculer pour laisser la place à l’initiative privée
pour être com-pé-ti-tifs il faut laisser faire les chefs d’entreprise, alléger leurs « charges », c’est-à-dire tailler dans les cotisations sociales …et blablabla et blablabla …
Alors oui, sans pour autant penser comme Aleis Tsipras que l’on peut réformer en profondeur l’UE et que l’austérité peut être vaincue dans le cadre de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme, nous sommes grecs aussi lorsque le nouveau pouvoir déclare :
vouloir redonner sa dignité au peuple grec
renégocier la dette
embaucher 300.000 fonctionnaires
remettre le SMIC au niveau qu’il avait avant la crise
les privatisations prévues
prévoit le rétablissement d’une santé gratuite …
prend ses distances publiquement avec la politique belliciste de sanctions prises par l’UE à l’encontre de la Russie
Et nous sommes grecs CONTRE l’Union européenne et ses ukases, lorsque le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, brandit les traités contre le vote du peuple grec et ose dire : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. », révélant ainsi la véritable nature de l’Union : une dictature qui se fout du choix des peuples comme on avait déjà pu le constater à partir de 2005 avec la trahison des NON massif français, irlandais et des Pays-Bas au Traité constitutionnel.
Et nous assurons le peuple grec que l’indigne Michel Sapin ne parle pas au nom du peuple français quand il annonce que la France officielle – c’est-à-dire les Banques – n’abaissera pas d’un euro la prétendue « dette souveraine » du peuple grec.
Un bras de fer est donc engagé !
Le nouveau pouvoir va-t-il rester fidèle à ses engagements?
Et contrairement à un Hollande promettant mensongèrement de renégocier les traités avec Merkel, porter résolument le fer contre l’austérité criminelle?
Ou lui aussi plier devant le chantage exercé contre lui et contre le peuple grec, les spéculateurs et les marchés financiers ayant déjà sorti l’épée du fourreau?
Les premières confrontations indiquent en tout cas que le strict respect du cadre européen, celui des traités existants, de l’appartenance à la zone euro et que donc la dépendance de l’UE sont strictement contradictoires avec une politique indépendante de progrès social et d’une politique résolue en faveur du peuple.
Pour la Grèce, la suite appartient au nouveau pouvoir issu des urnes et au peuple grec mobilisé et qui a clairement manifesté ses choix.
Pour nous, surtout, pas d’ « état de grâce », car nous savons que l’immobilité du peuple permet aux gouvernants tous les revirements : nous ne l’avons que trop vécu en France avec Mitterrand, Jospin, et maintenant Hollande qui avait promis de combattre la finance et qui, à présent, se porte aux avant-postes pour exiger le respect des intérêts des classes dominantes
Car nous n’oublions pas que c’est la social-démocratie associée à la droite qui a porté à la tête de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ex premier ministre du Luxembourg, paradis fiscal permettant aux grandes entreprises de détourner des milliards d’euros de ressources publiques.
Allons, messieurs, un peu de pudeur et respectez le verdict des peuples !
Le Front Syndical de Classe