C’est parti : un prof de philo de l’Académie de Poitiers est suspendu et inculpé par les autorités scolaires et judiciaires. Son « crime », indéfini, est de ne pas avoir suivi silencieusement le consensus et d’avoir fait son métier de philosophe : faire réfléchir les élèves, les appeler à transcender leur émotion par une réflexion partagée. Ce n’est sûrement pas le seul cas de répression et d’intimidation dont le vrai but est d’amener le corps enseignant à s’autocensurer encore davantage ; déjà dans l’Académie de Lille, un professeur de philosophie avait été déplacé pour avoir produit un cours jugés mal-pensants, et d’autres enseignants de cette discipline s’appesantir sur eux la pression d’une administration de plus en plus hostile aux syndicalistes et aux profs quelque peu atypiques…
Rappelons d’abord que la « laïcité » à laquelle les autorités se réfèrent pour traquer le mal-pensant, n’est pas une opinion, mais la liberté d’en avoir une, donc plusieurs.
Rappelons que tous les régimes qui, en France, ont fliqué la philosophie, étaient clairement situés à l’extrême droite du spectre politique.
Rappelons que la « laïcité » est à géométrie extrêmement variable dans notre « école républicaine » : interdire tout signe religieux et tout prosélytisme partisan à l’école ? Chiche ! Mais alors, pourquoi l’Etat français salarie-t-il les curés, les pasteurs et les rabbins qui officient dans les lycées d’Alsace-Moselle ?
Pourquoi la Constitution et la « construction » européennes ont-elles été, et sont-elles encore, méthodiquement promues par l’école officielle qui relaie toutes les campagnes de l’UE et qui arbore à tout propos le drapeau européen sur ces bâtiments (un étendard fort peu laïque : il représente le drap marial et les douze étoiles apostoliques !) ? Pourtant, ce drapeau de plus en plus abhorré des peuples n’a plus d’existence juridique depuis le Non populaire du 29 mai 2005 a refusé la mise en place d’un Etat européen !
Pourquoi le MEDEF pèse-t-il grossièrement sur les cours d’économie et pourquoi certains établissements sont-ils officiellement jumelés avec ce syndicat patronal (et pas avec la CGT que l’on sache !).
Pourquoi l’anticommunisme est-il érigé en doctrine d’Etat dans ces manuels d’histoire où Lénine, mort en 1924, apparaît absurdement et odieusement dans le chapitre sur « les totalitarismes des années 30 » à côté des pires ennemis du communisme, Hitler et Mussolini ?
Sans parler, au niveau étatique, de Manuel Valls, qui représente la France à la cérémonie de canonisation de Jean-Paul II au Vatican ou de Hollande, qui assiste à une cérémonie religieuse kippa sur la tête en bafouant grossièrement l’article II de la loi laïque de 1905, signée Jaurès (entre autres) qui dispose que « la République ne salarie ni ne subventionne aucun culte » ?
La réalité c’est que nos gouvernants qui violent la volonté populaire en brisant les acquis, en bloquant les salaires et en imposant au peuple une « construction » euro-atlantique qu’il rejette (cf les négociations secrètes sur le Marché Transatlantique), dévoient perversement le magnifique élan du peuple pour la liberté d’expression et la laïcité vraie (c’est-à-dire, centralement, pour le rejet catégorique des ingérences religieuses et de toute forme de fanatisme dans la vie politique de la Nation). Le but de l’oligarchie au pouvoir est de nourrir un processus insidieux de fascisation qui, au nom de la liberté, transforme la France en Etat policier, et fait de notre école publique (sans parler de l’école confessionnelle !) un lieu d’inculcation bien-pensante et non plus en espace d’ouverture aux « lumières ».
Et dire que ces gouvernants liberticides qui, quelle que soient leurs étiquettes respectives, ne sont que les proconsuls de la BCE et du FMI, se réclament de Charb, inhumé au son de l’Internationale (chantée en russe !), de Wolinski, ami de Cuba socialiste ou de Bernard Maris – qui venait d’appeler la France à sortir de l’euro par la voie progressiste ! –
Plus que jamais, faisons vivre le droit à l’insolence face aux puissants qui est la véritable identité frondeuse de notre peuple !
Mais au fait, que dit de cette répression pratiquée en son nom l’ « antifasciste » Najat Vallaud-Belcacem ?