Par Madeleine Dupont, Annette Mateu-Casado, Jany Sanfelieu, membres de la commission exécutive nationale du PRCF
Les médias bourgeois « oublient » régulièrement de rappeler que c’est Clara ZETKIN, militante de l’aile gauche de la social-démocratie allemande, puis fondatrice avec Lénine, Jeanne Labourbe et Rosa Luxemburg de l’Internationale Communiste et déléguée du Komintern au congrès fondateur du PCF à Tours, qui a institué le 8 mars comme journée mondiale annuelle de lutte pour l’égalité entre les sexes dans le cadre plus général du combat anticapitaliste et anti-impérialiste.
Cette dialectique du combat pour l’émancipation féminine et pour l’affranchissement de toute l’humanité est plus actuelle que jamais. On ne soulignera jamais assez le rôle de la Révolution d’Octobre 1917, puis de Stalingrad, du Conseil National de la Résistance, de la défaite du fascisme et de la construction du camp socialiste mondial, dans la dynamique générale qui a permis à la condition féminine de progresser comme jamais au 20ème siècle malgré les scandaleuses discriminations qui subsistent et qui, hélas, s’étendent à nouveau de nos jours. A contrario, chacun peut voir combien la contre-révolution dans les ex-pays socialistes a retenti négativement sur les acquis des femmes, et notamment sur ceux des femmes ouvrières, employées et paysannes à l’échelle de la planète. Il suffit de comparer les droits des femmes en Afghanistan à l’époque où le Parti populaire, allié à l’URSS, était au pouvoir (il y avait plus de filles que de garçons à l’Université de Kaboul !) et maintenant, où domine un régime réactionnaire barbare porté à bout de bras par l’Occident « démocratique ». Il est également instructif de comparer la situation des femmes sous la République populaire de Pologne et la grave régression sociale et juridique qu’elles subissent sous l’actuel régime clérical et anticommuniste de Varsovie. Chacun peut ainsi constater que l’alliance entre le combat révolutionnaire et la lutte pour l’émancipation féminine repose sur des fondements objectifs inébranlables… alors qu’à l’inverse, la domination mondiale de l’impérialisme « transatlantique » et de ses complices du Qatar, de l’Arabie saoudite et d’autres régimes moyenâgeux reposant sur le patriarcat féodal et sur l’intégrisme religieux s’accompagne de la casse des acquis sociaux, du démontage des souverainetés nationales et d’une régression généralisée des acquis féminins, en particulier pour les femmes travailleuses, pour les jeunes mères et pour leurs enfants et pour les femmes âgées souvent vouées à l’extrême pauvreté et au manque total de soins médicaux.
En Europe, la destruction du socialisme et la mise en place de l’Europe contre-révolutionnaire et impérialiste de Maastricht a eu aussi de graves conséquences pour les femmes des classes populaires et « moyennes ». Non seulement le travail de nuit des ouvrières a été autorisé à nouveau par l’UE maastrichtienne et par le gouvernement Jospin-Aubry, mais les attaques contre l’emploi industriel, contre les retraites, contre la Sécu, contre les salaires, contre les services publics, contre l’Education nationale et la fonction publique, contre l’emploi stable, contre le logement social, percutent en priorité les femmes. Celles-ci sont les premières victimes du chômage, de la précarité, de l’insécurité, de l’austérité salariale, des bas salaires, du harcèlement moral au travail, de la remise en cause du repos dominical, de la dégradation des conditions de vie et d’éducation des enfants, et des mille autres problèmes « invisibles » de la vie quotidienne en régime capitaliste. De ces problèmes, la prétendue « presse féminine » liée au capital ne parle jamais. Sous un masque pseudo-féministe, les « Elle », les « Cosmopolitan » « marie-claire » et autre « grazia » se comportent en fer de lance de l’aliénation capitaliste, en pionnières de l’américanisation de notre langue et de notre culture, en force de frappe de la grande consommation capitaliste, du retour en force de la femme-objet et en fidèle relais de toutes les campagnes impérialistes pseudo-humanitaires en Afrique et au Proche-Orient.
C’est pourquoi le PRCF appelle à utiliser le 8 mars pour engager la discussion avec les ouvrières, les chômeuses, les employées de commerce, les soignantes, les enseignantes, les étudiantes, les retraitées gravement appauvries, pour les inviter à lutter aux côtés des communistes et des syndicalistes de classe pour le changement de société. Il s’agit aussi de défendre la loi laïque de séparation de l’Etat et des Eglises qui est actuellement très menacée par l’UE et par le gouvernement français ; en effet, les adversaires de la laïcité institutionnelles prétendent de plus en plus s’appuyer sur l’encadrement religieux des classes populaires et moyenne, et le retour en force du cléricalisme menace tout spécialement les femmes. Ni stigmatisation raciste des travailleurs et des travailleuses de tradition musulmane, ni soutien d’Etat anticonstitutionnel à l’encadrement religieux de la population d’origine immigrée, des moyens pour les services publics et pour une Education nationale démocratique et de qualité pour tous et pour toutes !
En particulier, le PRCF appelle les femmes travailleuses, les étudiantes, les chômeuses et les retraitées à s’engager dans la manifestation nationale unitaire du 30 mai 2015 qui appellera le peuple français à sortir de la funeste zone euro et de l’UE atlantique dans la perspective d’une rupture révolutionnaire avec le régime capitaliste de plus en plus mortifère, fascisant, belliqueux et inégalitaire.
8 mars 1921, la journée internationnale des femmes, une initiative soviétique
La date du 8 mars est retenue par Lénine qui décrète la Journée internationale des femmes le 8 mars 1921, en honneur aux femmes qui manifestèrent les premières le 8 mars 1917 à Petrograd, lors du déclenchement de la révolution russe.
La lutte pour l’émancipation des femmes s’inscrit bien entendu dans la lutte pour l’émancipation humaine. Il reste que cette lutte a ses spécificités, qu’elle est menée d’abord par les femmes.
L’histoire montre que les hommes, même progressistes, ont dû être fortement bousculés par les femmes en lutte pour dépasser leurs préjugés. Y compris au sein de la classe révolutionnaire, y compris dans les organisations révolutionnaires. Et cette lutte continue.
Partout les femmes en lutte sont doublement la cible des forces réactionnaires, cléricales ou fascistes : comme femmes et comme militantes de l’émancipation ouvrière et humaine.
« Prolétaire du prolétaire », selon la belle formule de Marx, la femme prolétaire est doublement exploitée par le capitalisme et par le machisme.
Cantonnées à des rôles subalternes sous prétexte d’une « féminité » a-historique, condamnées à être procréatrices pour certains (comme si Rosa Luxembourg avait besoin de faire des enfants pour être ce qu’elle fut !), enfermées dans des stéréotypes justifiant la domination capitaliste et masculine, les femmes, toutes les femmes, luttent partout dans le monde contre la double exploitation.
Au rythme où la répartition des tâches ménagères évolue depuis 60 ans, il faudrait 900 ans pour parvenir à l’égalité…
Et que dire des salaires, toujours inégaux à qualification égale, de la précarité, qui frappe surtout les femmes comme du harcèlement, de la violence, des différents modes d’enfermement des femmes, visibles ou pas ?
Et que dire devant l’obscurantisme des cléricaux-réactionnaires à l’égard du droit inconditionnel à l’avortement ou de l’homophobie à l’égard des lesbiennes ?
Il n’y a pas que les nazis pour vouer les femmes aux « 3K » : Kinder, Küche und Kirche (« enfants, cuisine et église »).
Bref un long, très long chemin reste à faire pour l’émancipation des femmes. Que ce 8 mars ne soit pas une célébration de plus mais que, comme nous l’a montré Lénine, nous comprenions bien, femmes et hommes, combien ce combat est central.
Honorons ces femmes qui chaque jour dans les usines de Colombie ou du Bangladesh, de France ou d’Ukraine, luttent pour la libération de l’humanité.
AM
8 mars 2014