« FLOWER » PELLERIN, c’est pas « TOUBON »! par Gaston Pellet, de l’association COURRIEL
La France « n’aurait plus peur des mots étrangers » !
Formule ambiguë inspirée d’une dépêche de l’AFP et de propos tenus par Mme la ministre Fleur Pellerin. C’est ce qui s’appelle en langage imagé « noyer le poisson ». Il faut, en effet, lire « La France n’a plus peur des mots anglais ». Mme Pellerin lance de bien curieuse façon la Semaine de la langue française. Serait-ce en réalité la Semaine (de l’assassinat ) de la notre langue ? Mme Pellerin ne voit en la Loi Toubon de 1994 (qui édicte des règles pour protéger le français contre le déferlement du tout-anglais) qu’une « loi controversée ».
Quel mépris pour une ministre de la République, mépris de la loi, mépris de la Constitution et, pour tout dire, mépris de l’Etat de droit. C’est ainsi que ceux qui se présentent comme les garants de la démocratie, détricotent chaque jour la République et pas seulement sur le plan linguistique. Ils applaudissent aux emprunts qui, jadis, venaient d’ « en bas », en camouflant les substitutions imposées par les multinationales en prémices du Grand Marché Transatlantique en gestation.
Mais si, Mme Pellerin, le français est en grave danger. Résister, défendre notre langue, ce n’est pas se battre contre des moulins à vent. Nous n’en sommes plus seulement au « franglais » raillé naguère par Etiemble, ni à la surdose des emprunts lexicaux à l’anglais : c’est désormais de substitution pure et simple qu’il s’agit (par ex. la « Fashion Week », « My TF1 », « The Voice » ou les « Kris Days ») alors que la recherche scientifique bascule à l’anglais et que de plus en plus de Grandes Ecoles et d’Universités privilégient l’enseignement en anglais sous les quasi-encouragements de l’ex-ministre Fioraso lorsqu’elle était aux affaires.
Au-delà de l’air du temps, il faut mettre en cause le capitalisme euro-mondialisé et ses relais hexagonaux, ceux que Michel Serres appelle les « collabos de la pub et du fric » qui osent présenter le basculement au tout-globish et la relégation engagée du français, comme une « ouverture à la modernité » comme l’est, sans nul doute, la substitution de l’ultralibéralisme du XIXème siècle aux acquis et aux conquêtes sociales et démocratiques de 1936 et 1945.
Ce ne sont pas là des fantasmes, hélas : déjà en 2006 l’Union des industries de la Communauté européenne (UNICE, aujourd’hui Businesseurope), promouvait à son de trompes cette politique de substitution et d’arrachage linguistiques en déclarant, par la bouche de son nouveau présidentd’alors – le Baron Seillière – que l’anglais serait désormais « la langue des affaires et de l’entreprise » dans toute l’U.E. Quant au président de l’Allemagne fédérale, n’a-t-il pas osé conseiller aux citoyens européens de basculer au tout-anglais dans l’usage public, pour réserver les langues nationales, ces patois si « poétiques », à l’usage domestique ?
Si l’on ne veut pas que le français devienne une langue secondaire en France, si ce n’est un patois stigmatisant réservé à la « France d’en bas », si l’on veut préserver les promesses d’une Francophonie internationale rénovée et fraternelle, il faut engager partout la résistance linguistique en la liant aux autres résistances civiques et sociales. A défaut d’engagement des Confédérations syndicales et des partis politiques en vue, la résistance peut, pour commencer, être personnelle. Chacun peut réagir individuellement en suscitant par son attitude linguistiquement rebelle, la résistance collective qui monte.
Pour visiter le site de COURRIEL et prendre connaissance du manifeste progressiste pour la défense de le la langue française, site http://defenselanguefrancaise.org/,