MESSAGE DE SOUTIEN DE LA COMMISSION LUTTES DU PRCF AUX TRAVAILLEURS DE RADIO-FRANCE EN GREVE
Communiqué du 22 mars 2015
Les travailleurs du service public de l’audiovisuel, ouvriers, employés, techniciens, musiciens du prestigieux orchestre de RF, etc., sont en grève illimitée contre les coupes claires dans le budget de Radio-France, avec toutes les effets qu’on imagine sur l’emploi, la précarité, les salaires, la qualité du service public… et la montée en puissance des radios privées au service non déguisé de l’abrutissement capitaliste des masses.
Les personnels ont raison de mettre en cause le PDG nommé par Hollande, Matthieu Gallet. Non seulement ce personnage ignore ce qu’est un service public (comme d’ailleurs ses homologues d’Air-France, d’EDF, de la SNCF, de la Poste, etc.), non seulement il engage d’indécentes dépenses somptuaires au détriment de l’outil de travail, mais il n’est pas moins chasseur de sorcières que son prédécesseur sarkozyste, le regrettable Philippe Val (on pense à cette phrase, aussi peu respectueuse des journalistes que de la langue française quand Gallet a été interrogé sur l’éviction du dérangeant Daniel Mermet : « that’si life ! »).
Le PRCF et sa commission luttes soutiennent donc pleinement cette grève. Il invite les travailleurs en lutte à prendre la mesure de la nocivité de l’U.E. et de son maudit euro, dont les gouvernements maastrichtiens successifs mettent en œuvre les plans d’austérité, de privatisation et de casse sociale. Il est impossible de battre l’austérité « hollandienne » et de fédérer les travailleurs en lutte dans le pays si l’on ne met pas AUSSI en cause l’Europe supranationale du grand capital qui orchestre les politiques de destruction du secteur public à l’échelle de tout le continent, ainsi que le Pacte transatlantique, dont l’entrée en vigueur signera la mort de ce qui subsiste du secteur public français.
Par ailleurs, et tout en défendant le service public dans son principe, le PRCF ne cache pas ses critiques sur les orientations politico-idéologiques de France-Inter et de France-Culture, sans parler du « Mouv’ », tout entier dédié à la destruction de la langue et de la chanson françaises : européisme débridé, soutien constant aux aventures de l’impérialisme français et de l’OTAN en Afrique, en Ukraine, en Libye ou en Syrie, émissions titrées en américain au mépris de la loi (« alive », « com on ! »…), exclusion totale sur l’antenne des forces communistes et progressistes qui combattent frontalement l’UE, les journalistes en vue de France-Inter et de France-Culture sont fort loin d’être au service du pluralisme démocratique, même si ces stations offrent beaucoup d’émissions de qualité qui valent d’être défendues.
Alors que l’étau de l’UM’ Pen fascisant et du Parti Maastrichtien Unique formé du PS et de l’UMP se resserre sur le pays, le PRCF appelle à soutenir les grévistes de l’audiovisuel et tous ceux qui, en ce moment, reconstruisent l’espoir en tenant le terrain des luttes de classe et de la résistance aux politiques euro-libérales du capital et de son gouvernement « socialiste » de combat.
- Georges Gastaud – Secrétaire national du PRCF
- Jo Hernandez – Secrétaire de la commission luttes du PRCF
Reportage par « Là Bas si j’y suis » LE PRÉSIDENT REPART SOUS LES SIFFLETS
Écoutez l’intégrale de l’ Assemblée Générale du vendredi 20 mars à Radio France en grève illimitée. C’est un document unique, transmis par nos confrères. Nous vous le présentons sans aucun montage. C’est un affrontement total entre l’âme profonde de cette maison et la médiocre stratégie d’une technocratie hors-sol. Les auditeurs demandent souvent des explications lors des grèves. Cette fois, des journalistes ont donné des informations sur les antennes et les nouvelles de la lutte circulent sur le net. Au-delà d’une défense des emplois c’est la mission d’éducation populaire d’un grand service public qui est menacée. Il est urgent que les auditeurs comprennent et soutiennent cette lutte. Une lutte contre l’insignifiance. Écoutez ce document, prenez le temps d’écouter la différence.
pour écouter : cliquer ici
Dans le studio 104 refait à neuf, ils sont 600 gonflés à bloc, tous métiers confondus, en grève illimitée. Motif ? Cinquante millions de budget en moins dont ils vont faire les frais. Un plan de licenciement de 300 emplois est déjà dans les tuyaux selon les syndicats. Il aurait été demandé à divers petits chefs de fournir discrètement des listes d’employés superflus et tout ça alors même que le chantier de reconstruction de la maison lancé depuis plus de dix ans pour 176 millions d’euros dépasse les 584 millions aujourd’hui. Un gâchis pharaonique dont nul ne peut dire le terme.
À cela s’ajoute une bombe qui éclate à la veille de la grève. Le Canard enchaîné révèle que le PDG a fait refaire son bureau pour une petite facture de 105 000 euros alors que le bureau avait été refait à neuf il y a moins de deux ans. Le scandale se répand. Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) se dit « abasourdi, choqué, consterné ». Le président se justifie sans convaincre. Il n’est pourtant pas le premier à faire la confusion entre « servir le service public » et « SE servir du service public ».
Au nom des restrictions budgétaires, l’ONF (Orchestre National de France) est menacé. Le concert du 19 mars est annulé par la direction. Les musiciens décident de jouer tout de même dans le hall. Mais sous prétexte de sécurité, le public est maintenu à l’extérieur. Ainsi dans ce haut lieu destiné à partager la connaissance et la musique on a pu voir des musiciens jouant dans un hall coupé du public maintenu derrière les vitres. Des images d’anthologie.
Mais ce n’est pas fini. Libération révèle (le 20 mars) que lors de son arrivée Monsieur Mathieu Gallet a imposé de faire embaucher celui qui était son chauffeur lorsqu’il était président de l’INA, alors que trois chauffeurs sont déjà en permanence à la disposition du Président de Radio France. De plus, il a demandé que soient refaits les fauteuils en cuir de sa voiture officielle dont la couleur beige n’était pas de son goût. Le coût étant jugé trop élevé, une nouvelle voiture de luxe lui a été fournie. Pour lui tout cela n’est que calomnie. Le gouvernement cependant réagit, une enquête est ouverte par l’Inspection générale des finances (IGF) sur les dépenses de la direction de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Selon Philippe Ballet (UNSA), « il y a désormais un problème de légitimité du président. »
Au terme de l’AG, la grève est reconduite. L’Intersyndicale publie le communiqué suivant :
Pendant une heure et demie, les salarié-es grévistes de Radio France réuni-es en Assemblée Générale ont posé des questions très précises à leur PDG Mathieu Gallet : sur l’emploi, les comptes de la maison, l’opportunité des travaux de son bureau en période de restrictions budgétaires, le contenu de la radio de demain.
Les salarié-es ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse !Ils ont pu mesurer le fossé qui les sépare :
- d’un côté un discours désincarné, technocratique, d’un président qui se réfugie en permanence derrière sa tutelle.
- de l’autre, des salarié-es viscéralement attaché-es à leurs métiers, à leurs missions de service public, qui refusent d’être sacrifié-es pour payer des travaux monumentaux, satisfaire les envies de décoration intérieure du PDG et financer la reconversion de la Maison de la radio en galerie marchande.
Résultat de ce face-à-face : une crise de confiance vis-à-vis du PDG, et surtout vis-à-vis de ses choix stratégiques pour l’avenir.
L’intersyndicale
Le 20 mars 2015