Le rôle des bases militaires en Espagne
La Base Aérienne de Torrejón (Madrid) a cessé d’être utilisée par la force aérienne des États-Unis il y a plusieurs années (dès 1991); depuis lors, elle accomplissait son rôle comme l’un des centres principaux d’opérations de la défense aérienne nationale.
Cependant, dans la dernière distribution de centres de commandement et installations de l’OTAN d’environ il y a trois ans (1 janvier 2013), elle a été destinée à loger l’un de deux Centres uniques des Opérations Aériennes Combinées (CAOC, dans ses sigles en anglais) qui se maintiennent aujourd’hui en Europe. Cela veut dire que, en plus de la défense aérienne nationale, toutes les opérations aériennes que l’OTAN pourrait entreprendre au sud de l’Europe, à l’intérieur du propre territoire européen, seraient contrôlées depuis ces installations.
Pour compléter le panorama, au sommet de Cardiff de 2014 on déclare l’OTAN comme acteur planétaire avec capacité d’intervenir dans n’importe quel point du globe. Comme conséquence, le CAOC de Torrejón acquiert une nouvelle dimension, non déjà centrée sur la seule défense aérienne du territoire européen, mais comme nœud essentiel dans la conduction des opérations aériennes de n’importe quelle intervention extérieure, rôle dans lequel la base de Torrejón peut alterner avec le CAOC d’Uedem (Allemagne), soit depuis ses propres installations, soit avec des équipes déroulantes. Et cela, même si l’opération n’est pas entreprise directement par l’OTAN, mais uniquement par quelqu’un de ses partenaires, comme il est arrivé dans le cas de la Libye.
Cela fera de Torrejón un agent actif des interventions militaires que l’OTAN ou quelques-uns de ses partenaires entreprends, en impliquant l’État Espagnol comme complice de l’agression sans compter pour rien sur l’approbation de son peuple.
Encore plus, cela change Torrejón, où l’on est en train de construire un bunker inexpugnable pour loger les équipements et le personnel du CAOC, en l’une des principales cibles dans une éventuelle escalade qui pouvait dégénérer en confrontation nucléaire.
Á cela s’ajouterait la mise à disposition de l’OTAN des autres unités des forces armées Espagnoles comme plateformes du commandement dans des opérations à l’extérieur : le Quartier Général Maritime d’Haute Disponibilité, à bord du bateau « Castilla« , et le Quartier Général Terrestre d’Haute Disponibilité de Bétera (Valence).
Ce dernier, en plus, associé à une unité militaire de la dimension d’une brigade (environ 5.000 combattants), dont ses deux troisièmes parties de composition espagnole, prête à se déployer dans 48 heures à n’importe quelle partie du globe et capable de résister jusqu’à un mois à l’attente d’unités de renfort. Ce qui la convertit en pointe de lance d’une intervention éventuelle expéditionnaire. C’est comme ça qu’il restera consacré après les grandes manœuvres prévues au sud de la péninsule ibérique pour l’automne prochain, dans lesquelles le concept de Force Combinée de Très Haute Disponibilité restera déclarée opérationnel et ce contingent disponible à son emploi pendant toute l’année 2016.
Pour finir, il faut remarquer l’existence dans le sol espagnol de deux bases cédées aux États-Unis pour le stationnement de deux pièces de valeur stratégique de premier ordre: les quatre destructeurs basés sur Rota (Cadix), qui sont des éléments essentiels du bouclier antimissile et avec capacité d’action dans toute la Méditerranée et l’Afrique Occidental; et la Force de Tâche de Réponse de Crise dans Morón (Seville), une unité de marine avec la capacité de déployer dans un délai de 9 heures un contingent d’environ 3.000 combattants au cœur de l’Afrique, du Proche Orient ou de la Méditerranée orientale, comme tête de pont pour une intervention à une plus grande échelle.
Cela place l’État Espagnol, à nouveau, comme complice des interventions impérialistes qu’éventuellement les États-Unis pourraient entreprendre dans notre environnement, déchaînées sous l’ordre direct de son Président sans l’embarras que supposent les compliqués processus de décision à l’intérieur de l’OTAN.
En définitive, le tableau synthétise la disponibilité de l’État Espagnol pour son intervention en campagnes d’agression extérieure, soit en apportant des troupes de combat, avec sa participation avec les moyens de commandement, de contrôle et de communications partagés avec l’OTAN, soit en aidant les EEUU dans ses actions offensantes depuis les bases installées dans notre territoire. Tout cela nous fera complices de ces agressions, si non des agents principaux. Cela fait monter le risque de représailles sur notre territoire, avec des conséquences catastrophiques dans le cas de conflit nucléaire.
NOUS SOMMES EN GUERRE ce n’est pas un slogan, c’est un diagnostic et il ne faut pas espérer que les institutions sous le domaine de l’empire arrêtent cette barbarie ; ça serait faire confiance pour sa solution à ceux qui créent le problème.
Encore une fois, seulement la résistance de la classe ouvrière et le mouvement populaire peut faire face à ce défi; la conscience et la mobilisation en sont les clés.
Contre la domination du monde par la force
Contre l’escalade de guerre
Contre l’implication de l’État Espagnol dans ces guerres
Contre l’OTAN et ses BASES
Plateforme contre les Guerres