Le congrès de fusion des groupes URCF et « Communistes » (le groupe créé par Rolande Perlican) a donc eu lieu le 20 juin. Deux faits retiennent l’attention.
La confusion semble être une volonté politique délibérée du groupe issu de cette fusion qui a choisi un sigle plagiant celui du PRCF ; cela est manifeste quand on prend connaissance des documents envoyés par ces groupes à l’étranger où ils se désignent comme P.R.C. (France), ce qui donne carrément PRCF si l’usage élimine cette inquiétante mise entre parenthèses de la référence nationale à la France.
Aujourd’hui sur la page internet du groupe « Communistes » – pour qui arrive à y lire quelque chose à défaut de trouver la moindre information sur celui de l’Urcf – il n’est fait mention que de P.R.C. (« parti des révolutionnaires COMMUNISTES »). En adoptant ce sigle, il semble que ce nouveau groupe poursuive deux objectifs: semer la pagaille et, profitant de cette confusion sur le sigle, essayer d’affaiblir le PRCF internationalement et nationalement tout en tentant de profiter du sigle du PRCF déjà assez largement connu des militants communistes, ouvriers et progressistes de notre pays.
Cette volonté destructive et la nuisance de ce groupe ne peuvent être totalement négligées même s’il ne faut pas que la grenouille soit prise pour un bœuf. En tous les cas et cela doit être clair, le PRCF ripostera sur tous les terrains aux tentatives de contrefaçon : il serait tout de même insensé que, préférant la contrefaçon à l’engagement franchement communiste et à la lutte des idées, des personnes se réclamant du communisme ne soient pas capables, à défaut d’accepter la main tendue d’autrui pour combattre ensemble l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme, de respecter le nom d’une organisation communiste.
Le deuxième fait frappant est l’absence de toute référence nationale dans l’appellation du nouveau groupe ; à moins qu’elle ne réapparaisse ici et là pour produire carrément le sigle PRC(F), la référence à la France a disparu ou est mise entre parenthèses, comme c’est l’usage de toutes les organisations trotskistes, LO, NPA, etc. qui croient « internationaliste » d’escamoter toute référence au pays où ils militent… Que ce soit par le « F » de S.F.I.C. (Section Française de l’Internationale Communiste) ou par celui du P.C.F., les communistes français ont toujours fait référence à la nation dans leur appellation officielle et c’était d’ailleurs le cas de toutes les formations nationales adhérant à l’ I.C. – Alors que les fascistes contestaient le patriotisme communiste (« communistes pas français »), le P.C.F. avait choisi de s’appeler parti communiste français. Souhaitant à la fois faire référence à la France, ce pays que Jean Ferrat sut si bien chanter sur des bases de classe dans « Ma France », mais voulant montrer qu’il est clairement ouvert aux travailleurs immigrés vivant ici, le P.R.C.F. préfère pour sa part s’intituler Pôle de Renaissance Communiste en France et cela ne l’empêche nullement d’avoir d’excellentes relations avec près de 100 organisations et partis communistes à l’étranger.
Anticipant le résultat de la politique fédéraliste mise en place par l’ U.E. et par le MEDEF (cf le Manifeste « Besoin d’aire »), qui est de dissoudre les nations pour faire advenir l’Empire européen piloté par l’Axe Washington-Berlin, le groupe fusionné le 20 juin semble comme suspendu dans l’Éther à moins qu’il ne soit anesthésié par lui…A moins que la volonté de semer la confusion ait feint de reculer devant la reprise pure et simple de notre sigle bien connu et dûment enregistré !
Mais nous y voyons plus que la sous-estimation du fait national, nous y voyons sa négation, un phénomène typique du gauchisme: le nihilisme national. Gramsci a conduit la lutte contre Bordiga qui n’a jamais compris l’importance de la question nationale ni la différence entre les différents types de domination bourgeoise. Face au fascisme, Gramsci proclamait que la tâche des communistes serait de sauver la nation italienne. Au 7ème congrès de l’Internationale communiste, tenu en août 1935, Georges Dimitrov polémiquera contre le « nihilisme national » et appellera les communistes du monde entier, à l’exemple de la section française (S.F.I.C.), à défendre leurs pays respectifs sur des bases de classe, en prenant la tête de larges fronts populaires antifascistes et patriotiques. Déjà, le 14 juillet 1935, par la voix de Jacques Duclos entonnant tour à tour la Marseillaise et l’Internationale au premier meeting du Front populaire, le P.C.F. des Thorez, Cachin, Frachon, avait réconcilié le drapeau tricolore et le drapeau rouge
: à l’époque, les communistes de France savaient encore disputer la nation, « c’est-à-dire le peuple (Politzer) », aux fascistes et aux tenants de l’Europe allemande et à l’oligarchie « française » qui faisait alors « le choix de la défaite ». Le parti communiste, le Parti des Fusillés devenait en 1945 à la fois le premier parti dans la classe ouvrière et le premier parti de France. Rien de commun avec les dirigeants de l’actuel P.C.F.-P.G.E. qui se promènent dans les manifs avec, à la boutonnière, l’écusson européen bleu-marial frappé des étoiles !
Car la reconstitution d’un vrai parti communiste en France ne résultera pas de l’auto-proclamation de deux ou trois quarterons de militants, si « marxistes-léninistes » que se disent leurs dirigeants, surtout quand l’un des deux groupes fusionnés est connu pour ignorer superbement toutes les autres formations franchement communistes du pays*.
En réalité, un Parti communiste digne de ce nom ne s’autoproclame pas : il se construit comme l’avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière d’un pays donné. Pour mériter ce nom comme l’a mérité jadis le Parti fondé au Congrès de Tours dans la foulée des mutineries de la Mer noire, de l’intense campagne nationale pour l’adhésion au Komintern et des grandes grèves cheminotes, il faut obtenir la reconnaissance des militants de la classe ouvrière de France, de la majorité des communistes politiquement actifs dans notre pays et de l’ensemble des forces marxistes-léninistes qui participent du Mouvement communiste international. Et cette reconnaissance fondée sur des actes se gagne dans l’action permanente pour produire des analyses marxistes-léninistes de la situation politique, pour unir les communistes dans l’action pour les quatre sorties (euro, UE, OTAN, capitalisme), pour fédérer les internationalistes dans les luttes anti-impérialistes, pour rassembler – et non pour diviser – le front des syndicalistes de lutte, pour fédérer les patriotes républicains qui refusent à la fois la désintégration maastrichtienne de la nation et la fascisation de la vie politique dans tous ses aspects.
C’est pourquoi les militants communistes du PRCF, qui agissent réellement pour construire collectivement un solide parti communiste intégrant tous les communistes du pays, mais qui ne se prennent nullement pour « LE » parti, continueront leur travail pour l’unité d’action des communistes comme ce fut le cas par exemple le 30 mai à Paris lors du meeting des Assises du communisme pour les 4 sorties, une manifestation où certains « révolutionnaires COMMUNISTES » brillaient par leur absence.
*Les mêmes « durs de durs » ont été jusqu’à présenter des listes aux européennes, totalement invisibles d’ailleurs ; après le 29 mai 2005 et son viol par Hollande et Sarkozy, cela ne revenait-il pas à légitimer dans son principe le « parlement » européen supranational au nom d’une démarche électoraliste qui a abouti à un résultat de 0.009%…