POUR EN FINIR AVEC L’AUTOPHOBIE FRANCOPHONE
L’article publié par Agoravox pour attaquer la francophonie est une triste provocation et une petite saleté: il existe aujourd’hui des gens, membres de l’élite euro-anglo-bobo-formatée qui se donnent des airs « modernes » et « anti-impérialistes » pour attaquer sans relâche leur propre pays; ces gens prennent même de vagues postures « de gauche » et « anticolonialistes », alors que leur but réel est d’accompagner le démontage de notre pays (de sa maudite « exception française », avec ses acquis sociaux de 36 et 45, sa Sécu, ses services publics, ses retraites par répartition, ses traditions « rouges » de grève et de lutte des classe, son héritage laïque. Au centre de ce grand chantier de démolition, que le MEDEF, Sarkozy et l’Europe ont baptisé la « rupture », il y a la casse de notre langue. Pas seulement à l’étranger, puisque Claude Hagège nous apprend que les multinationales « françaises » s’adressent en anglais aux pays francophones d’Afrique, mais sur le territoire national.
Car tous les jours le grand patronat met le paquet pour nous basculer au tout-anglais) manant de ces gens qui font de l’impérialisme à l’envers. Ces tristes sires font en réalité du nationalisme à l’envers à un moment où c’est si facile: Sarkozy n’a-t-il pas entrepris d’en finir avec ce qui reste de l’indépendance nationale de notre pays en ralliant l’OTAN à 110%, en adoptant la constitution européenne bis (contournement parlementaire du 29 mai 2005), en « démantelant les acquis du Conseil national de la résistance », comme l’en félicitait odieusement le grand patron Kessler dans l’édito de « Challenges » (et vive la francophonie patronale!) en novembre 2007!
De quel beau courage intellectuel ne font pas preuve nos élites euro-formatées, pitoyables héritières autophobes de celles qui criaient « à Berlin! » en 1914 et « Algérie française » en 56! Les voilà maintenant qui ont décidé de liquider la France pour en faire un simple site bancaire, touristico-désindustrialisé pour les « majors » du CAC 40!
Bien entendu, *ces dites élites*, qui haïssent à la fois les manifestants ouvriers en bleu et les « intellos » (voir les discours populistes et jargonnants d’un personnage qu’on ne peut plus critiquer durement sans risquer le « délit d’outrage »), mais qui bien entendu encensent les PDG et leurs « boards » si valeureux qui nous ont foutus dans la m…, *ne sont pas antinationalistes*: ils sont devenus* nationalistes de l’Europe impériale et anglophoniste*.
Ils font mine de défendre le basque ou le breton, que leurs pères bourgeois ont persécutés, mais c’est la casse de leur propre langue, devenue entre-temps celle de tout le peuple français (le Discours de la méthode, la Déclaration des droits de l’homme, le programme du CNR ne sont pas écrits en globish!) qu’ils ont en vue au moment où l’Europe veut officialiser l’anglais et où le MEDEF européen, par l’intermédiaire du grand patriote Seillières (dont les ancêtres lorrains du comité des Forges disaient déjà en 36 « plutôt redevenir allemands que de rester dans une France bolchevisée ») déclare froidement qu’il promouvra par tous les moyens « l’anglais, langue des affaires et de l’entreprise ».
Après quoi des syndicats de salariés à Alcatel, Air France, etc. doivent passer à l’action pour que des francophones disposent du droit élémentaire de travailler en français sur leur propre sol!
Après quoi, les salariés de Clairois apprennent leur licenciement EN ANGLAIS de la bouche des dirigeants allemands, comble du mépris patronal pour la CLASSE OUVRIERE que notre provocateur « anti-francophoniste » fasse semblant de défendre alors que les travailleurs seront les premières victimes de l’exclusion linguistique si notre pays bascule au tout anglais.
Après quoi, les wallons qui sont actuellement persécutés sur des bases linguistiques par les fascistes du Vlaams Blok, pourront toujours se consoler en apprenant l’anglais: bel anti-impérialisme en vérité!
Militant communiste, j’ai toujours pour ma part combattu le colonialisme, français ou autre, et par ex. je suis à 200% avec le LKP « kont la pwofitation ». N’oubliant donc pas que le tigre de l’impérialisme US n’est pas moins dangereux que le chat sauvage « béké », je combats *donc aussi* la colonisation du monde entier et de mon propre pays par une langue unique, l’anglais, en effet, de Bill Gates (et non de Shelley ou de London) car derrière la langue unique, la pensée unique néolibérale et euroformatée.
Natif du Sud-est, j’ai déjà vu mourir la langue de mes grands-parents, le nissard et j’en ai souffert. Fils du peuple, j’ai souffert qu’on se moque parfois, en fac, de mes « régionalismes » italianisants. Amateur de la langue verte, de Rabelais à Pierre Perret en passant par Renaud, je n’oppose pas plus que Malherbe la magnifique langue de Racine à celle des « crocheteurs des Halles ». Je combats et combattrai l’impérialisme français, qui aujourd’hui détruit la nation comme il la dévoyait hier pour mener ses guerres de rapine.
Mais je ne confonds pas l’impérialisme français avec la nation de Valmy, des FTP, d’Henri Alleg (la Question) car je suis progressiste, républicain et communiste, DONC patriote ET internationaliste.
Plus que jamais le peuple de France doit se réapproprier le combat pour sa langue, quitte à la transformer et à l’arracher à un certain académisme qui sert surtout d’épouvantail commode aux anti-francophonistes, ainsi que le combat pour sa nation en se souvenant du mot de Jaurès, assassiné pour sa défense de la paix contre l’impérialisme français: « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène ».
Georges Gastaud, auteur de la LETTRE OUVERTE AUX BONS FRANCAIS QUI ASSASSINENT LA FRANCE, initiateur avec le député communiste Georges Hage du « Manifeste progressiste pour la défense de la langue française« .