Le ministre ukrainien de la culture a demandé au ministre de l’intérieur et au service de sécurité de l’Ukraine (SBU) d‘interdire le concert d’Emir Kusturica à Kiev, afin de soit disant « prévenir » des émeutes.
« Pour prévernir le risque de troubles massifs à l’ordre public, d’action de protestation, et de perturbations des événement commémorant le 1000 anniversaire de la mort du grand prince Vladimir de Kiev le 28 juillet, il serait souhaitable que Emir Kusturica ne donne pas de concert à Kiev à cette date »
Le ministre a justifié la demande d’interdiction par le soutien public répété du cinéaste et musicien du groupe The No Smoking Orchestra à la politique russe vis à vis de la Crimée et de l’Ukraine.
C’est sans doute cela la liberté d’expression selon les valeurs de l’Union Européenne…
86 violations du cessez le feu durant les 24 dernières heures par la junte de Kiev
D’après l’agence de presse de Donetsk, les armées de la junte de Kiev ont violé plus de 86 fois le cessez le feu durant les dernières 24 heures.
C’est 116 bombardements d’artillerie et 38 de tanks qui ont été commis conte le territoire de la république populaire de Donetsk. Ces bombardements à l’arme lourdes – sans compter les attaques permanentes à l’armes légères – sont des violations continuelles du cessez le feu établi par les accords de Minsk II. Sans que cela ne provoque aucune protestation de l’Axe Euro-atlantique. Au contraire, l’UE a encore récemment prolongé les sanctions contre la Russie, réaffirmée son soutien à la junte de Kiev, tandis que le Canada vient de signer un accord de libre échange avec Kiev.
Les populations civiles des villes de Donetsk, Gorlovka, Yasinovataya et Debaltsevo pour ne citer qu’elles demeurent sous les bombardements continuels de l’armée de Kiev.
Pendant ce temps, le blocus du Donbass continue. Les rapports de l’OSCE signale ainsi des queues de plusieurs kilomètres de véhicules aux barrages mis en place par la junte de Kiev.
JBC pour www.initiative-communiste.fr site web du PRCF à partir de source d’agence / communiqué OSCE
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La construction de l’UE est responsable des deux drames utiles aux USAEmir Kusturica : « L’Ukraine, un remake de la Yougoslavie »
« L’Humanité Dimanche » publie un entretien réalisé par Vadim Kamenka et Michaël Mélinard avec le cinéaste et musicien franco-serbe Emir Kusturica, le lauréat de deux palmes d’or pour « Papa est en voyage d’affaires » (1985) et « Underground » (1995). Extrait : ce qu’il dit sur l’Ukraine.
M.D.« L’Ukraine marque un tournant. La Russie n’accepte plus son encerclement avec l’élargissement continu de L’OTAN. »
HD. que vous inspirent les événements en Ukraine ?
E. K. La guerre humanitaire est en fait une légalisation de la guerre. Wall Street dépend de la guerre. La valeur psychologique d’une action dépend de la manière dont vous êtes agressif dans certaines parties du monde. Plusieurs guerres, de tailles réduites, se déroulent un peu partout à travers la planète. Désormais, l’option des conflits de basse intensité apparaît épuisée. Et l’Ukraine marque un tournant. La Russie n’accepte plus son encerclement avec l’élargissement continu de l’OTAN. L’idéologue américain Zbigniew Brzezinski a largement écrit sur « l’enjeu eurasien », capital à ses yeux, à savoir la maîtrise et la colonisation de la Russie et de l’espace ex-soviétique. L’Ukraine est donc une première étape vers ce démantèlement imaginé par Brzezinski.HD. Ne vous rappelle-t-il pas ce qui s’est produit en ex-Yougoslavie ?
E. K. À Kiev, l’histoire des snipers qui ont ouvert le feu sur la place Maïdan ressemble de manière troublante aux événements de Sarajevo en 1992. Durant le siège de la ville, des tireurs isolés ont terrorisé les habitants et personne à Sarajevo ne savait d’où venaient ces snipers. Exactement comme à Kiev. On ne sait toujours pas qui a ouvert le feu sur les manifestants et les forces de l’ordre (1). Aujourd’hui, une autre vérité que celle imposée par les médias apparaît. C’est ce que tentait de décrire mon film « Underground » : une autre réalité. Il a été réalisé en 1995. La vérité sur ces deux événements, les dirigeants la connaissent. Ils en sont même parties prenantes et essaient de nous abuser en feignant d’être des imbéciles. Les grandes puissances jouent sur un échiquier où l’Ukraine et l’ex-Yougoslavie apparaissent comme des pions. Il s’agit d’une répétition d’un scénario qui s’est produit en Yougoslavie et a mené à son éclatement pour des enjeux similaires : l’extension de l’OTAN et de l’UE. La construction de l’UE est responsable des deux drames. Afin de s’agrandir et accroître son influence, elle divise les États pour imposer sa loi à de petits territoires. Pour moi, ce qui est inacceptable, c’est que les gens s’en accommodent. Heureusement, il y a des instants d’espoir.« Les États-Unis et le camp atlantiste imposent leur vérité et se comportent en vainqueurs de la guerre froide. »
L’arrivée au pouvoir des communistes en Grèce en fait partie. Leur victoire est historique et peut, comme en Amérique latine, porter un véritable élan. Ce phénomène se répétera dans les années qui viennent. La montée de l’extrême droite et des partis fascistes, voire nazis comme en Ukraine où ils sont au pouvoir, créera en face une résistance. Le clash est inévitable.
HD. L’hystérie de la presse à l’égard de la Russie et de Poutine vous rappelle le traitement médiatique à l’égard des Serbes durant la guerre de Yougoslavie ?
E. K. Cela a été le point de départ. En 1992, les divers acteurs ont mis en avant certains aspects pour créer une atmosphère favorisant un conflit. Ils ont ensuite légalisé une intervention au nom de l’aide humanitaire (2). Toute possibilité de paix a été écartée et la Yougoslavie a été démembrée à leur guise, laissant Slobodan Milosevic pour seul responsable. Le Kosovo est un bel exemple de leur mensonge et de leur justice aléatoire. Ils ont soutenu la séparation de cette région au nom du droit des peuples mais la refusent à la Crimée ! Les États-Unis et le camp atlantiste imposent leur vérité car ils se comportent en vainqueurs de la guerre froide. Ils estiment avoir triomphé du marxisme et tué le communisme.Tous les événements qui ont suivi la chute du mur de Berlin révèlent les fausses promesses faites à Mikhaïl Gorbatchev sur la non-extension de l’OTAN. Cela résume leur conception de la diplomatie pour assurer leur suprématie. L’extension de l’orbite euro-atlantique est impérative. Le siècle qui vient pour les États-Unis sera un tournant. L’accroissement de leur richesse et de leur influence dépend de leur domination du modèle libéral. Ce modèle qu’ils ont imposé au reste de la planète à travers la mondialisation est fondé sur la compétition, l’exploitation et les inégalités. Cette compétition, les États-Unis ne pourront plus la remporter indéfiniment avec la montée de puissances émergentes. Devant cette phase de déclin, ils trichent. Mais ils n’avaient pas prévu que l’Eurasie se dresserait contre la domination de l’euro-atlantisme. La proximité géographique compte et la Russie et la Chine finiront par coopérer.
HD. Vous critiquez beaucoup le capitalisme, pourquoi alors avoir participé à une fête à Davos ?
E. K. J’étais à Davos pour une banque russe. J’avais besoin d’argent pour payer les musiciens de mon festival de Kunstendorf. On m’a donné beaucoup d’argent, avec lequel j’ai pu financer ce festival.Vadim Kamenka et Michaël Mélinard (L’Humanité Dimanche).
Kusturica en cinq films
1985. « Papa est en voyage d’affaires ». Pour son deuxième long métrage, le réalisateur, alors yougoslave, décroche sa première palme d’or, à seulement 31 ans.
1989. « Le temps des gitans ». il reçoit le prix de la mise en scène à Cannes.
1993. « Arizona Dream ». Pour sa première expérience américaine, Emir Kusturica s’offre un casting de rêve (Johnny Depp, Jerry Lewis, Faye Dunaway) et fait voler des poissons sur une chanson d’Iggy Pop. il est récompensé par un ours d’argent à Berlin.
1995. « Underground ». il obtient sa deuxième palme d’or avec cette fresque historique et familiale de la Yougoslavie sur 50 ans, des années
1940 Jusqu’à son éclatement dans les années 1990. Le film déclenche une polémique autour du caractère supposé pro-serbe de l’oeuvre.
1998. « Chat noir, Chat blanC ». après avoir un temps songé à arrêter de tourner, Kusturica revient à la réalisation avec un film apaisé et décroche le lion d’argent du meilleur réalisateur à Venise.A Lire : « Étranger dans le mariage », d’Emir Kusturica, traduit du Serbo-croate par Alain Cappon. Éditions JC Lattès, 270 pages, 20 euros.