LE HONDURAS fait de nouveau la une des informations latino-américaines, mais cette fois, ce n’est pas parce que l’oligarchie, obéissant à des plans organisés de l’ambassade des États-Unis, a écarté par la force le président Manuel Zelaya, mais parce que la population réclame, au cours de gigantesques manifestations, la démission immédiate de l’actuel président Juan Orlando Hernandez, soupçonné de corruption – Article repris de Gramna.cu Pour suivre au jour le jour l’actualité latino américaine, www.initiative-communiste.fr site web du PRCF invite ses lecteurs à la lecture de Gramna.cu organe officiel du comité central du parti communiste cubain
LE HONDURAS fait de nouveau la une des informations latino-américaines, mais cette fois, ce n’est pas parce que l’oligarchie, obéissant à des plans organisés de l’ambassade des États-Unis, a écarté par la force le président Manuel Zelaya, mais parce que la population réclame, au cours de gigantesques manifestations, la démission immédiate de l’actuel président Juan Orlando Hernandez, soupçonné de corruption.
La pauvreté dans laquelle survivent 64,5 % des foyers honduriens fait que la colère de la population est encore plus grande contre l’administration d’Hernandez, qui devrait gouverner jusqu’en 2018.
La population du Honduras s’élève à un peu plus de huit millions d’habitants, dont les membres de plusieurs peuples originaires relégués dans une misère extrême, selon le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud) à ce sujet.
Le 26 juin dernier, un demi-million de personnes ont manifesté pacifiquement dans les rues de Tegucigalpa, la capitale, en portant des torches et des pancartes pour protester contre le népotisme, la corruption et le fascisme dans lequel vit ce pays d’Amérique centrale.
Ces dernières semaines, dans les principales localités du pays ont eu lieu des manifestations massives et des barrages de route, organisés par ceux qui aspirent au remaniement en profondeur de l’actuel gouvernement du Parti National (PN), élu avec 36% des voix en 2013, alors même qu’il avait été accusé de fraude par l’opposition.
Hernandez, un avocat né en 1968, est le 15e d’une famille de 17 enfants, nés dans un village de Rio Grande, à Lempiras. Cependant, en dépit de cette immense famille, il a réussi à étudier à l’Université du Honduras, puis il a fait une maîtrise en Administration publique, avec une spécialité en droit aux États-Unis.
Hernandez, qui est également l’ancien président du Congrès national, a été l’objet de la vindicte populaire lorsqu’un détournement d’environ 200 millions de dollars de l’Institut hondurien de la Sécurité sociale a été découvert et qu’une partie de cet argent a atterri dans les poches des membres du Parti National au pouvoir, ce que le président a dû admettre publiquement.
Selon des sources locales, le détournement était permanent dans cette institution à travers la création d’entreprises fantômes qui achetaient des médicaments pour personnes décédées.
Il semble que le Parti National, qui a utilisé une partie de ces fonds dans le financement de la campagne présidentielle d’Hernandez, se livre à ces détournements depuis des années.
Le président, qui tente d’étouffer le scandale, a fait plusieurs promesses afin de sauver son poste, malgré la pression des partis d’opposition, du peuple et de personnalités du Honduras. Entre autres promesses, il a affirmé qu’il exigera au Parti National la restitution des 200 millions de dollars soustraits en toute impunité.
Dans la recherche d’une éventuelle solution contre l’arbitraire qui règne dans ce pays pauvre d’Amérique centrale, Hernandez, aujourd’hui préoccupé, a voulu se rapprocher de l’opposition pour favoriser un dialogue national, mais l’idée n’a guère prospéré, personne n’ayant accepté qu’il préside la table de conversations.
En outre, des figures importantes de la vie hondurienne ont sollicité l’intervention des Nations Unies pour la création d’une Commission internationale contre l’impunité. Le président a d’abord refusé catégoriquement, puis il a fait marche arrière et a accepté la présence étrangère.
La situation se révèle difficile pour l’ancien président du Congrès, car la population et les partis d’opposition exigent la fin de l’illégalité et sa démission, ainsi que celle de ses présumés complices dans le détournement financier. En effet, il est peu crédible, affirme l’opposition, qu’il ait ignoré ce qu’il se passait au sein du PN.
Le scandale a également éclaboussé la députée et vice-présidente du Parlement, Lena Gutiérrez, et trois membres de sa famille, accusés par le Ministère public de plusieurs délits contre la santé, de fraude et de falsification de documents publics.
Gutierrez, également du PN, a été présentée devant le tribunal de Tegucigalpa avec son père, Marco Tulio Gutiérrez, son frère Julio et sa sœur Ginette. Le Ministère public a indiqué qu’ils étaient associés de l’entreprise Astropharma, qui aurait supposément vendu des médicaments sans aucune des qualités requises.
Pour leur défense, les Gutiérrez affirment qu’« Astropharma n’a jamais été une fabrique de médicaments ; ce n’est qu’une pharmacie. Pour cette raison, elle ne fabrique pas, n’élabore pas ni ne produit aucun type de médicaments ».
Il se peut que de nouvelles affaires de corruption apparaissent. Mais même si un miracle se produisait et que les fléaux qui corrompent au Honduras s’achevaient, d’autres problèmes graves pèsent sur le pays, comme le trafic de drogues – qui « contribue » aussi à augmenter des fortunes permettant d’agir impunément –, ainsi que l’insécurité dans les rues.
Face à cette situation, et en accord avec les groupes de manifestants, des jeunes pour la plupart, le coordinateur du Front national de résistance populaire, Juan Barahona, a exigé « l’emprisonnement des voleurs de l’IHSS, la restitution des millions et la démission des dirigeants impliqués dans les affaires de corruption ».
L’ancien président Zelaya (2006-2009), coordinateur général du parti Liberté et Refondation (Libre), a indiqué dans des déclarations publiques que le Honduras doit revenir à l’ordre démocratique et il a demandé la tenue d’un référendum populaire visant la démission d’Hernandez, qui jusqu’à présent n’a rien répondu d’autre aux accusations à part que si des fonds ont été détournés de l’IHSS, il exigera leur remboursement au PN…
Pendant ce temps, les indignés, – nom du mouvement populaire né dans les manifestations – continuent à lutter contre la corruption des politiciens et de l’État.
Les manifestations, les grèves de la faim, les requêtes judiciaires et les barrages de routes sont à l’ordre du jour dans un pays, où se sont unis plusieurs secteurs sociaux, depuis les indigènes jusqu’aux étudiants universitaires, tous victimes d’un système arbitraire qui, au cas où l’on démontrerait légalement la véracité des scandales de corruption, serait une honte pour le Honduras.
Quant au président Juan Orlando Hernandez, il a tenté de calmer les esprits par l’annonce de la création d’un Système intégral hondurien de combat contre l’impunité et la corruption, qui, à première vue, semble bien peu efficace.
Ce qui est certain, c’est que l’oligarchie hondurienne agit en toute impunité, notamment après le coup d’État organisé avec les États-Unis contre l’ancien président Manuel Zelaya, qui fut enlevé chez lui et emmené hors du pays par la force, puis la fraude aux élections de 2013, pour empêcher la victoire de Xiomara Castro, son épouse, alors qu’elle était déjà donnée vainqueur.
Pendant ce temps, au Honduras, des journalistes, des dirigeants paysans de base et des chefs indigènes continuent d’être assassinés dans un climat de totale impunité.