Depuis plusieurs jours, confrontés à la baisse des prix de vente des produits agricoles, les paysans – et en particulier les éleveurs – manifestent dans tout le pays. Afin d’éteindre l’incendie, le gouvernement a, comme d’habitude, promis quelques aides d’urgence et accéléré la remise d’un rapport d’une commission, tançant la grande distribution. Rien de tout cela ne répond aux problèmes agricoles qui se posent durablement depuis des années en France, l’une des premières puissances agricoles. Car rappelons-le, même si l’agro-industrie intensive à très nettement fait diminuer le nombre d’agriculteurs (de plusieurs millions dans les années 1950 à moins d’un demi million aujourd’hui), la France est le premier producteur agricole d’Europe et le second exportateur, le 8e producteur et le 4e exportateur mondial.
Les militants du PRCF apportent tout leur soutien à la revendication d’une juste rémunération des agriculteurs pour leur travail.
« La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillissent toute richesse : la terre et le travailleur. »
Karl Marx
Les raisons de la colère : l’exploitation capitaliste
L’agriculture n’échappe pas aux ravages du système capitaliste et de la course au profit. De fait, les agriculteurs se retrouvent pris en étau entre d’une part la baisse des prix payés pour leur production et d’autre part la course au rendement, dans une fuite en avant de la production agricole transformée en agro-industrie. D’une part les prix de vente auprès des multinationales capitalistes de l’agroalimentaire en chute libre, de l’autre des traites toujours plus monumentales à payer auprès des banques, véritables propriétaires de l’outil de production capitaliste. Au milieu, les agriculteurs dont le travail ne sert qu’à générer des profits lucratifs pour les uns et les autres. Et qui aujourd’hui voient leurs salaires fondre, voire disparaître. 25% des exploitations agricoles seraient menacés de faillitte.
Le mythe de la responsabilité du consommateur : le coupable c’est le capitalisme !
Comme solution à la crise, les hypocrites – aussi bien du coté de l’UMP tel un Alain Juppé déclarant que « la balle est dans le camps des consommateurs » ou François Hollande les appelant à la responsabilité, voudraient faire croire que les travailleurs sont responsables de la baisse des prix et donc des salaires des agriculteurs, sont responsables de la malbouffe, pour exonérer les véritables responsables, la classe capitaliste.
On ne manquera pas non plus de souligner cette hypocrisie, quand on sait que les mêmes tenants de la construction européenne sont ceux qui interdisent les pouvoirs publics d’acheter local, par exemple pour les cantines scolaires. Car les réglementations de l’Union Européenne, marché libre dans lequel la concurrence est libre et non faussée (et cela ne date que… du traité de Rome en 1957 pour ceux qui feraient mine de le découvrir), interdisent d’établir des règles de la sorte pour les marchés publics. Et cela n’est pas près de s’arranger puisque dans le dos des peuples, la commission européenne est en train de signer un accord de libre échange UE USA (le fameux TTIP / TAFTA) qui permettra de répandre sur le vieux continent les poulets à la javelle et autres boeufs aux hormones ! C’est également l’UE qui autorise là aussi dans le dos des peuples la production et la commercialisation des OGM (lire ici, cliquez).
L’UE c’est les OGM, c’est les farines animales et le scandale de la vache folle !
La crise n’explique pas tout : baisse des volumes, mais augmentation des prix !
S’il y a eu effectivement une baisse de la part des dépenses alimentaires dans les dépenses de consommation des ménages depuis les années 60, de fait cette part reste stable depuis les années 90 (autour de 15%) et continue d’augmenter en valeur. Cette réduction en proportion n’est que le résultat de l’augmentation importante des dépenses liées aux transports et surtout au logement. La crise à conduit à une diminution des dépenses d’habillement, de loisir et de culture (-1% sur la période 2008-2013). Dans le même temps, le montant des dépenses alimentaires continuait de croître au même rythme (+2% par an sur la période 2000-2007 et 2008-2013) tandis que les dépenses de logement demeuraient à des niveaux élevés (respectivement 4% et 2,5%) [source Insee et france agrimer]. La baisse des prix payés aux agriculteurs français n’est donc absolument pas liée à une baisse des dépenses des consommateurs français. Les deux tableaux extraits de la même étude de France Agrimer montrent, au contraire, une augmentation des prix des produits alimentaires plutôt qu’une augmentation des dépenses en valeur, avec toutefois une baisse des volumes des achats de viandes, de poissons et de fruits et légumes en cette période de crise.
Où sont passées ces augmentations de prix ?
« Le capital est semblable au vampire, il ne s’anime qu’en suçant le travail vivant et sa vie est d’autant plus allègre qu’il en pompe davantage. » Karl Marx
Les chiffres de l’INSEE démontrent une inflation bien réelle des prix, non prise en compte par les indices « officiels » d’Eurostat, qui n’est pas compensée par des augmentations de salaires, confirmant la réalité de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Les ménages des milieux populaires sont d’ailleurs les premiers à constater l’augmentation massive des prix liée au passage à l’euro. Cet euro dont certains à la tête du PCF-PGE prétendent qu’il protège. Oui, il protége… les actionnaires, les banques, les exploiteurs, mais il écrase les ouvriers, les agriculteurs, leurs conquètes sociales et démocratiques.
Cependant, si les prix des produits alimentaires ont augmenté et que les prix payés aux agriculteurs qui les produisent sont en chute libre (moins de 4€/kg pour du charolais !), les prix payés par le consommateurs sont eux bel et bien en hausse. Et la marge se répartit entre les multinationales de l’agroalimentaire et de la grande distribution. Le 17 Juin, le gouvernement a enteriné un accord aux termes duquel les grandes enseignes de distribution se sont engagées à relever leurs prix d’achat et de vente de bovins et porcs de 5 centimes d’euros par semaine, et cela jusqu’à obtenir un prix acceptable pour les producteurs. Force est de constater que plus d’un mois plus tard les agriculteurs n’en ont pas vu la couleur.
C’est que les capitalistes ne diminuent jamais leurs profits ! Surtout quand ils ont les moyens de les augmenter en diminuant les salaires des travailleurs.
L’effondrement des prix : le résultat des sanctions occidentales contre la Russie. Merci, l’Union Européenne !
Une des causes de l’effondrement des prix agricoles, c’est également la fermeture du marché russe comme débouché pour les productions agricoles européennes : afin d’établir le contrôle de l’Union Européenne sur l’Ukraine, la Commission Européenne a imposé de lourdes sanctions économiques à la Russie qui a répliqué de façon symbolique par des restrictions au niveau de ses importations agricoles. Qui ne se souvient pas des producteurs de fruits (notamment de pommes) dans l’impossibilité d’écouler leurs productions à l’automne dernier, alors que les pays de l’est ? Il faut rappeler qu’avant que l’UE ne participe au renversement du gouvernement ukrainien pour installer une junte pro UE appuyée sur des milices fascistes à Kiev par le coup d’état d’Euromaïdan, les exportations de la zone UE et de la France vers la Russie étaient respectivement de 10 milliards d’euros et 1 milliard d’euros. Un volume qui pèse aujourd’hui lourdement sur les prix en renforçant la concurence entre les différents pays européens producteurs.
L’UE impose la concurrence déchaînée pour casser les salaires !
Au delà des marges des multinationales de la grande distribution, la casse des salaires des agriculteurs, c’est également directement le résultat des directives de l’Union Européenne qui organisent un véritable dumping antisocial, une guerre contre les salaires. Les traités européens (par exemple les articles 38 et 39 du traité de Lisbonne, dont nous avons pourtant fêté les 10 ans du rejet dans les urnes par les français le 29 mai 2005 à Paris le 30 mai dernier lors d’une manifestation nationale devant l’Assemblée Nationale pour la sortie de l’UE) imposent aux agriculteurs une concurrence déloyale avec les agriculteurs de pays de l’UE dont les droits sociaux sont nettement inférieurs à ceux gagnés par les luttes des travailleurs. Par exemple, en vertu des directives travailleurs détachés, l’Allemagne -pays où il n’existe pas de SMIC dans l’agriculture – exploite des milliers de travailleurs des pays de l’est payé entre 3 et 7 euros de l’heure. [www.initiative-communiste.fr recommande le dossier consacré par le journal Fakir à l’effondrement de la fillière de production de porcs en Bretagne]
La Politique Agricole Commune : fuite en avant productiviste, destruction de l’agriculture et des agriculteurs !
Les directives européennes de la Commission de Bruxelles avec la Politique Agricole Commune (PAC) ont imposé et imposent un mouvement de concentration des exploitations agricoles. La libéralisation des marchés agricoles, la fin des quotas laitiers, l’interdiction des aides à la production entraine la mise en difficulté de dizaines de milliers de petites exploitations, contribuant à la désertification des campagnes, à la disparition des savoir faire et des cultures faisant partie d’un art de vivre qui ne compte pas comme le moindre des atouts de la France. Cela, au profit d’une agriculture intensive, formatée pour la profitabilité maximale et pour les profits des grandes multinationales. La valse des normes en soumettant les petites exploitations à des mises aux normes et contrôles incessants, l’effondrement des prix en obligeant à la course aux rendements, contraignent les petits agriculteurs à des investissements lourds les mettant sous la coupe des banques. La PAC c’est la disparition de la petite agriculture. Il est d’ailleurs totalement faux de dire que la PAC subventionne indistinctement « tous » les agriculteurs français et ce, alors que la France est contributrice net au budget européen.
L’Union Européenne, c’est également ce grand marché « libre » qui permet de liquider les productions des terroirs, remplacées par des AOP permettant, par exemple, de vendre un cochon élevé en Hollande comme de la charcuterie corse… !
Étranglés par leurs prêts, confrontés à la liquidation de leur outil de production, de plus en plus d’agriculteurs en détresse sont poussés vers le suicide par un système capitaliste qui les broie.
« Ouvriers paysans nous sommes le grand parti des travailleurs, la terre n’appartient qu’aux hommes, l’oisif ira loger ailleurs »
Pour une politique agricole que ne soit plus au service exclusif des monopoles capitalistes de l’agro-alimentaire, des Monsanto et autres Danone, une agriculture dont le but ne soit pas l’exploitation maximale des hommes et de la nature pour le seul profit de la classe capitaliste, mais une agriculture répondant aux besoins de la population qui ne veut pas manger des OGM, des lasagnes aux « minerais » de cheval roumain et de la vache folle, il faut briser les chaînes de l’Union Européenne. Tous ensemble, nous pouvons changer de système, pour mettre au centre le monde du travail. Pour s’en sortir et si, agriculteurs, ouvriers, employés, retraités … nous ne voulons pas y rester, il faut sortir de l’UE, de l’Euro de l’OTAN et du Capitalisme.
JBC pour www.initiative-communiste.fr – site web du PRCF