Le plus prestigieux quotidien au monde a lancé un appel au Congrès étasunien afin qu’il mette un terme à l’état de siège qui asphyxie le peuple cubain .
1. Les sanctions économiques totales ont été imposées par l’administration Kennedy en 1962 dans le but de renverser le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro. Cette politique hostile, qui n’a eu de cesse d’être renforcée par les différents gouvernements étasuniens, à quelques exceptions près, est un échec total.
2. Une grande majorité des citoyens étasuniens et l’immense majorité des Cubains souhaitent la levée des sanctions économiques anachroniques, cruelles et inefficaces. « Un nombre croissant de parlementaires des deux partis ont entrepris des démarches encourageantes dans ce sens ces derniers temps », avec l’introduction de différents projets de loi destinés à mettre un terme à l’état de siège économique.
3. Les citoyens étasuniens peuvent visiter n’importe quel pays au monde, y compris la Chine, le Vietnam et la Corée du Nord, mais ne sont pas autorisés à se rendre à Cuba en tant que touristes ordinaires.
4. « L’embargo […] a fait du mal au peuple cubain ».
5. « L’embargo nuit de manière substantielle aux entreprises étasuniennes. Les capitaux étrangers se précipitent à Cuba afin d’obtenir des parts de marché, en en laissant le moins possible pour les entreprises étasuniennes lorsque les sanctions seront levées ».
6. Sans changement rapide de la politique étrangère vis-à-vis de Cuba et sans l’élimination des sanctions, les intérêts étasuniens seront inévitablement affectés. « Ce qui risque de se passer, c’est que lorsque les Américains seront autorisés à voyager à Cuba, ils logeront dans des hôtels espagnols, mangeront de la nourriture allemande et utiliseront des ordinateurs chinois ».
7. Pendant des années les législateurs d’origine cubaine « ont contrôlé la politique vis-à-vis de Cuba » et « ont favorisé l’embargo ». Les hommes politiques étasuniens ont longtemps suivi cette voie de crainte de perdre l’électorat cubano-américain.
8. Les temps ont changé. Selon un sondage du 21 juillet 2015, 72% des Américains sont favorables à une levée des sanctions économiques. « 55% des Républicains soutiennent la fin de l’embargo ».
9. Désormais, se prononcer pour le maintien des sanctions contre Cuba, comme l’ont fait deux des candidats républicains aux élections présidentielles de 2016, Marco Rubio et Jeb Bush, constitue un pari risqué. Parmi les Cubains-Américains, 40% déclarent qu’ils apporteraient un soutien à un candidat qui poursuivrait la politique de rapprochement avec La Havane entreprise par Barack Obama. Seuls 26% affirment qu’ils ne voteraient pas en faveur d’une telle politique. Au sein de la communauté latino-américaine des Etats-Unis, 34% sont favorables au dialogue avec Cuba et seuls 14% ont exprimé leur désaccord à ce sujet.
10. Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidence de 2016, a bien compris cette nouvelle réalité et a lancé un appel à la levée des sanctions économiques contre Cuba lors d’un discours à Miami, bastion de la communauté cubaine, en juillet 2015.
Salim Lamrani
Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano.