« Bâtir une École exigeante, qui fait réussir tous les élèves, une École plus juste, qui ne laisse aucun enfant aux bords du chemin, et une École qui transmet avec fierté et détermination à notre jeunesse les valeurs de la République » : la ministre de l’« Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, annonce de grands objectifs en cette rentrée scolaire 2015 auxquels nous ne pourrions que souscrire… s’ils ne cachaient pas une sombre réalité.
« Une Ecole exigeante » : en réduisant le nombre d’heures de cours obligatoires au profit d’« Enseignements pratiques interdisciplinaires » – dont le nom est déjà tout un programme ? En portant le nombre d’heures obligatoires de mathématiques à 3h30 par semaine au collège alors que la France se classe au 25e rang du classement Pisa depuis décembre 2013 ? En rendant facultatifs des chapitres d’histoire tels que ceux concernant la Renaissance en 5e ou les Lumières en 4e ou encore en imposant l’étude du tourisme en géographie au détriment de celle des grandes puissances dans la mondialisation (étude facultative) ? En continuant la curée entamée depuis plusieurs années en français, dont le volume horaire total du CP au 3e est passé de 2.808 heures en 1977 à 1.908h en 2011 ?
« Une Ecole plus juste » : en cautionnant la politique austéritaire du gouvernement, qui saccage jour après jour des dizaines de foyers soumis au cocktail chômage-précarité-hausse du coût de la vie ? En approuvant la réforme Macron applaudie par la droite libérale et qui attaque encore les droits déjà empiétés des ouvriers, employés et autres salariés ? En inscrivant la « réforme » du collège dans la continuité de toutes celles conduites par les prédécesseurs, qu’ils soient « ripoublicains » (réforme LRU de Pécresse, réforme du lycée de Chatel) ou du Parti dit « socialiste » (réforme Peillon), favorisant l’Inéductaion territoriale, plaçant les établissements de tout niveau en concurrence entre eux au point de les pousser à l’endettement pour « financer des projets » au nom de « l’attractivité » (demandez à l’Université de Versailles-Saint-Quentin ce qu’elle en pense !) ?
« Les valeurs de la République » : celles continuellement bafouées par les dirigeants qui fraudent le fisc ou placent les copains pris la main dans le sac (les notes de taxi sont élevées !) ? La souveraineté populaire, abandonnée par des gouvernements capitulant face à l’Europe germano-maastrichtienne au nom de la « solidarité européenne », de « l’unité des peuples » et du « pragmatisme économique » ? L’égalité, dont le mot n’apparaît même plus dans les discours des caciques « socialistes » trop occupés à satisfaire les exigences de Berlin ? La liberté, alors que Manuel Valls proclame son amour de l’entreprise au point de tout céder au MEDEF ? La fraternité, en soutenant sans retenue Israël qui massacre les Palestiniens à Gaza ?
En réalité, le projet de Najat Vallaud-Belkacem ne fait que poursuivre le sabordage de l’Education nationale en s’inscrivant dans la ligne ultralibérale, capitaliste et européiste de l’enseignement français, afin de satisfaire la stratégie de Lisbonne proclamant son objectif en mars 2000 de
« préparer la transition vers une société et une économie fondées sur la connaissance, au moyen de politiques répondant mieux aux besoins de la société de l’information et de la recherche et développement, ainsi que par l’accélération des réformes structurelles pour renforcer la compétitivité et l’innovation et par l’achèvement du marché intérieur. »
Cela se traduit par la privatisation tout azimut du système éducatif, dont le contenu intellectuel ne cesse d’être dénoncé par un patronat reprochant le ton « idéologique » des Sciences économiques et sociales (SES) par exemple.
Plus grave, il s’agit bien de promouvoir un projet de civilisation, celui du capitalisme ultralibéral européanisé et mondialisé, ce qui nécessite de jeter aux orties tous les « archaïsmes » perturbant la marche en avant : la Révolution française, grossièrement assimilée à une période de Terreur sous la coupe du « sanguinaire » Robespierre ; la Commune de Paris, disparue des programmes ; le communisme, considéré comme le jumeau du nazisme ! Education nationale et neutre qui vise à forger les consciences ? Non : opération de propagande revendiquée avec l’adoption du programme Jean Monnet qui « promeut l’idée européenne par le biais de l’enseignement et de la recherche et du soutien à des institutions et des organismes qui œuvrent en faveur de l’intégration européenne ainsi que de l’éducation et de la formation dans une perspective européenne. »
Enfin, quel mépris de la part de Madame la Ministre qui, le 19 mai 2015, se moquant de la manifestation syndicale contre son projet de « réforme », adopte ce dernier le soir même en décret tout en annonçant le lendemain, dans une opération de « communication » dont elle a le secret, être ouverte au dialogue pour calmer les angoisses des enseignants ! Mais faut-il attendre autre chose d’une ministre qui, lors de son passage à l’émission On n’est pas couché le 25 octobre 2014, proclamait avec un sourire béat que « les enseignants, c’est par l’argent qui les attire sinon ils ne feraient pas enseignants » – eh oui, vous comprenez, même pour Madame la Ministre être enseignant et mal payé c’est synonyme – et qu’une indemnité annuelle de 400 euros (33 euros par mois !) était versée pour les enseignants du primaire ! Pas grand-chose, en comparaison avec la généreuse augmentation de 65% de la prime annuelle octroyée aux recteurs, et ce malgré les « contraintes budgétaires » interdisant de dégeler le point d’indice des fonctionnaires décrété par le gouvernement Fillon en 2010…
Face à de telles inepties, des mensonges éhontés, un mépris affiché et une vaste politique de casse de l’Education nationale, nous, communistes du PRCF, réaffirmons notre attachement sans faille à l’Education nationale, tout en défendant sa transformation dans un sens révolutionnaire, rompant avec le capitalisme et la mondialisation néolibérale en référence au drapeau national révolutionnaire et au drapeau rouge de l’Internationale.
Nous, communistes du PRCF, appelons tous les professeurs du primaire au supérieur à se rassembler et à marcher contre les assassins du système scolaire en France en s’unissant contre le ministre de la destruction de l’école publique, en descendant dans la rue le 17 septembre à l’appel des syndicats pour rejeter la « réforme Najat » !