La fête de l’Humanité de ce week-end est la parfaite illustration du choix fondamental qui s’impose à toutes les forces anti-austérité et de transformation sociale.
Politiques et syndicales.
Soulignons au passage le scandale honteux des médias privés et publics qui ont procédé à une censure quasi complète de la fête et de son immense succès malgré le mauvais temps préferant par exemple sur la France 2 dimanche soir couvrir les ambitions présidentielles camouflées de … Christine Lagarde!
Dans les différents débats et commentaires rapportés dans l’Huma de ce lundi ce qui ressort pour les organisateurs, après le désastre infligé par l’Union européenne au gouvernement grec ce sont les déclarations dominantes suivantes :
La zone euro a été mal construite mais le chemin de la sortie n’est pas la marche arrière. L’enjeu est de « réparer l’euro ».
« Alexis Tsipras et Syriza ont emprunté un chemin que je ne peux pas suivre (…). Je pense qu’il ne fallait pas accepter ce nouveau memorandum… La gauche n’as pas à appliquer un programme non viable avec lequel elle n’est pas d’accord (…).
Des camarades sont partis, ils ont créé leur propre parti, Unité populaire. Je ne peux pas non plus les suivre. Parce que si l’élite fétichise l’euro, eux aussi ont tendance à considérer le retour à la drachme comme un fétiche. … »
Yanis Varoufakis
Patrick Le Hayric directeur de l’Huma, appelle lui à imaginer un continent « où l’humain prime » et affirme : « On peut s’émanciper des traités antisociaux, antidémocratiques, qui ont précipité la Grèce dans une terrible crise humanitaire »
Dans le forum social, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, s’exclamant » Nous avons besoin d’organisations comme la CGT et le FGTB [Syndicat belge] pour que la confédération syndicale européenne devienne lors du congrès qui aura lieu à la fin du mois à Paris un vrai syndicat et impulse un mouvement en Europe »
Tandis que dans les compte-rendus des débats et le récit de l’ambiance de la fête fleurissent les phrases du type : « Je considérais l’Europe comme un boulet, maintenant je la vois comme un espoir » et « La monnaie unique divise le camp anti-austérité, mais le débat ne passionne pas vraiment au-delà des cercles militants. Par contre, l’idée d’une autre Europe semble s’être emparée d’un public jusque-là plutôt eurocritique … »
Ce qui ressort donc au travers de ces déclarations et écrits c’est que l’objectif d’une « autre Europe », de « l’Europe sociale » continue d’être poursuivi.
C’est de l’intérieur, sans remettre en cause le cadre, les traités eux-mêmes et les institutions qui structurent l’Union que « la gôche » et le mouvement syndical vont pouvoir mettre fin aux politiques d’austérité.
Il suffirait à cette fin, dans un autre rapport de forces de faire fonctionner l’euro, la BCE, les institutions dans un autre sens plus favorable aux besoins des peuples et à l’intérêt général.
Au passage l’accusation de fétichisme de l’euro adressée à ceux qui jugent indispensable une sortie de la zone euro, sent l’argutie car nombreux sont parmi eux ceux qui ont insisté à plusieurs reprises sur le fait que la sortie de l’euro était une condition nécessaire mais non suffisante pour amorcer une véritable politique de sortie de crise.
Nul fétichisme là-dedans. Un simple constat et un enseignement des faits anciens et les plus récents.
Et on peut se demander justement si ce type d’argument n’est pas destiné à fuir le débat de fond.
Car inversement à ce qui est dit dans les commentaires de l’Huma ce sont – à la lumière de la crise grecque- de nombreux europhiles, partisans d’une autre Europe qui en ont conclu que l’étranglement financier des banques grecques par la BCE et le chantage de l’Eurogroupe étaient précisément la preuve que de l’intérieur il n’était pas possible de transformer les choses et que l’architecture même de l’Union, sa construction, ses objectifs, ses traités étaient un carcan dont il fallait s’affranchir pour retrouver une véritable liberté d’action, une souveraineté et se mettre en mesure de respecter enfin les engagements de campagne électorale.
On refuse de parler de trahison du gouvernement de Tsipras ou de capitulation, mais au fait c’est quoi un choix qui consiste à tourner à 180 degrés le dos aux engagements de son propre programme et à accepter 8 jours après un referendum sans équivoque un memorandum pire que celui accepté par la droite chassée du pouvoir?
Et c’est précisément l’illusion que des négociations qui ont duré 5 mois avec l’UE pouvaient aboutir et que le referendum populaire pouvait servir de moyen de pression dans ces négociations qui explique au fond la déroute finale.
Parce que de négociations il n’y en a pas eu et que la détermination de faire capituler la Grèce a été entière et totale du côté de l’oligarchie.
Il y a donc un débat fondamental parmi les forces anti-austérité.
Ce débat et cette confrontation ont débouché sur une scission de Syriza, ceux qui refusent le memorandum imposé par l’UE et accepté par le gouvernement ayant fondé leur propre parti (Unité populaire).
Ce débat est donc incontournable.
Au plan politique et au plan syndical.
Sans quoi l’évocation de l’unité n’est que le masque des capitulations à venir!
Et comment continuer à caresser l’idée que la CES « devienne un vrai syndicat » ce qui soit dit en passant est reconnaître qu’elle ne l’est pas, quand on sait pour s’en tenir à ce seul exemple, qu’en plein cœur de l’affrontement entre la Grèce et l’UE, la CES a pris parti pour la Commission européenne en se prononçant pour l’annulation du referendum du 5 juillet.
La CES, l’Union européenne ne sont pas réformables, pas transformables de l’intérieur parce que le capitalisme, les lois du marché qui sont leur bréviaire ne sont eux mêmes pas amendables ou moralisables.
Et force est de constater que 15 ans après avoir prétendu adhérer à la CES pour la transformer l’échec est pattant et la leçon devrait en être tirée.
Oui décidément la CGT a beaucoup mieux à faire que de continuer à cautionner une organisation qui n’est rien d’autre qu’une institution syndicale de l’Union dont on attendra en vain qu’elle organise réellement les luttes!
Encore faudrait-il pour cela ne pas se contenter d’un bilan depuis le 50e congrès, mais remonter au début des années 90 au moment de l’adhésion de la CGT à la CES dans l’acceptation de conditions alors posées par celle-ci et la CFDT et s’interroger concrètement et en profondeur sur les aspects de la bureaucratisation de la CGT elle même.
14 septembre 2015
On peut consulter sur le terrain syndical l’intéressant texte publié sur le site de la Filpac CGT ce jour : « Quelle Europe ? La vraie nature de l’internationalisme » « Rompre avec l’Europe pour sortir du cauchemar néolibéral : c’est peut-être cela le véritable internationalisme. »
– de Cédric Durand Economiste à Paris-XIII, Stathis Kouvélakis Philosophe au King’s College de Londres, Razmig Keucheyan Sociologue à Paris-IV
Adresse www.filpac.cgt.fr/spip.php?article10339
A noter que nos amis et camarades du FSC étaient représenté lors du débat organisé sur le stand du PRCF à la fête de l’Humanité. Vous pourrez dans les jours prochains revoir ce débat en vidéo sur www.initiative-communiste.fr site web du PRCF
Bonjour.
«« Sans quoi l’évocation de l’unité n’est que le masque des capitulations à venir! »»
La gauche, si elle tient à faire les politiques du centrisme, qui assure de gagner des voix, téléguidé par le néo-capitalisme sauvage, devrait changer de nom. La gauche ce n’est pas le centre point. Ici au Canada, le NPD ne fait pas autre chose, il épouse le centrisme pour aller chercher les votes de la classe moyenne.
C’est ça le centre en politique économique, remarquez que je n’ai pas ajouté le mot financier. Les partis font attention à ne pas mentionner qu’en réalité l’état de droit applique les « normes » de l’économie-financière, mais de parler de politique financière serait plus juste.
Donc la gauche n’est ni socialiste, et ne parlons pas de communiste,mot qui la dérange. Il y a bien sûr les nostalgiques des promesses du communisme international qui n’a tenu rien du tout, sauf Cuba qui a suvécu. On verra. Mais moi je vous dit que la venue du pape a scellé le pacte avec le diable.
Tant qu’à la Grèce, et bien …..KAPUT.
La gauche française frileuse, divisée…..C’est ce que je constate de votre analyse succinte, je dois avouer que je suis d’accord.
Le seul mot qui me vient est: décevant.
Mais, le peuple, dans sa grande majorité, la classe moyenne, est pris au piège et ne voit, ni n’est consciente des solutions et alternative possible, et se laisse entraîner par les analyses des médiats de masse.
Et une politique ne peut se construire sans l’appui du peuple, du moins d’une majorité significative.
Et Syriza n’a pas eu et encore moins cette fois-ci de cette masse critique. 40% d’abstention, cette fois-ci.
Pourtant, la masse critique est bien là 30%.
Mais cette masse citoyenne-travaileur ne s’organise pas en vue d’un mouvement d’entraînement du peuple.
Elle ne s’engage pas dans un mouvement organisé synergique.
Oui elle manifeste, puis se disperse.
Je réitère ma suggestion des comités citoyens et de leurs satellites à temps partagé pour la participation du plus grand nombre sur les questions vraiment fondamentales: le mode de revenu et le mode de travail.
Le questionnement: qu’est-ce que ça me rapporte, c’est la question, la vraie question point.
C’est quoi mon profit ?
Il ne faut pas avoir peur de rappeler systématiquement le vrai nom du néo-libéralisme: le néo-capitalisme sauvage (néo qui veut dire nouveau). Faire naître dans les esprits son vrai visage, le mettre en perspective dans toutes ses manifestations. Faire les liens.
Les mots peuvent asservir, ils peuvent montrer la porte.
Ne pas avoir peur de récupérer les propres termes du néo-capitalisme sauvage et les inverser.
Pour frapper l’imagination: 1984 à contre-pied.
Un coup que J’ai vue que le mode de revenu et le mode de travail sont les plaques tournantes de l’économie, les fondements et bien j’ai compris que Jean Jaurès montrait le comment:
«« Pour Jean Jaurès, la révolution socialiste n’est concevable que dans le cadre de la légalité démocratique, c’est-à-dire par une conquête graduelle et légale par le prolétariat des institutions parlementaires et de la puissance de la production. »»
Et si vous examinez le cheminement du Vénézuéla, vous verrez que c’est appliqué malgré les forces obscures…. La vérité poindre malgré les mensonges, toujours…..
Vous voyez ou vous ne voyez pas.