« Le capitalisme n’engendre la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur ». Karl Marx
N’en déplaise aux « climato-sceptiques » conduits par le plaisantin Allègre, le réchauffement climatique mondial et les risques de cataclysmes dont il est porteur sont dûment établis de même qu’est attestée l’origine humaine, significative bien que partielle, de la dégradation générale de l’environnement humain[1], sans parler des aspects non climatiques ou non directement climatiques de cette dégradation pour l’ensemble de la biosphère (état de plus en plus préoccupant de l’air, des sols, de l’Océan, maltraitance de masse des « bêtes de rente », recul de la biodiversité, etc.). Décidément, l’ « anthropocène[2] » n’est pas un mythe : l’humanité, que domine à nouveau pour son plus grand malheur le capitalisme re-mondialisé, est devenue un agent incontournable du devenir de la Terre, ou du moins de sa biosphère, et force est de constater qu’aujourd’hui, dans les conditions imposées d’un sprint planétaire haletant vers le profit maximal et la domination impériale, l’intervention humaine dans le devenir de la planète[3] s’opère principalement pour le pire.
Dans ces conditions, le prétendu capitalisme vert personnifié par Al Gore, l’ex-candidat américain à la présidence des Etats-Unis d’Amérique, trouve un relais complaisant dans la social-démocratie hollandienne au pouvoir en France, de même qu’auparavant Sarkozy s’était donné un visage écolo en organisant le « Grenelle de l’écologie » sous l’égide de l’histrion carbonophage et hélitreuillé Nicolas Hulot, « Grenelle de l’environnement » dont la seule traduction tangible a été la réduction drastique des effectifs et moyens des ministères de l’équipement et de l’environnement fusionné en un ministère du développement durable réduit à la portion congrue. Chacun voit pourtant que, du Protocole de Kyoto au Sommet de Copenhague, la « gouvernance mondiale » dont prennent prétexte les principaux Etats impérialistes pour « sauver la planète » n’empêchent nullement la dégradation climatique et le saccage environnemental global de s’opérer, voire de s’accélérer, parfois d’une manière spectaculaire (Fukushima , Deepwater horizon … ) ; sur le plan économique, le « capitalisme vert » a surtout pour objet d’ouvrir au capital de nouveaux gisements de profit tout en fixant des barrières économiques aux économies émergentes ; sur le plan idéologique, il alimente une « conscience écologique mondiale » gravement biaisée et dévoyée parce que ses classes sociales d’appui ne sont nullement la classe ouvrière et la paysannerie laborieuse, qui forment la majorité écrasante des êtres humains, mais les couches sociales bourgeoises et petites-bourgeoises urbaines des grands Etats capitalistes : ce sont les innombrables « bobos » des secteurs parasitaires entretenus par le capital et besognant dans la « com », la « pub », le tourisme friqué, la finance, l’assurance privée, les services marchands tournés vers la bourgeoisie qui « donnent le la » en la matière… sans se rendre compte le moins du monde que leurs activités reposent elles-mêmes, en dernière analyse, sur la rente impérialiste imposée à la nature et à l’humanité toute entière… Encouragés par la social-démocratie et par les révisionnistes du mouvement communiste qui les courtisent au lieu de les éduquer dans un esprit anticapitaliste, ces couches font de l’écologie un prétexte à s’attaquer « de gauche » à la souveraineté des peuples, aux monopoles publics comme l’EDF, aux « Lumières », au « progrès » et aux idéaux révolutionnaires, sans parler du prétexte permanent que l’écologie mal comprise fournit au grand patronat des pays impérialistes, et notamment au patronat « français », pour délocaliser les productions en déclassant massivement le salariat industriel ouvrier, la paysannerie, voire une bonne partie de l’ingénieurie productive. Tel est le rôle objectif des dirigeants « verts » et des autres Euro-Ecologistes de la Françallemagne qu’incarne l’anticommuniste « de gôôôche » Cohn-Bendit. Qui ne voit en effet que le premier rôle idéologique du consensus planétaire sur le thème « nous sommes tous responsables/Coupables du réchauffement planétaire » est de construire une « classe régnante » dénationalisée et euro-mondialisée dont le rôle est de « conduire », au sens électrique du mot, la politique impériale, pseudo-écolo et pseudo-« humanitaire », du grand capital euro-atlantique badigeonné de vert et de rose comme un sucre d’orge.
Dans ces conditions, quelle réponse marxiste, quelle réponse communiste, quelle réponse anti-impérialiste apporter au défi objectif que la dégradation écologique lance à la classe des travailleurs salariés et plus précisément, au mouvement communiste et progressiste français et international ? Et comment éviter le double piège qui consisterait à se détourner de l’écologie sous prétexte de lutte des classes, et/ou à bêler « j’ai mal à ma planète » en dansant derrière les joueurs de pipeau du consensus pseudo-écologique ?
Nous résumerons notre problématique en déclarant que, si un peu de conscience écologique « universelle » éloigne du combat de classe, du patriotisme républicain, du « produire en France » et de l’idéal progressiste, beaucoup de conscience écologique nous y ramène. Nous ne rechercherons pas dans le cadre de cet article des solutions techniques au réchauffement climatique ; notre but sera plutôt de dégager les orientations philosophico-politiques à partir desquelles il serait possible de donner sens (ou pas) à telles ou telles solutions techniques qu’il faut ensuite étudier comme telles avec impartialité.
Georges Gastaud pour www.initiative-communiste.fr
A suivre
- Comprendre dialectiquement les relations entre le devenir naturel de la Terre et le « progrès historique ». (Re-)produire scientifiquement la nature ? [2/4]
- Le communisme – l’éco-communisme – comme alternative conséquente à l’exterminisme capitaliste. [3/4]
- Contre la mascarade de la COP21, construire une mobilisation populaire pour défendre les intérêts collectifs des travailleurs, au premier rang desquels l’environnement condition de notre existence et du bonheur commun. [4/4]
[1] Outre le dérèglement du climat, il faudrait évoquer le recul rapide de la biodiversité, la généralisation de la « malbouffe », l’empoisonnement de l’air, des rivières et de la mer, l’accumulation de déchets de toutes sortes, etc.
[3] Et non de « la nature » : celle-ci se compose archi-majoritairement de milliards de corps stellaires sur lesquels l’homme n’a aucun effet. La culpabilisation massive de « l’Homme-qui-détruit-la-nature » reste inconsciemment prise dans une forme naïve d’humanisme attribuant à l’Homo sapiens une influence qu’il est infiniment loin de pouvoir exercer sur le devenir cosmique !