la commission internationale du PRCF appelle à la solidarité des travailleurs français avec les travailleurs algériens. L’avenir n’est ni aux intégristes religieux ni aux xénophobes fachos, il est à la lutte commune du Travail contre le Capital et des peuples souverains et fraternels contre l’impérialisme ! Et que vive « Alger républicain », le journal d’Henri Alleg et de tant de martyrs de l’anticolonialisme !
jeudi 3 décembre 2015 – par Alger républicain
Grève des travailleurs du Complexe des Véhicules Industriel de Rouiba
Mardi 2 décembre, les travailleurs de la SNVI sont de nouveau sortis pour dénoncer le retard dans le versement des salaires du mois d’octobre et de novembre. Les promesses qui leur avaient été faites, par les premiers responsables de l’entreprise, n’ont pas encore été concrétisées. Ne pouvant plus attendre et pour se faire entendre, ils ont fermé la route qui relie Rouiba à Réghaïa.
Immédiatement, les troupes anti-émeutes de la gendarmerie se sont amassées en grand nombre tout près du lieu de rassemblement des travailleurs et pour se préparer à intervenir. Les tentatives de négociations entreprises par les officiers de la gendarmerie n’ont pas convaincu les travailleurs décidés à continuer leur mouvement jusqu’à la satisfaction de leur revendication. Vers les coups de 10h 30 mn les troupes anti-émeute ont lancé l’attaque, d’abord par tirs de bombes lacrymogènes puis en fonçant sur les travailleurs de manière à les forcer à rentrer dans l’enceinte de l’usine. Des échanges de jets de pierres et d’autres objets se sont poursuivis pendant quelques minutes avant que les travailleurs ne rejoignent leur usine et ferment le portail. Les quelques piétons qui se trouvaient dans les parages ont été scandalisés par la vue de ce spectacle montrant les gendarmes qui agressaient de manière violente les travailleurs qui ne demandaient rien d’autre que de pouvoir se consacrer paisiblement à leur travail.
Déjà, avant leur précédente manifestation du 3 novembre, les travailleurs avaient, à plusieurs reprises, attiré l’attention des responsables de leur entreprise sur les blocages qui paralysent les activités de production depuis deux années, en raison des mesures des services des douanes de ne pas libérer les marchandises achetées par la SNVI pour les besoins de sa production. Malgré les promesses du ministre de l’Industrie et du Premier ministre, les alertes des travailleurs n’ont pas eu l’effet escompté. Au contraire, ce sont leurs salaires qui commencent à enregistrer des retards dans leur versement. D’habitude, les salaires sont versés le 26 de chaque mois. Celui du mois d’octobre a pris du retard. La promesse qui leur a été faite de le recevoir le 2 novembre n’ayant pas été tenue, ils sont sortis le lendemain 3 novembre pour exprimer leur colère.
Colère qui en dit long sur leur désespoir et leur incompréhension de l’écart qui sépare le comportement et les discours des responsables au niveau de l’entreprise comme au niveau de l’Etat en ce qui concerne les problèmes qui paralysent leur entreprise depuis deux années. Cet écart n’est pas uniquement le résultat de l’incompétence, c’est aussi et surtout le fruit de manigances qui visent la destruction du secteur public pour laisser la porte grande ouverte à tous les aventuriers qui se proclament du jour au lendemain investisseurs et pour qui les caisses de l’Etat sont toujours généreusement disponibles pour qu’ils les vident sans retenue.
Cette dérive se déroule à ciel ouvert. Elle n’échappe à personne et surtout pas aux travailleurs de la SNVI. Chaque matin, ils constatent, au moment où leur usine est paralysée par des mesures incompréhensibles, les faveurs qui sont accordées au fabricant étranger, Mercedes Benz qui se trouve dans la même zone que leur usine. « Fabriquant » ? En réalité, Mercedes Benz Algérie ne fait que du montage qui n’apporte strictement rien à la formation d’une main d’œuvre qualifiée ni ne se traduit par un transfert de technologie.. Contrairement à la SNVI qui détient un savoir-faire, accumulé pendant plusieurs dizaines d’années, dans toutes les opérations de fabrication du véhicule industriel, depuis la fonderie et l’usinage jusqu’au montage.
Faut-il rappeler que la SNVI a été le lieu où l’organisation de production industrielle a pris naissance en Algérie ? Elle a été le creuset où se sont forgées les premières compétences qui ont servi à la création de l’industrie mécanique nationale. C’est aussi le lieu où sont pratiqués, avec une maitrise totale et dans les modes opératoires les plus complexes tous les métiers de la mécanique. Brisant ce processus bénéfique pour l’indépendance réelle du pays, les responsables du secteur, aux plus hauts niveaux de l’Etat, ont opté pour la voie de la facilité. Ou plus exactement pour la voie de l’enrichissement facile et rapide des hommes d’affaires de tout acabit. Au lieu de faire fructifier ce savoir et de le consolider par des mesures qui auraient renforcé le processus d’amélioration continue enclenché il y a déjà 45 ans, comme par exemple la promotion de la Recherche et Développement des Produits.
Ce 1er décembre, les travailleurs de la SNVI, sont sortis pour les mêmes raisons que le 3 novembre. Après deux mois sans salaires, mais avec une plus grande détermination qui ne cache pas le sentiment que quelque chose de grave se prépare et qui peut mettre en danger leur avenir et celui du pays. Les révélations de la presse sur le contenu de la loi de finances 2016 à l’APN n’ont pas été sans effets sur leur révolte légitime.