ESPAGNE : RIEN N’EST RÉGLÉ PAR LES ÉLECTIONS.
Par la Commission internationale du PRCF. 22 décembre 2015
Le PP avec 123 sièges, 28,72%des voix a réalisé son pire score depuis 1993, et le PSOE 90 sièges, 22% le moins bon résultat de son histoire. Podemos, nouveau visage du réformisme, en troisième position, avec 69 sièges et 20,6% des voix, fait une entrée remarquée dans la cour des grands. Ciudadanos, nouveau visage de la droite,obtient 40 sièges et 14% des suffrages.
Résultat les observateurs ne voient pas comment le pays pourrait être gouverné avec de tels rapports de forces.
Même si en terme de projets programmatiques ces quatre partis acceptent de rester dans le carcan européen et donc à se priver de toute possibilité de changement progressiste et social.
Le jeu tactique des 4 partis dominant le nouveau paysage politique espagnol ajouté aux menées des indépendantistes paralysent le système politique espagnol.
Déjà on parle de nouvelles élections….
Reste deux données positives : le rejet du bipartisme PP/PSOE et l’affaiblissement de ces deux partis et le vote Podemos qui exprime, indépendamment de l’orientation de sa direction, une volonté populaire de changement démocratique.
Enfin le terrain principal de la lutte reste le combat de classe sur les lieux de travail, cela se confirme en Espagne, en Grèce ou en France.
Premières déclarations du Secrétaire général du PCPE sur les résultats des élections.
21 décembre 2015.
Le résultat de ces élections n’incite à aucune amélioration pour la classe ouvrière. Les vieux et les nouveaux partis continueront de développer les vieilles politiques qu’impose la dictature du capital.
Les classes dominantes, avec ces résultats, obtiendront la collaboration des forces opportunistes, classiques et nouvelles, pour essayer de faire avancer leur stratégie de Seconde Transition, avec l’objectif de consolider son système de domination antisocial et lancer de nouvelles attaques contre les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière et des catégories populaires. Les résultats font envisager des négociations complexes pour former un gouvernement, qui conduiront à une situation d’instabilité politique dans la période qui s’avance.
Lors de ces dernières semaines, depuis l’Union européenne ont été lancées des signaux au gouvernement entrant, dans le sens de la nécessité de réaliser de nouveaux ajustements en matière sociale et de nouvelles contre-réformes dans le domaine du travail. Aucune combinaison de gouvernement possible ne s’opposera à cet impératif des grands monopoles, dicté depuis Bruxelles.
Les résultats donneront une continuité à une nouvelle phase de la crise dans laquelle se trouve le capitalisme espagnole. La classe ouvrière doit se préparer pour lutter dans ces conditions-là, où la collaboration des forces opportunistes ajoutera un facteur de tromperie et de manipulation contre elle, elle devra se battre grâce à une forte offensive idéologique face aux nouvelles formes qu’adopte la sociale-démocratie en Espagne.
Le Parti communiste s’appuiera sur ces résultats électoraux pour impulser les luttes ouvrières et populaires contre le nouveau gouvernement qui sortira de cette nouvelle corrélation de forces.
La lutte continue pour le pouvoir ouvrier et le socialisme, unique sortie à la barbarie capitaliste.
Ancienne dirigeante du P.C. d’Espagne, qu’elle a quitté en condamnant ses dérives opportunistes, Angeles Maestro milite dans le groupe marxiste RED ROJA. Nous lui avons demandé comment elle apprécie les résultats des élections en Espagne.
21 décembre 2015
Le plus remarquable des élections du 20 décembre en Espagne c’est l’absence d’une majorité absolue formé par le PP et le parti d’extrême droite Ciudadanos. Ciudadanos n’est pas un parti comme le Front National mais du point de vue des droits sociaux et des libertés il appartient a la droite forte.
Il y a la possibilité d’un pacte PP-PSOE, peu probable aujourd’hui duquel parlent sous la table des dirigeants importants du PSOE comme Felipe Gonzalez. C’est sur qu’il aura des pressions très fortes de la Troïka pour que ce pacte soit réalité, mais il se serait le suicide pour le PSOE.
Podemos n’a pas du tout un programme de gauche et les premières déclarations de son chef Pablo Iglesias parlent du réformes constitutionnelles sur les droits sociaux – pour lesquelles il n’a pas de majorité suffisante – et il ne parle pas de ne pas payer la dette, ni de quitter l’ UE, ni l’Euro.
L’enjeu pour la classe ouvrière et les secteurs populaires est de profiter la faiblesse et l’instabilité du pouvoir pour avancer dans la lutte, la conscience et l’organisation qui sont restés endormies en attendant un triomphe électoral qui n’a servi seulement qu’à rendre difficile un accord de gouvernement avec le PP.
La Bourse est tombée plus de 2,5% et la prime de risque monte.
Les classes dominantes ne peuvent plus gouverner comme avant et le peuple commence a ne pas vouloir être dominé de la même manière.
La lutte continue.
Un étrange général sur les listes dites « citoyennes » de Podemos :
Élections Espagne 2015 : Podemos a recruté un ancien général sur ses listes ! Et pas n’importe lequel !
La rupture avec les appareils politiques traditionnels, l’ouverture à la « société civile », fait partie des slogans de Podemos (« nous pouvons » suivant le « Yes, we can » d’Obama), mouvement espagnol présenté comme de « gauche radicale ».
En la matière, Podemos et son chef, le politologue Pablo Iglesias, font fort. En fait de société « civile », ils ont recruté une personnalité de choix, placée en position éligible en Aragon, le général Jose Julio Rodriguez.
Le personnage n’est pas un obscur général de brigade repenti sur le tard dans l’antimilitarisme. Pas du tout ! Jose Julio Rodriguez, 67 ans, général d’aviation, jeune retraité, n’est autre que l’ancien chef d’état major de la Défense, le plus haut poste militaire du pays, exercé sous le gouvernement Zapatero.
Rodriguez a débuté sa carrière dans l’armée de Franco qu’il a servie dans l’ancienne colonie du Sahara Occidental. Puis, comme on dit, il a gravi tous les échelons jusqu’à commander le corps expéditionnaire espagnol envoyé en Afghanistan en supplétif de l’armée américaine. En lien direct avec le commandement de l’OTAN, il a été en responsabilités pour l’armée espagnole dans les guerres d’Irak et encore de Libye en 2011.
La droite crie à la trahison. Mais Rodriguez ne se renie pas. Ce serait plutôt Podemos qu’il faudrait accuser de trahison, du moins de tromperie. Pendant un temps, ce mouvement attrape-tout a voulu suivre les mouvements d’opinion hostiles aux interventions militaires espagnoles à l’étranger (maintenant réduites) et à la présence de bases de l’OTAN dans le pays. Aujourd’hui, l’équipe menée par Iglesias nourrit une aspiration plus élevée, celle de l’accession au pouvoir. Pour cela, il faut se ménager l’électorat de droite, qu’elle convoite aussi, mais surtout les puissants d’Espagne, de l’UE et de l’OTAN.
Podemos veut donner des gages à l’OTAN et à l’UE. Rodriguez est explicite : « Nous allons respecter les décisions de l’OTAN. Nous nous engageons pour une défense européenne globale car là est l’avenir » (Journal El Pais – 5 novembre).
En cas d’avènement au pouvoir, Pablo Iglesias a annoncé qu’il nommerait Rodriguez ministre de la défense : ce serait la première fois depuis Franco qu’un militaire exercerait un tel poste politique !
Décidément, les affinités entre Podemos et Syriza, entre Iglesias et Tsipras, que certains politiciens français érigent en modèle de « gauche », sont grandes. Dès son élection en Grèce, Tsipras a nommé ministre de la défense son partenaire d’extrême-droite Pammenos. Des manœuvres aéronavales inédites avec les Etats-Unis et même Israël ont été organisées. Etc.
Le Parti communiste espagnol continue, quant à lui, de revendiquer la sortie de l’Espagne de l’OTAN.