DÉCOMPOSITION CORSÉE, par Floréal
Ainsi donc, dans un quartier populaire d’Ajaccio, une bande d’abrutis dangereux a attiré des pompiers dans un guet-apens et les a odieusement rossés et blessés. Plus facile pour ces minables de s’attaquer lâchement aux travailleurs du service public que de contester politiquement la riche bourgeoisie d’Ajaccio, l’U.E. capitaliste et la France de plus en plus américano-formatée de Neuilly-sur-Seine…
Aussitôt connue cette agression de bas étage, de francs racistes et islamophobes (ou alors ce terme doit être rayé du vocabulaire !) ont attaqué en réunion… une mosquée en ciblant nommément nos compatriotes musulmans et en blessant certains d’entre eux qui n’avaient strictement rien à voir avec le guet-apens tendu aux pompiers. En termes clairs, cela s’appelle un pogrom antimusulman !
Dans ces conditions il n’est que plus scandaleux de voir que, avec un sens rare de l’à-propos, et même si son papier indécent a, dit-il, été écrit avant les évènements d’Ajaccio, l’éditorialiste de Corse-Matin (l’édition locale du très réactionnaire Nice-Matin) qui est aussi, par un heureux effet dû au cumul de fonctions cher à certains, le correspondant du Monde en Corse, titre à boulets rouges sur… le « racisme anticorse » ; et cela au seul motif que plusieurs hommes politiques – à l’exception de Hollande (mot dont l’étymologie néerlandaise veut opportunément dire plat pays…) – ont condamné l’incroyable déclaration de guerre à la France, à la Constitution, à la langue française, à la loi, mais aussi aux élus et aux Corses fidèles à la République, qu’a constitué l’hyper-agressif discours prononcé en corse par Talamoni, avec son appel même pas voilé à l’indépendance et sa demande de libération pour des individus accusés pour certains de crimes de sang. Ainsi donc, dire pis que pendre dans une enceinte républicaine de la France – à laquelle tant de Corses ont sacrifié leur vie pour libérer l’île du joug mussolinien – et tolérer le fait que nombre de murs sur l’Île soient pollués du très « humaniste » slogan I.F.F. (I Francesi Fora, Les Français dehors, ou en clair : la Corse aux Corses !), s’assoir arrogamment sur la loi – ce qui mènerait en prison n’importe quel communiste qui en ferait autant – tout cela semble bénin à Albertini… Alors que répliquer VERBALEMENT et POLIMENT, d’une manière factuelle et argumentée à la mise en scène provocatrice de Talamoni devant l’Assemblée de Corse, comme l’ont fait, chacun à sa manière, Chevènement ou le PRCF, ce serait du « racisme anti-corse » accompagnée de « flatulences », car c’est ainsi que parlent désormais des gens qui écrivent pour le « Monde »… On se demande au passage de quel châtiment, terrible de préférence, serait au juste passible ce « racisme anti-corse » imaginaire dans la future Corse « indépendante » (de Paris, pas de Bruxelles et de Berlin !) et ô combien « libérale », au sens que le grand patronat et les promoteurs immobiliers donnent à ce mot – que nous annoncent les Talamoni, Siméoni et leurs braves admirateurs du « Monde » ?
Ça ne vient pas une seconde à l’idée du journaliste du Monde – le révérencieux quotidien d’Alain Minc toujours aux avant-postes de l’auto-phobie nationale – que le discours ultranationaliste de Talamoni et de ses pareils (même si hypocritement ils dénoncent les excès trop voyants résultant de leur posture politique irresponsable) puisse déboucher sur du racisme antifrançais et plus encore, car ces derniers sont minoritaires dans l’île, donc bien plus fragiles, sur du racisme anti-arabe et antimusulman (alors même que le drapeau accaparé par les nationalistes corses représente une tête de Maure !!!) ?
Redisons cependant combien il serait faux de culpabiliser la Corse et les Corses en général dans la montée de cet identitarisme FASCISTE à plusieurs têtes – car le mot fascisant est désormais trop faible pour désigner cette xénophobie virulente. Le danger principal pour la nation française en crise et pour tous ceux qui vivent sur son territoire, y compris pour les Corses vivant en Corse ou ailleurs, est à Paris où le MEDEF ne sait plus que faire pour exiger à coup de Manifestes le démontage de l’Etat–nation, réclamer la casse des acquis sociaux du CNR, revendiquer la « reconfiguration des territoires », les « Etats-Unis d’Europe », le passage au tout-anglais (« FREE CORSICA » voit-on ridiculement sur certains monuments corses : manifestement, l’indépendantisme ne va pas jusqu’à demander que la Corse se rende indépendante de Washington et de la langue unique que l’Empire impose au monde !) voire « l’Union transatlantique ». Le danger principal est aussi à l’Elysée puisque, de Jospin à Hollande, les gouvernements maastrichtiens successifs ont accepté de fait de négocier avec le séparatisme violent, ont toléré la sortie du territoire corse de l’Etat de droit (le fait que bien d’autres territoires que la Corse aient subi le même sort n’a rien de rassurant !) ; pis, ils ont encouragé le dé-Maastri-cotage de la République une et indivisible avec la contre-réforme territoriale qui « länderise » notre pays à l’allemande, ou avec la Charte européenne des langues régionales qui, loin de permettre l’épanouissement complémentaire du français et des langues régionales dans le cadre de l’école républicaine, vise surtout à désétablir le français, « langue de la République » aux termes de la Constitution, et socle du vivre et lutter ensemble cher au mouvement ouvrier et aux vrais républicains.
Et tout cela alors que les autonomistes et autres séparatistes – fondus en un seul bloc électoral lors des Régionales – représentent une minorité des Corses (sans parler de la masse des Corses qui vivent sur le continent ou qui y ont fait souche depuis des générations), que le corps électoral corse avait refusé par référendum la fusion des deux départements en une seule collectivité territoriale (qu’on leur impose désormais avec la régionalisation, comme on l’impose aux Alsaciens qui avaient dit non eux aussi par référendum !) et que le peuple français dans son ensemble a dit non à la Constitution européenne supranationale, donc non aussi et a fortiori à une Europe fédérale des régions, lesquelles seraient des proies faciles pour l’Empire européen piloté depuis Berlin… et pour les sociétés transnationales agissant dans le cadre du « TAFTA » sous le couvert d’une langue unique euro-mondiale qui est pour elle une formidable moyen de contourner le contrôle populaire !
Il serait incomplet de ne pas signaler que le Front (ANTI-)National, qui n’invoque la France que pour promouvoir sa xénophobie d’ultra-droite, courtise les séparatistes en Corse ; d’ailleurs, il se dénomme « Fiamma corsa » en Corse en abandonnant la langue nationale pour se présenter aux élections : exactement comme Marion Le Pen flirte avec les identitaristes nissards et comme Marine Le Pen voisine avec les nostalgiques du Reich antifrançais, anti-wallons et anti-langue française du Vlaams Belang au parlement supranational. Ce parlement européen auquel elle émarge grassement, en tant qu’eurodéputée au lieu de boycotter les élections supranationales !
Rappelons à tout ce petit monde que le généreux Pascal Paoli fut robespierriste, rousseauiste, universaliste et républicain, que l’ultracentralisation de la France au 19ème siècle ne fut pas l’œuvre des « jacobins » persécutés, ni celle des Communards massacrés, mais bel et bien celle d’un certain Napoléon Bonaparte… puis de son neveu Napoléon III.
En réalité, l’avenir de la Corse, comme celui de la Bretagne, de l’Alsace, des Pyrénées Atlantiques et des Pyrénées Orientales, etc., ne passe pas par la SANGLANTE régression, digne des Guerres de religion d’autrefois, que serait l’éclatement communautaro-régionaliste de notre pays ; un futur digne pour tous les jeunes de notre pays passe au contraire par le TOUS ENSEMBLE et EN MEME TEMPS DES TRAVAILLEURS et par le Front antifasciste, Patriotique et Populaire pour l’indépendance. Pas l’indépendance de la Corse par rapport à « Paris », car que pèserait Ajaccio face à l’Axe Berlin-Washington ? Mais l’indépendance reconquise de la France dans son ensemble par rapport à l’UE du capital pour marcher au socialisme et, dans le cadre de cette dynamique authentiquement résistante et révolutionnaire, réduire les inégalités, relancer l’emploi productif et les services publics, rendre tous les jeunes Français capables de maîtriser leur langue nationale commune et leur histoire (et pourquoi pas une langue régionale pour tous ceux qui le souhaitent ?), bref, pour RECONSTRUIRE LA FRANCE DES TRAVAILLEURS chantée par Jean Ferrat, cette France qui souffre, qui peut de moins en moins de moyens s’exprimer dans « Le Monde » et « Corse-Matin », et qui se retrouve toujours unie, dans l’histoire multiséculaire de notre pays, contre l’exploiteur et contre l’oppresseur, et cela en toute fraternité avec les travailleurs venus d’ailleurs.
C’est cette France des travailleurs qu’il faut arracher à la spirale de mort ouverte par l’euro-désintégration de notre langue commune, du « produire en France » et de nos acquis sociaux et dans la montée du parasitisme dévastateur du tout-financier, du tout-tourisme, du tout-immobilier… En avant vers la République sociale, souveraine, une, laïque et indivisible, diverse également, populaire et démocratique, en marche vers le socialisme avec un puissant secteur public et nationalisé planifiant le développement équilibré, industriel, agricole, éducatif, etc. de TOUTES les régions françaises avec du TRAVAIL correctement payé et une vraie place dans la société pour tous les jeunes de Corse et d’ailleurs !