La situation en Corée ne tombe pas du ciel. Elle est le résultat d’une longue histoire particulièrement lourde et meurtrière. Occupation brutale et cruelle par le Japon depuis 1910, résistance contre l’occupant animée au premier rang par les communistes. A la fin de la deuxième guerre mondiale Kim Il-sung , chef de file du Parti communiste et héros reconnu de la lutte pour l’indépendance et l’unification du pays, prend la tête du pays au Nord et les Américains installent un gouvernement dictatorial de collabos des Japonais au Sud (comme ils l’ont fait en Grèce après la défaite des Allemands). Ceux qui pesteront une décennie plus tard contre le prétendu « mur de la honte » à Berlin, mis en place pour stopper la déstabilisation économique de la R.D.A., n’ont jamais protesté contre la frontière fortifiée qui s’étend en Corée sur le 30ème parallèle, un « mur » qui a été mis en place par les États-Unis.
Le Nord veut l’unification du pays, comme le voudra Ho-Chi-Minh au Viêtnam. Les accusations sur » l’invasion » du Sud par le Nord ne tiennent pas : quand un pays est divisé par une armée étrangère, tenter de le libérer et l’unifier n’est pas une invasion mais une libération !
C’est le début de la guerre de Corée. Elle s’achève après un conflit terrible où les États-Unis envisagent l’utilisation de la bombe atomique par la voix du général Mac-Arthur… Entre 4 et 5 millions de morts civils essentiellement dus aux bombardement massifs des Américains sur une population de 30 millions d’habitants.
La Corée est coupée en deux : le Sud qui connait une suite de gouvernements dictatoriaux à violence variable, le Nord avec un régime socialiste dont les caractéristiques nationales peuvent surprendre parfois des militants ouvriers français dont l’héritage remonte à la Révolution et aux Lumières ; mais Lénine a toujours demandé que l’on distingue entre l’essence universelle du socialisme et ses formes historiquement, culturellement et géographiquement variables.
En 1992 Kim Il-sung tend la main aux E-U : il propose de renoncer à exiger le départ des troupes US du Sud de la Corée en échange d’une garantie que les E-U ne remettent pas en cause l’existence de la Corée populaire. Bush père refuse la main et le régime coréen du Nord en tire la conclusion que l’impérialisme US veut profiter de la disparition de l’ U.R.S.S. pour rayer la RPDC de la carte en profitant des catastrophes naturelles à répétition qui ont affligé la Corée du nord (très montagneuse, avec fort peu de terres arables).
C’est l’attitude belliciste et incendiaire des États-Unis qui explique la volonté du Nord de se doter d’une arme de dissuasion atomique, d’autant que la direction du PC Chinois semble miser sur une insertion de la Chine populaire dans la mondialisation capitaliste.
Quant à la situation interne de la RPDC l’économie nord-coréenne va mieux, Kim Jong-un a consolidé son pouvoir, il a amélioré ses relations avec le Japon qui a levé certaines sanctions, il a réglé le contentieux avec la Russie sur la dette (Poutine a effacé 90% de cette dette) » analyse le directeur du Centre des études nord-coréennes à l’institut Sejong à Séoul. « Kim Jong-un essaie d’améliorer les relations avec la Corée du Sud et aimerait apaiser les tensions avec les E.-U. » estime un autre expert sud-coréen de l’Université de Séoul.*
Les médias occidentaux n’en diabolisent pas moins la RPDC oubliant que la Corée du Sud est surarmée, que les Américains y maintiennent 29000 hommes et qu’au Sud, les lois anti-ouvrières et les dispositifs liberticides ne font que s’aggraver (cliquez ici).
L’impérialisme U.S., en refusant d’entamer un vrai processus de négociation et de paix, représente l’obstacle principal à la normalisation des relations entre les deux Corées et il est bien évident que le but poursuivi est de conserver un point de tension permanent avec la Chine avec une plate-forme militaire permanente d’agression contre la R.P.C.. Et c’est bien la politique belliciste des États-Unis qui suscite la politique défensive de Pyongyang : au demeurant, en quoi ceux qui tolèrent qu’Israël viole le traité de non-prolifération des armes nucléaires pour menacer en permanence ses voisins, seraient-ils bien placés pour accuser Pyongyang de fabriquer une arme nucléaire ? Rappelons en outre qu’en fait de bellicisme atomique, le seul pays qui ait utilisé l’arme atomique en Asie, très exactement à Nagasaki et à Hiroshima, s’appelle les États-Unis d’Amérique…
Quant au gouvernement français, une fois encore, il brille par sa stupidité, par son atlantisme servile et par son extrémisme obtus. Il ne reconnait pas la RPDC adoptant ainsi une position de guerre froide qui révèle le courage et la lucidité politique de nos dirigeants, calomniant par médias interposés et ignorant un pays qui défend sa souveraineté très chèrement acquise, et s’aplatissant à force de servilité et de lâcheté devant les régimes fanatiques de Ryad ou de Doha, financiers mondiaux du terrorisme intégriste. Ce qui dérange Hollande, Valls et Cie, ce n’est donc pas, C.Q.F.D., que la Corée du nord soit « totalitaire », c’est seulement qu’elle défende son droit à disposer d’elle-même et à maintenir sa voie non capitaliste de développement : assez de « deux poids, deux mesures » !
Les communistes de France renouvellent leur solidarité anti-impérialiste et internationaliste avec le peuple coréen et son parti du travail de Corée et ils appellent à développer la solidarité avec les syndicalistes et les progressistes persécutés par le fascisant régime de Séoul.
La Commission internationale du PRCF – 13 janvier 2016
* lire l’article de Martine Bulard « La réunification de la Corée aura-t-elle lieu » in Monde Diplomatique de janvier 2016.
Tout faire pour la paix et le dialogue dans la péninsule coréenne
Le début d’année 2016 a été marqué par une nouvelle escalade des tensions dans la péninsule coréenne : après que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a revendiqué le test réussi d’une bombe à hydrogène le 7 janvier 2016, les États-Unis ont envoyé un avion bombardier dans le ciel de la Corée et font pression pour un nouveau renforcement des sanctions contre la RPDC, laquelle est pourtant déjà le pays le plus sanctionné au monde, au moment où les sanctions sont levées contre d’autres pays réputés ennemis des États-Unis.
Par ailleurs, les États-Unis n’ont toujours pas donné suite à la proposition, exprimée de longue date par la RPDC, d’un traité de paix dans la péninsule coréenne, alors que la guerre de Corée (1950-1953) s’est achevée par un simple accord d’armistice, sans mécanisme de sécurité qui permettrait de favoriser le dialogue et empêcher les accrochages meurtriers qui font toujours des victimes de chaque côté de la frontière inter-coréenne.
Fondée en 1969 par des personnalités de divers horizons politiques pour favoriser la paix et la réunification de la Corée, et œuvrer au développement des échanges entre la France et la Corée – toute la Corée – dans tous les domaines, l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) réaffirme sa conviction qu’il n’y a pas de fatalité au cycle réitéré des escalades et des sanctions, sanctions dont la mise en œuvre touche d’abord, sinon exclusivement, la population nord-coréenne.
Tel est le sens du combat que l’AAFC mène pour un traité de paix en Corée, lequel exige :
- de rouvrir des pourparlers multilatéraux sur la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne, conformément à l’accord sur la réconciliation, la non-agression, les échanges et la coopération, signé en 1991 par les Corée du Nord et du Sud ; ces discussions doivent reprendre sans conditions préalables ni exclusives, avec comme objectif la levée des sanctions contre la RPDC, des garanties de sécurité et un désarmement réciproque, alors que l’article 6 du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires prévoit que les États déjà dotés de telles armes lors de la signature du traité s’engagent sur la voie du désarmement ;
- de mettre en place un dialogue entre Washington et Pyongyang abordant ouvertement la question d’un traité de paix et créant un climat de confiance, grâce notamment à ce canal de communication direct entre les deux pays ;
- de voir la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, s’engager, éventuellement aux côtés de ses partenaires européens, comme partie aux pourparlers multilatéraux pour la paix et la dénucléarisation en Corée, en franchissant, pour ce qui la concerne, le pas de l’établissement de relations diplomatiques complètes avec la RPDC dans l’intérêt mutuel des deux pays.
L’Association d’amitié franco-coréenne continuera d’agir, comme elle le fait depuis 46 ans, pour la paix en Corée, en Asie et dans le monde.
Paris, le 21 janvier 2016
Merci de cet éclairage