Notre patriotisme contre votre patrouillotisme
(réponse au Figaro)
« Contre vous la France est levée / Ainsi que son rouge drapeau ».
Jean-Baptiste Clément
Signe des temps, Le Figaro ne fait plus dans le libéralisme no borders mais se drape de bleu blanc rouge pour mieux sonner le clairon.
Puisqu’il faut parler de la nation pour justifier la répression anti-syndicale et l’état d’urgence, ils retrouvent les accents aigres et acrimonieux des éternels émigrés de Coblence qu’ils n’ont cessé d’être, ceux qui n’ont « rien appris ni rien oublié ».
La nation, cela fait belle lurette qu’ils n’en ont plus le moindre souci, mais ils s’en sentent toujours les propriétaires, exclusifs. Elle leur appartient ; comme les rois ont « fait » la France, comme Louis XIV a « construit » Versailles, etc.
La gauche (qu’ils confondent avec le gauchisme) ne défend plus la nation, c’est ce qu’ils annoncent en meilleure place, à l’occasion de la mise en valeur d’un de leurs auteurs maison.
Et leur plumitif (un certain P.-F. Paoli) de fustiger « une certaine gauche qui a toujours couvé, en son sein, un esprit de trahison – que l’on se souvienne des porteurs de valise du FLN ».
Si c’est pour vous trahir que de ne pas dénier à l’Algérie son droit à l’indépendance, si c’est pour vous trahir que de s’opposer à la politique coloniale de la France (ruineuse autant que honteuse), alors il n’y a plus de discussion possible avec nous.
Vous n’aurez qu’à ressortir les gégènes et nous, nous prendrons le maquis.
Vous prenez par cette phrase la lourde responsabilité d’enrégimenter vos troupes (et avec quel mépris pour l’intelligence).
Vous vous faites les héritiers « en ligne droite » des Thierry Maulnier, des François Coty, de ceux qui criaient « communistes pas Français ».
Vous n’aurez jamais le peuple de France avec vous, vous n’aurez que la patrouille, celle des paras, et la trouille, la grande trouille des possédants. C’est-à-dire ce que Rimbaud appelait le « patrouillotisme » et qui est l’exact opposé de ce patriotisme populaire qui a veillé aux destinées de la libération des peuples, en URSS, en Chine, à Cuba, au Vietnam et dans la Résistance française.
Vous prétendez nous exclure de la Nation. Mais que faites-vous pour la défendre, vous qui ne cessez de la diviser entre « bons » et « mauvais » Français, entre possédants et dépossédés? Vous qui écartelez notre République une et indivisible avec votre Union européenne, ses grandes euro-régions, et la démolition des communes.
La bourgeoisie, jadis révolutionnaire, a pu contribuer à renforcer la Nation. Aujourd’hui, si elle ne joue qu’un rôle de parasitaire-propriétaire, elle ne sera bonne qu’à disparaître en tant que classe.
Et alors la Nation vivra.
Aymeric Monville, pour Initiative communiste.