Voulant séduire la droite et l’extrême droite faute de satisfaire le mouvement ouvrier, Hollande s’est lancé dans un processus scabreux visant à constitutionnaliser l’état d’urgence (encore un bond en avant pour les libertés !) et à déchoir de leur nationalité française les binationaux convaincus de menées terroristes.
Le brouillon personnage qui régit l’Elysée a ainsi ouvert une nouvelle boîte de Pandore : car la part minoritaire des députés PS qui n’a pas encore tout renié s’est récriée contre une mesure qui déchirerait l’égalité de principe entre Français (un binational n’est pas un semi-national). D’où les valses hollandiennes et les contorsions vallsistes pour rétablir un semblant d’égalité citoyenne au moyen de l’absurde revendication, ô combien motivante, de la… « déchéance nationale pour tous » ! Mais un autre obstacle surgissait alors : la déchéance d’un mono-national le rendrait apatride, ce qui est contraire aux engagements internationaux de la France.
Pour finir, on a une droite sarkozyste qui soutient Hollande par tropisme xénophobe, une autre droite qui vote contre le projet Hollande pour régler des comptes avec Sarkozy et une « gauche » qui vote pour le projet afin de ne pas désavouer « son » président ; enfin on a une gauche un peu plus décente qui vote contre parce que, de A à Z, ce projet est dangereux, indécent, et que – même si trop de progressistes hésitent encore devant ce mot – il participe de la fascisation galopante de notre pays… tout en dopant le FN qu’on prétend combattre !
Bien entendu, pendant qu’on « débat » à perte de vue sur le projet hollandien, la politique française au Proche-Orient, en Ukraine, en Libye, au Mali, s’enfonce dans l’ornière néocoloniale, hyper-atlantiste et criminogène.
Bien entendu, Valls, Macron, Touraine et Cie persévèrent dans leurs attaques antisociales sous les surenchères ultra-patronales (faut-il dire « macronales » ?) de la droite et du MEDEF.
Bien entendu, l’euro-austérité continue d’enrichir les « marchés » tout en appauvrissant les couches populaires et moyennes et en plombant la reprise économique.
Bien entendu, la prétendue « lutte contre le chômage » de Valls-MEDEF continue d’alimenter la course à la précarité, la destruction des statuts, des conventions collectives et du Code du travail. Sans créer un emploi en plus, bien au contraire, puisque plus les patrons palpent, plus le sous-emploi s’étend.
Bien entendu, le produire en France agricole est en passe de rejoindre dans la grande fosse commune de Maastricht l’industrie nationale, les services publics, la retraite à 60 ans, l’Université à la française et la pêche artisanale…
Bien entendu, dans l’indifférence de la quasi-totalité de la « classe politique », extrême gauche comprise, l’arrachage linguistique de la langue française au profit du tout-anglais avance chaque jour à pas de géant.
Bien entendu, les braves « frondeurs » socialistes n’ont pas une minute à consacrer à la dénonciation de cette broutille : la prochaine et intégrale réintégration de la France dans l’OTAN, avec la perspective, ô combien « nationale », du triomphal retour en France des G.I.’ chassés naguère par Charles De Gaulle.
Bref, quand ils disent, sans s’entendre parler, « déchéance de nationalité pour tous », les gens au pouvoir ne croient pas si bien dire : tant cette expression glaçante dit vrai du train général d’auto-phobie nationale et d’autodestruction qui détruit notre pays.
Alors, plus que jamais, en exigeant les quatre sorties (euro, UE, OTAN, capitalisme) et sans baisser la garde contre les faux souverainistes de la droite ultra, il revient aux travailleurs, militants franchement communistes et syndicalistes de classe en tête, de briser l’étau qui strangule la France entre le broyeur maastrichtien à deux pinces (faux socialistes et faux républicains) et le talon d’acier de la xénophobie d’Etat.