Occitanie, Nouvelle Austrasie, Hauts de France, et pourquoi pas Burgondie, le redécoupage en Länder de feue la République française « une et indivisible » issue de 1793 s’accompagne d’un tripatouillage verbal qui tente d’inscrire dans la symbolique collective le dépeçage euro-régionaliste du territoire national :
-le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, ce « plat pays » par excellence, est rebaptisé Hauts de France. Gommé le Nord prolétarien de Guesde et de Lafargue, enterré le Pas-de-Calais des mineurs rouges, dissoute la très républicaine Picardie ouvrière et paysanne. Fi du département de Robespierre (né à Arras) et du mineur communiste Thorez (né à Noyelles-Godault) ! Fi du Picard Saint-Just, l’Archange de la Révolution et de l’Amiénois Babeuf, fondateur du premier parti communiste de l’histoire avec sa Conspiration pour l’Egalité (1796) ; évacuées de la mémoire les premières « jurées-communes » picardes, qui secouèrent le pouvoir des prélats à Laon ou à Beauvais ! Obsolète la Grande Jacquerie antinobiliaire qui, partie de Douai, fit brièvement jonction en 1358 avec l’insurrection parisienne d’Etienne Marcel… Qu’importe : Hauts-de-France, cela flatte la France d’en haut même si, incidemment, cela transforme en Bas-Français les citoyens vivant au Sud de l’Oise…
– L’Occitanie, pourquoi pas, sauf que l’aire de l’aire de la langue d’Oc était bien plus étendue au Moyen Âge… et que le but cherché par les notables « occitans » et « catalans » est surtout de flatter les régionalistes qui, sous couvert de condamner « Paris » et d’entretenir des ressentiments remontant au 13ème siècle, veulent s’arrimer au Sud des Pyrénées dans la perspective antinationale et ultralibérale de l’ « Europe fédérale des régions ». A l’arrière-plan de cela, la Charte européenne des langues régionales chère à Hollande, qui substituerait à la citoyenneté française universaliste née en 1789 le micro-découpage du peuple français en minorités ethno-linguistiques. Des minorités réactionnaires qui, à défaut de contester le tout-anglais du Grand Marché Transatlantique, rejettent déjà à demi-mots le français, langue constitutionnelle de la République, comme ne s’en cachent même plus les séparatistes corses de Talamoni…
– et le plus beau pour la fin : la « Nouvelle Austrasie » qui désignerait le Grand Est et dont le nom nous ramène en-deçà de… Charles Martel, lequel avait réunifié la Gaule éclatée des Mérovingiens finissants. Ah, l’heureux temps des Austrasiens, quand les rois francs de dialecte germain siégeaient à Aachen (Aix-la-Chapelle) et que les batailles incessantes avec les Neustriens et les Burgondes ruinaient régulièrement artisans et manants…
Au-delà de ces dénominations carnavalesques dont notre peuple sous-estime peut-être la portée régressive, qu’il s’agisse surtout pour nous de refuser la contre-réforme territoriale et la désastreuse loi Notre, d’appeler la France à sortir de cette destructive UE supra– et infranationale et d’inviter les travailleurs à virer les nouveaux féodaux qui se partagent la France en niant les identités, nationale et de classe, qu’avaient forgées des siècles de luttes progressistes.