"Nous ne devons pas flatter la jeunesse" (Lénine), Par ARIS
Disons le franchement: voir, avec "Nuit debout", une partie de la jeunesse, encore extrêmement faible, dont la sociologie est à observer (quelle est la participation de la jeunesse populaire des quartiers par exemple?), se réunir sur les places de nos villes pour échanger, débattre, lutter, rêver d’un autre monde que celui du capitalisme meurtrier, du capitalisme terroriste, du capitalisme destructeur des êtres humains et de leur environnement, cela nous fait franchement plaisir.
Nous n’aimons pas récupérer et flatter comme certains, nous voulons débattre, organiser et lutter. Donc tout en félicitant ceux qui participent à cet engagement sympathique nous devons éviter qu’après une phase euphorique le soufflet ne retombe. C’est cela la responsabilité politique telle que nous la concevons
August Bebel, grande figure du socialisme allemand, avait coutume de dire " Quand nos ennemis de classe me félicitent, je me demande quelle bêtise j’ai pu dire". Ce réflexe, les jeunes des "Nuit debout" doivent l’acquérir car comment ne s’interrogeraient ils pas devant la déferlante médiatique bienveillante dont ils sont l’objet, alors que le syndicalisme de classe ou les militants franchement communistes sont méthodiquement censurés dans les médias
Partout dégouline le sucre écœurant de la flatterie. Pourquoi ?
Parce que ce mouvement "n’a pas de revendications", parce qu’il est "contre les organisations", parce qu’il est "libertaire", parce qu’il rejette "les recettes du passé", parce qu’il est "antimarxiste", parce qu’il « se méfie des syndicats » (et non de leurs directions conciliatrices, ce qui serait fort juste), parce qu’il veut faire "comme Podemos", parce qu’il est « pro-européen », et nous pourrions ainsi continuer la litanie.
Et il est vrai que cette petite musique se fait entendre dans ce mouvement, la petite musique de l’apolitisme, du spontanéisme, de l’anarchie, de l’euro-constructivisme, autant de maladies que le mouvement ouvrier et populaire a connues et vaincues, mais qui ressurgissent forcément dans les phases de recul et de contre-révolution. Ces idées entraîne des positionnements qui méritent la critique. Non pour condamner les "Nuits debout" mais pour rappeler que le capitalisme ne sera pas renversé sans que le monde du travail ne prenne sa place centrale dans la lutte : et pour cela ne négligeons pas le lieu central de l’affrontement de classes entre capital et travail qu’est l’entreprise. Oui à la lutte des « Places »… si elle conforte la lutte des classes, pas si elle prétend s’y substituer !
Que la jeunesse rassemblée sur les Places, si elle veut être réellement rebelle, s’inspire du militant syndicalise suédois-américain Joe Hill qui quelques heures avant son exécution par l’appareil répressif étasunien écrivait à ses camarades de l’IWW : " Ne perdez pas de temps dans le deuil. Organisez-vous ! ".
Lire à ce sujet la critique qu’en défense du syndicalisme revendicatif de classe et de la nécessaire organisation politique du combat, G. Gastaud a produite, sur le site du PRCF d’un texte de F. Lordon intitulé « nous ne revendiquons rien ». Ce texte a aussi été diffusé sur le site Agoravox, sur Le Grand Soir et sur le site de faire vivre et renforcer le PCF.