Déclaration de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, et de Jo Hernandez, responsable Luttes, 19 mai 2016, 21 h 20.
Ce soir, 19 mai, TF1 et France II ont surenchéri dans la minimisation et la caricature des mobilisations populaires contre la loi Travail : mais qui croit encore que nous vivons dans un régime démocratique où les médias servent la vérité ?
Plusieurs remarques sur les mobilisations :
- L’Etat policier s’appesantit: à Lille par ex., les paisibles camionnettes syndicales ont été fouillées avant le départ de la manif ! Dans quel but, sinon celui d’humilier les syndicats représentatifs ? Cela ne signifie pas que les exactions contre les biens et les personnes commises en marge des manifs par des individus non identifiés (ou trop identifiés ?) soient tolérables et les syndicats ouvriers font bien de remettre en place de vrais services d’ordre capables de sécuriser les manifs à la fois contre les provocateurs et contre les intrusions de l’Etat policier.
- Les manifestants sont encore plus nombreux et combatifs que la semaine dernière. Les slogans claquent sans discontinuer, les manifestants serrent les coudes et n’acceptent pas que les manifs soient à nouveau coupées par la police utilisant le prétexte que leur offre l’intrusion des provocateurs.
- A l’arrière-plan des manifs, la grève des cheminots et les blocages des routiers, marins et personnels des aérogares et des raffineries se mobilisent aussi. Déjà des ports, des aéroports et des zones industrielles sont bloquées (c’est ce que font régulièrement en Belgique les syndicalistes FGTB, qui ne passent pas tous pour des bolcheviks !) et le grand patronat européen, dont la France désindustrialisée est devenue la plate-forme logistique, commence à trembler pour la seule chose qui l’intéresse : ses superprofits.
Quelle force si les travailleurs des transports – secteur devenu stratégique en France – ceux de la mer, de l’Aéroportuaire, du Rail et de la Route, se concertaient pour bloquer « tous ensemble et en même temps » les bases du profit capitaliste qui strangule notre peuple : cela frapperait la classe capitaliste, aujourd’hui si arrogante, non seulement dans notre pays mais en Europe occidentale. Et ce serait archi-légitime puisque la prétendue « loi El Khomri », de même que le « Job Act » (que c’est beau la langue de Dante !) de Renzi, le premier ministre transalpin, transpose en droit français l’euro-diktat du 15 juillet 2015 appelant à déréglementer le marché du travail dans nos pays.
- Initialement proposée par le PRCF, l’exigence monte dans les manifs : comme y appellent les Goodyear, il faut tous converger vers Paris avec une grande manif combative. C’est nécessaire pour lancer la grève générale que soutiendraient les Français (dont 70% rejettent la loi Travail – et bien plus sûrement encore chez les ouvriers, étudiants, lycéens, employés, petits fonctionnaires…) et faire entendre les mots d’ordre « grève inter-pro pour nos acquis sociaux ! », « ils cassent not’ pays, bloquons leurs profits ! ». C’est indispensable pour lancer une contre-offensive du camp progressiste en se rassemblant sur les lieux de travail pour dresser nos cahiers de revendications (salaires, conditions de travail, emploi, services publics, protection sociale…) et remettre en cause l’ensemble des contre-réformes maastrichtiennes de l’UE, ce cartel des grands capitalistes coalisés pour casser les peuples souverains et les conquêtes sociales de chaque peuple. C’est également nécessaire pour raviver l’Europe des luttes et stopper le martyre des pays de l’Est et du Sud de l’Europe.
Ne nous laissons pas intimider par la censure grossière des grandes radios, télés « publiques » et privées aux mains du pouvoir et du grand patronat. Ils mentent parce qu’ils ont peur de notre force ! La victoire est possible contre le honteux projet UE-Valls-MEDEF et la contre-offensive peut changer le rapport des forces entre, d’une part, le capital, ses gouvernements successifs et son UE de malheur, et d’autre part le camp du travail, du progrès social et de l’indépendance nationale : travailleurs du public et du privé, lycéens et étudiants futurs salariés précaires, retraités, chômeurs, français ou immigrés. Sans oublier les petits entrepreneurs de la ville et de la campagne, pris à la gorge par l’euro-mondialisation capitaliste.
Oui les travailleurs des transports, s’ils clament ensemble « M.A.R.R.E. ! » (Mer, Air, Rail, Route, ENSEMBLE), peuvent « tirer » l’ensemble des salariés et au-delà, tous ceux qui saisissent que, dans le cadre du capitalisme et de son UE, une agonie sans fin attend la France des travailleurs… et sa jeunesse précarisée : elle est là la vraie violence, et elle est procède avant tout du système capitaliste en crise systémique !
Communistes, portons ensemble ce message d’union et d’action sous les deux drapeaux révolutionnaires du peuple français, le tricolore, issu de notre grande Révolution jacobine et plébéienne, et le rouge, hérité de la Commune de Paris et frappé de l’emblème ouvrier et paysan du Congrès de Tours !