Alors que la répression anticommuniste en Pologne frappe de plus en plus violemment les camarades polonais, Zbigniew Wiktor, professeur de sciences politiques à Wroclaw, fondateur et ancien président du Parti Communiste de Pologne répond aux questions de Georges Gastaud (traduction MF pour www.initiative-communiste.fr)
Z Wiktor : voici les réponses que je peux apporter aux camarades en France, s’agissant des poursuites judiciaires contres les camarades communistes polonais, sur la nature du régime au pouvoir à Varsovie, sur la situation du mouvement communiste en Pologne et la situation politique actuelle.
1 – Le jugement rendu contre nos quatre camarades de Dąbrowa Górnicza est actuellement contre la rédaction du mensuel du CC du KPP « Brzask ». Ces camarades restent membres dirigeants de la plus haute instance (CC) du KPP. Un camarade habite à Wroclaw. La direction du KPP a fait appel de ce jugement auprès du haut tribunal du district de Katowice. C’est pourquoi une nouvelle procédure publique sera engagée auprès devant le tribunal du district. Pour le moment la direction du KPP a décidé de ne pas donner plus d’information personnelles sur les camarades.
2 Le régime polonais peut-être décrit au mieux comme crypto-fasciste (fasciste). Le fascisme clérical a déjà existé parexemple en Slovaquie (1939-1944), lorsque des prêtres avaient des positions à la tête de l’état.
Il s’agit en Pologne d’une autre situation pour ce qui concerne les liens entre l’église et l’état. Officiellement, l’état et l’église sont séparés du fait de la constitution et les Evêques comme les prêtres n’ont pas
de fonction étatique. Cependant, l’église a ses fonctionnaires catholiques dans l’armée (aumôniers) et dans les unités militaires (régiments) ainsi que dans la police et chez les pompiers. La religion est enseignée dans les crèches publiques, ainsi que dans les écoles, collèges et lycées publics, cependant pas dans les universités et établissements supérieurs.
La vie publique reste en Pologne sous la grande influence de l’église catholique, en particulier le parti actuellement au pouvoir a reçu un important soutien de la part de l’église catholique.
3-Le KPP est contre l’UE et considère l’UE comme un instrument politique du grand capital européen, en particulier allemand pour éliminer les droits sociaux, économiques de la classe ouvrière et des autres travailleurs. Nous pensons que le continent européen doit être changé par un mouvement révolutionnaire et le combat, menant à une union socialiste des nations et des peuples indépendants. Une alternative bourgeoise est le changement de l’Europe en dictature fasciste.4-Les perspectives du mouvement communiste polonais sont actuellement limitées en raison du pouvoir total de la bourgeoisie (en particulier le capital étranger) sur l’économie, la politique, dans la vie idéologique, la culture, également en raison du rôle croissant de l’église catholique ainsi que des médias bourgeois de masse. Beaucoup de jeunes gens ont émigré, environ 2.5 millions. Cependant, le KPP se bat quand même pour organiser le prolétariat polonais contre le capitalisme, pour le socialisme avec le mot d’ordre : « la tête haute, pas les mains! ».
5-Actuellement le parti réactionnaire catholique et conservateur « Droit et Justice » a gagné les élections parlementaires et dispose de la majorité absolue au parlement. Cependant,la moitié de l’électorat ne s’est pas rendue aux urnes, donc ils restent passifs. En réalité Parti PIS a le soutien de 18 % de la population. Le parti a obtenu la majorité absolue (50 % + 5 députés) grâce à la méthode d’Hondt de répartition des mandats
[explication ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Scrutin_proportionnel_ plurinominal#M.C3.A9thode_de_ Jefferson_ou_m.C3.A9thode_d. 27Hondt] Les partis et groupes sociaux-démocrates veulent également un « capitalisme humain et démocratique », et ont de ce fait été rejetés par les électeurs. Ils n’ont désormais plus aucun siège au parlement.
L’opposition réelle est constituée des vieux libéraux (« Plateforme citoyenne ») , qui appartient au parlement européen au parti populaire européen, et des nouveaux libéraux-modernes, qui sont de purs exécutants du grand capital. Ces deux partis organisent avec le soutien de groupes plus petits une résistance libérale-capitaliste sous le nom: « Comité de défense de la démocratie KOD ». Ils amènent la population dans la rue, en particulier la dite classe moyenne. Sa résonance dans la classe ouvrière est absolument nulle.Encore une fois les meilleurs voeux socialistes du KPP pour les camarades et amis du PRCF. Désolé pour les fautes de langue. Zbigniew Wiktor, Pologne, Wrocław, den 17.VI.2016.