Le 4 juillet 2016, le dirigeant syndical sud-coréen Han Sang-gyun a été condamné à 5 ans de prison à l’issue d’un procès inique.
le crime de Han Sang-gyun est en effet insupportable aux yeux du régime autoritaire sud-coréen : avoir osé organiser les plus grandes manifestations qu’ait connues la République de Corée depuis des décennies, notamment le 24 avril 2015 et le 1er mai 2015, pour demander le retrait de la réforme du code du travail.
Le Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud (CILD) avait appelé à la libération de Han Sang-gyun, avant même que le verdict ne soit prononcé, en relayant et faisant signer une pétition initiée par les Coréens d’Allemagne : Signez la pétition pour libérer Han Sang-gyun !
Une pétition relayée par www.initiative-communiste.fr site web du journal du PRCF
depuis cette condamnation la mobilisation internationale s’organise :
- Plus d’informations sur https://solidaritecoree.wordpress.com
Libertés syndicales : la CGT solidaire de la KCTU
La CGT condamne la criminalisation des syndicalistes en Corée du sud
Le 4 juillet 2016, la Cour de Séoul a condamné Han Sang-gyun, Président de la Confédération coréenne des syndicats, KCTU, à 5 ans de prison et 500.000 won d’amende. Comme premier dirigeant de la KCTU, il assume la responsabilité des actions syndicales organisées à l’automne 2015.
La sentence a obéi aux requêtes du gouvernement suite aux rassemblements syndicaux et manifestations de protestation en 2015. En particulier, le 14 novembre 2015 à Séoul, les plus de 100.000 manifestants ont été accueillis par des gaz lacrymogènes, des canons à eaux et 20.000 policiers
Résultat des dizaines de blessés ont été enregistrés dont certains gravement et des plaintes contre 585 dirigeants et adhérents de la KCTU dont 20 sont actuellement incarcérés et en attente des condamnations. Lee Young-joo, Secrétaire général de la KCTU est réfugié au siège de l’organisation depuis le décembre 2015. A la suite de la condamnation de Han Sang-gyun, les dirigeants et militants syndicaux coréens ont été condamnés à leur tour à des peines allant de 8 mois à 3 ans de prison.
La CGT apporte sa solidarité totale à la KCTU
La CGT apporte sa solidarité totale à la KCTU, ses dirigeants et ses militants confrontés à une attaque sans précédent visant à criminaliser l’action syndicale en Corée du Sud et empêcher les salariés et leurs organisations à exprimer leurs protestations et revendications. Elle soutient la lutte des syndicalistes en Corée et condamne l’évolution anti syndicale du gouvernement de Corée du Sud qui vise à renforcer le pouvoir des Chaebol, les grands conglomérats coréens qui dominent l’économie.
Les sentences contre les dirigeants de la KCTU et de ses organisations affiliées comme la KPTU, Fédération des services publics et des transports, montrent que la Cour est soumise aux priorités du gouvernement et des employeurs coréens.
La répression ne peut pas être la réponse aux désaccords et aux revendications des salariés. Elle appelle le gouvernement à lever toutes les charges contre les syndicalistes, stopper les actions pour empêcher les activités syndicales légitimes et pacifiques et cesser la criminalisation des militants et dirigeants syndicaux.La CGT soutient la lutte pour le respect de la législation du travail de Corée et des conventions internationales du travail. Elle s’associe à la pression de l’ensemble du mouvement syndical international avec la CSI et les Global Unions pour la levée des charges contre les syndicalistes coréens qui n’ont fait que défendre les droits et libertés fondamentales des travailleurs.
La CGT restera aux côtés des syndicalistes coréens et du monde entier pour poursuivre la lutte pour la levée des sentences et la libération des militants syndicaux dans les actions qui seront organisées dans les semaines à venir.
CGT – 13 juillet 2016
Corée du Sud. La peine de prison prononcée contre un dirigeant syndical porte un coup à la liberté de manifester pacifiquement – Amnesty International
La condamnation d’un dirigeant syndical à cinq ans d’emprisonnement illustre une fois de plus l’intensification des attaques du gouvernement contre le droit à la liberté de manifester pacifiquement en Corée du Sud, a déclaré Amnesty International lundi 4 juillet.
Lundi 4 juillet, le tribunal du district central de Séoul a condamné Han Sang-gyun, président de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU), pour son rôle dans l’organisation de plusieurs manifestations. La plus en vue a été le « Rassemblement populaire » du 14 novembre 2015, majoritairement pacifique.
« Han Sang-gyun est la dernière victime en date de la répression de plus en plus implacable menée en Corée du Sud contre l’opposition pacifique. Sa condamnation est injuste et honteuse », a déclaré Arnold Fang, spécialiste de l’Asie de l’Est à Amnesty International.
« La peine prononcée porte un coup terrible au droit à la liberté de réunion pacifique, en dissuadant les autres personnes qui voudraient organiser des manifestations. En aucun cas les organisateurs ne doivent être tenus pour responsables des actes de ceux qui sabotent une manifestation pacifique. »
En requérant huit ans d’emprisonnement, le ministère public a souligné que, Han Sang-gyun étant dirigeant syndical, ses actions devaient être considérées comme des « méfaits » de la KCTU et de l’ensemble du mouvement syndical, et non comme des actes commis uniquement à titre personnel.
Des dizaines de milliers de manifestants ont participé au « Rassemblement populaire » de novembre dernier contre le gouvernement, au cours duquel des affrontements ont eu lieu entre police et manifestants. La police a eu recours à une force excessive lors de ces manifestations majoritairement pacifiques, notamment en utilisant des canons à eau, et des manifestants ont été blessés. Quelques rares participants étaient armés de tuyaux en métal et de tiges de bambou taillées en pointe.
Un rassemblement pacifique ne perd pas son caractère pacifique du fait de violences sporadiques ou du comportement illicite de certaines personnes. Si une minorité de manifestants agissent de façon violente, la police doit faire la distinction entre ceux-ci et les autres lors des opérations visant à rétablir l’ordre public.
La police a arrêté Han Sang-gyun en décembre 2015, lorsqu’il s’est livré de son plein gré après s’être réfugié dans un temple du centre de Séoul pendant 25 jours, à la suite du « Rassemblement populaire ». Il a été inculpé de diverses infractions allant de l’outrage à des fonctionnaires au blocage de la circulation.
L’arrestation et la détention de dirigeants syndicaux, de syndicalistes et d’autres manifestants ne se sont pas limitées à Han Sang-gyun. Plus de 500 membres de la KCTU ont été convoqués par la police en raison de leur participation au rassemblement, dont 13 ont été jusqu’à présent condamnés à des peines de huit à 18 mois de prison.
« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions doivent être libérées immédiatement et sans condition. La Corée du Sud doit cesser de persécuter des personnes qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique », a déclaré Arnold Fang.
Dans un rapport sur la Corée du Sud présenté à l’issue de sa visite dans ce pays en janvier 2016, Maina Kiai, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d’association, a indiqué que le fait d’accuser des manifestants de certaines infractions pénales, telles que le blocage de la circulation, criminalisait de fait le droit de réunion pacifique.
Amnesty international 4 juillet 2016