Le conseil d’administration d’EDF SA s’est donc prononcé pour la construction des réacteurs nucléaires d’Hinkley Point. Un chantier de plus de 22 milliards d’euros pour la construction de deux centrales nucléaires de type EPR. Cela malgré la démission d’un des administrateurs nommés par l’état actionnaire, Gérard Magnin, dénonçant une décision tournant le dos à l’engagement de l’état de construire en France la transition énergétique, et l’opposition des salariés de l’entreprise semi publique. L’intersyndicale CGT, FO et CGC s’est prononcé contre ce chantier.
Cette décision est sans surprise: pour l’emporter et contrer le vote des représentants des salariés le PDG d’EDF Jean Lévy devait seulement compter sur l’appui de quelques uns des cinq membres dit « indépendants » du conseil d’administration : Philippe Crouzet de Vallourec, Bruno Lafont de HolcimLafarge (CAC40), Laurence Parisot de l’Ifop (ex patrone du MEDEF), Claire Pedini de Saint-Gobain (CAC40), et l’indépendante Colette Lewiner (Administratrice de Nexans (CAC40), Eurotunnel, EDF, Bouygues (CAC40) et Ingenico, conseillère du PDG de Capgemini (CAC40)). Indépendants vous avez dit ? le conseil d’administration d’EDF est surtout composé de représentant du CAC 40. Dix administrateurs ont voté pour, sept contre.
L’appel du PRCF pour constituer un grand pôle public de l’énergie
La décision du Conseil d’Administration d’EDF de construire deux réacteurs EPR en Angleterre est suicidaire.
Cet énorme investissement à haut risque hors du territoire national, alors que l’entreprise est surendettée et que tant de besoins sont insatisfaits en France, montre que le pouvoir veut en finir avec la logique du service public et qu’il privilégie la logique européenne de concurrence entre monopoles transnationaux plutôt que la relance du produire en France.
Pour la transition écologique, pour l’indépendance et la sécurité énergétique, pour l’emploi, oui il y a urgence à renationaliser EDF et GDF pour un grand pôle public de l’énergie. C’est d’ailleurs ce que propose de longue date le programme candidat du PRCF
3.2 constituer un pôle énergétique 100% public fédérant EdF, GdF, Suez, AREVA et privilégiant la sûreté des installations, le contrôle citoyen, la recherche, des tarifs bas pour les particuliers et les PME créatrices d’emplois
8.1. Imposer la re-nationalisation franche d’EDF-GDF et construire un dispositif public uni, transparent et démocratisé (EDF/Suez-Areva) de production et de distribution d’énergie; dynamiser la recherche sur le traitement des déchets nucléaires, sur la fission, sur la sécurisation maximale des centrales; mettre en place une filière française de sécurisation et de démantèlement des centrales; diversifier les sources d’énergie; explorer la possible exploitation du charbon français par gazéification en profondeur. Relancer l’électricité d’origine hydraulique.
Services publics, emploi industriel, salaires, retraites, défense du code du travail contre la loi travail: décidément les sujets de contestation ne manquent pas pour le tous ensemble de la rentrée!
communiqué du PRCF 29/07/2016
Les explications de la CGT FNME
ADOPTION DU PROJET HINKLEY POINT SI LE CONSEIL D’ADMINISTRATION D’EDF ADOPTE LE PROJET CONTRE L’AVIS UNANIME DES ADMINISTRATEURS SALARIES, LE GOUVERNEMENT BRITANNIQUE DECIDE LUI DE TEMPORISER JUSQU’A L’AUTOMNE !
communiqué CGT FNME 29 juillet 2016
Le Conseil d’Administration d’EDF vient d’adopter la décision d’investissement dans le projet controversé de deux réacteurs nucléaires d’Hinkley Point au Royaume-Uni. Ce vote intervient sans même attendre le résultat de l’action en justice de son Comité Central d’Entreprise (CCE).Ceci témoigne de l’absence de considération de la Présidence d’EDF pour le dialogue social, mais aussi du Président de la République qui a donné son feu vert à cette entrave.
Cette décision intervient alors que la filière nucléaire française a d’autres priorités que mobiliser ses ressources financières sur ce seul projet dans un contexte d’incertitudes et de risques renforcé par le Brexit. Elle survient alors que la National Audit Office, équivalent britannique de la Cour des Comptes, s’inquiète du coût pour le contribuable anglais du contrat de rachat garanti dont bénéficie Hinkley Point, démontrant ainsi la fragilité de ce contrat, pourtant censé être la pièce maîtresse du projet, de sa rentabilité et de son intérêt pour EDF.
Nos trois organisations syndicales ont mené une bataille acharnée contre le lancement précipité d’un projet dont nous savons que les conditions de réussite ne sont pas aujourd’hui toutes réunies. Outre les risques d’un financement en fonds propres à un niveau jamais atteint dans l’histoire d’EDF – qui plus est hors de France -, les incertitudes techniques liées au lancement du projet – avant même que le premier EPR ne soit en fonctionnement – comme le caractère irréaliste des délais de construction nous inquiètent fortement. Nous savons également que ces deux EPR britanniques, très onéreux et avec des caractéristiques particulières liées à la Grande-Bretagne, ne serviront en rien le renouvellement du parc nucléaire français.
En réalité, le gouvernement, tout à sa volonté de limiter la part du nucléaire en France, veut mettre en avant ce projet pour couvrir une politique énergétique indigente et faire croire qu’il a une politique industrielle à même de sauver la filière nucléaire. Au contraire, ce choix met en risque EDF et, au-delà, la filière nucléaire elle-même. La décision du Conseil d’EDF apparaît donc politique, traduisant sa volonté d’accompagner le gouvernement et non pas de défendre les seuls intérêts d’EDF. Pour nos trois organisations, la priorité d’EDF et de la filière nucléaire devrait être la réussite du grand carénage et la préparation d’un EPR optimisé destiné à assurer le renouvellement du parc français.
L’intersyndicale CGT CFE-CGC FO dénonce ce passage en force – inédit dans l’histoire de l’entreprise – alors que l’ensemble des administrateurs salariés ont voté contre un tel investissement. Elle soutient plus que jamais l’action du Comité Central d’Entreprise d’EDF qui a saisi le juge des référés – avec une audience prévue le 2 août – pour que celui-ci suspende la décision d’investissement jusqu’à ce que le juge rende sa décision sur le fond (audience prévue le 22 septembre). Car un tel projet ne peut se faire et réussir contre le corps social de l’entreprise !
Sitôt l’annonce faite par EDF de l’adoption du projet Hinkley Point par la majorité de son Conseil d’Administration, nous apprenons que le Gouvernement britannique se donne maintenant le temps de la réflexion jusqu’à l’automne. La précipitation d’EDF, la violation des droits du CCE… tout cela n’aura finalement servi à rien. Malgré nos multiples alertes, l’obstination dans ce dossier est affligeante. Oui, il était et il est plus que jamais urgent d’attendre !
Plus largement, nos trois organisations demandent plus que jamais au Gouvernement la mise en place d’une commission pour faire suite au rapport Roussely sur la filière nucléaire afin de donner un cap réaliste et partagé aux 220.000 salariés d’une filière qui constitue la troisième filière industrielle de France.
La France n’a aucune politique énergétique ! Sauf le dépeçage du service public par des opérations purement capitalistiques !
communiqué CGT FNME 28 juillet 2016
Le 28 juillet, le président d’EDF convoque un Conseil d’Administration pour la validation du projet britannique très controversé, Hinkley Point. Un projet évalué à 24 milliards d’euros a minima qui risque de plomber financièrement encore plus la filière nucléaire déjà fragilisée par le manque de stratégie industrielle.
Derrière ce projet, et on en parle très peu, en découle un autre, la vente des actifs de RTE filiale à 100% publique – 100% EDF. Réflexion qui tourne autour d’un consortium EDF 51%, la Caisse des Dépôts et Consignations 25% et Hydro-Québec 24%. Sans oublier d’autres montages possibles avec des opérateurs comme State Grid opérateur chinois, incluant des clauses de contrat telles qu’elles permettraient dans tous les cas qu’un repreneur même minoritaire puisse imposer ses options à l’entreprise.
L’ouverture du capital de RTE résulterait d’une décision purement financière et non industrielle alors que les réseaux de transport électrique, monopole naturel, constituent le nœud du système électrique. Une telle décision aurait des conséquences dramatiques sur le plan économique, social et industriel. Il entacherait notre indépendance énergétique et notre capacité à répondre aux besoins industriels et sociaux sans parler de la dégradation de la sûreté du réseau.
Cette vision financière, aux antipodes d’une politique énergétique industrielle, est totalement approuvée par le président Hollande et portée par le Ministre de l’économie Macron et le Président d’EDF dont les seuls intérêts se limitent au champ financier tout en abandonnant les intérêts de la nation et des usagers.
Concernant le projet Hinkley Point, la FNME CGT réfute tout passage en force au Conseil d’Administration du 28 juillet, alors qu’une instruction engagée par le CCE est en cours. Dans ce dossier structurant pour l’avenir du Groupe avec 24 milliards d’euros engagés dont 16 milliards à verser par EDF sur ses fonds propres, c’est toute la filière industrielle du nucléaire qui peut être remise en cause, avec son savoir-faire et ses emplois sur le territoire national.
Saisi par le Comité Centrale d’Entreprise pour obtenir les informations utiles et nécessaires afin de pouvoir rendre un avis éclairé et motivé sur ce projet majeur pour EDF et ses salariés, le TGI de Paris a fixé son audience au 22 septembre prochain. S’asseyant sur cette audience du TGI, Monsieur Lévy, soutenu par le Ministre Macron, qui a décidé de passer outre, est convoqué au tribunal le 2 août par plainte du CCE.
La FNME CGT reste toujours vigilante, habituée à ce que les mois de juillet et d’août soient propices aux décisions dont les conséquences sont généralement très néfastes pour les salariés, en leur absence.
Pour cette fin d’année, la FNME CGT sera en veille permanente car se dessine à l’horizon le traitement d’autres dossiers destructeurs du modèle énergétique Français. Sous couvert de la mise en œuvre de la loi de transition énergétique, elle aura à suivre la fermeture des centrales EDF au fioul, l’avenir du groupe AREVA, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la mise en concurrence des concessions hydro-électriques et le plan d’économie d’EDF de 1 milliard avec la suppression de 4 000 emplois en majeure partie dans le commerce et le tertiaire.
Il est temps que le gouvernement et les pouvoirs publics fassent le choix de réorienter la stratégie du Groupe EDF et plus largement des entreprises du secteur énergétique vers un projet industriel et social au service des usagers et de la Nation