Alors que les gouvernements de Hollande à la suite de ceux Sarkozy – serviteur zélés des ordres de l’oligarchie capitaliste et de son Union Européenne – s’applique à faire voler en éclat et disparaitre les conquis de la Résistance, une campagne nauséabonde se diffuse dans les médias – détenus ou contrôlés par la classe capitalistes, ses banquiers, ses hommes d’affaires et leurs relais politiques – pour réécrire l’histoire. Faire disparaitre la Résistance en France fait partie de cette opération. Pour comme le demandait sans fars le président du MEDEF Denis Kesler « revenir sur les résultats de 1945 ». Alors que l’Union Européenne allume avec l’OTAN les feux d’une offensive militaire contre la Russie, offensive militaire dont les bombardements dévastent déjà le Donbass depuis plus de deux ans, alors que partout la propagande anticommuniste, réhabilite les nazis pour mieux criminaliser les communistes et avec eux l’ensemble du mouvement social et démocratique, il n’est cependant pas possible de réécrire l’histoire à moins de faire taire ceux qui l’on faite. Léon Landini, résistant FTP-MOI, résistant hier comme aujourd’hui a écrit cette lettre ouverte, pour rétablir la vérité, lettre que la rédaction d’Initiative Communiste se devait de publier. Une lettre que chaque citoyen se devrait de diffuser.
Léon Landini est notamment l’auteur en 2015 aux éditions Delga de « Réponse à Michel Onfray et autres textes sur la résistance et l’engagement.
Stop aux mensonges sur la Résistance Française entre 1940 et 1945 – par Léon Landini
Il y a quelques jours j’écoutais d’une oreille distraite, des « historiens » qui débattaient de la Résistance Française à la télévision.
Même distrait, il y a une professeure (dont j’ai oublié le nom) qui a retenu mon attention. Elle a, à quelques mots près déclaré cela : « Lorsque l’on évoque la Résistance, on affirme souvent que beaucoup de français se seraient battus contre l’occupant, alors qu’en réalité, il n’y a eu que 8 % de Résistants »
Ce n’est pas la première fois que j’entends dire ces inepties, par de soit disant « spécialistes » de l’histoire contemporaine, mais qui n’ont de spécialistes que le nom.
Ancien Résistant, j’ai 91 ans et me voici à la fin de ma vie dans l’obligation d’intervenir une fois encore, pour corriger ces falsifications historiques qui n’ont qu’un but, amoindrir la Résistance du peuple français, afin de permettre aux adversaires du programme du Conseil National de la Résistance, de déclarer comme l’a fait le sinistre Denis Kessler (le patron des patrons, dirigeant du MEDEF), que ce programme n’était en fait qu’un arrangement entre gaullistes et communistes et qu’en conséquence il fallait le faire disparaître.
C’est en profitant de ces fausses affirmations que nos gouvernants œuvrent effectivement à faire disparaitre les conquis du programme du CNR et que l’étude de cette période de notre histoire n’est pratiquement plus enseignée dans nos écoles.
« relater cette période à nos enfants, cela obligeraient les professeurs à indiquer que les Résistants se sont battus pour une France Libre, Forte, Indépendante, Démocratique et Souveraine » le contraire de ce que « nos gouvernants nous imposent actuellement » : » l’assujettissement de notre pays à une Union Européenne et à son euro »
Il est vrai que relater cette période à nos enfants, cela obligeraient les professeurs à indiquer que les Résistants se sont battus pour une France Libre, Forte, Indépendante, Démocratique et Souveraine et que ce que nos gouvernants nous imposent actuellement, c’est-à-dire l’assujettissement de notre pays à une Union Européenne et à son euro, (choses que notre peuple avait largement rejeté lors du référendum du 29 mai 2005) ne correspond absolument pas à la France pour laquelle mes meilleurs camarades ont fait le sacrifice de leur vie.
Lorsque madame « la professeure » affirme, comme beaucoup d’autres falsificateurs de l’histoire contemporaine l’ont fait avant elle, que seulement 8 % des français ont combattu l’occupant, elle ne doit tenir compte que de certains chiffres émanent du Ministère des Anciens Combattants, chiffres qui ne peuvent désigner que ceux et celles qui ont obtenu la Carte de Combattant.
Toutefois, il est pratiquement impossible de dire exactement combien de Résistants il y a eu.
- Un exemple : fin 1943 et début 1944 je me trouvais en Creuse, les groupes de dix, quinze ou vingt maquisards, passaient régulièrement d’un village à l’autre. Ils étaient reçus par les habitants qui les accueillaient et les nourrissaient de 8 à 15 jours. Ceux et celles qui accueillaient les maquisards sont-ils comptés comme Résistants ? Pourtant tous ceux et toutes celles qui recevaient des maquisards savaient qu’ils prenaient de grands risques pour eux et pour leur famille. Les massacres effectués par les SS à Oradour sur Glane à Maillet ou à Tulle, étaient là pour leur rappeler que les risques encourut étaient extrêmes et que s’ils étaient suspectés d’abriter des maquisards tout leur village subirait le même sort. Cela étant, non seulement ils ne sont pas reconnus comme Résistants, mais jamais ils n’ont bénéficié d’une reconnaissance quelconque de la part de nos gouvernants.
- Des l’automne 1940 les mineurs du Nord Pas de Calais résistent à l’occupant nazi, défilant massivement le 11 novembre 1940. Au printemps 1941, sous l’impulsion des communistes, plus de 100 000 mineurs des bassins miniers du Nord se mettent en grève, 8 mineurs sur dix. La grève et les concessions obtenus de l’occupant prive l’Allemagne Nazie d’un charbon si précieux à son économie de guerre. La grande grève patriotique est sévèrement réprimée avec des milliers d’exécution et de déportations. Les centaines de milliers de mineurs, leurs familles, leurs soutiens sont-ils comptés comme résistants ?
- Par ailleurs en France, 75 mille juifs ont été durant toute la guerre, sauvés dans des familles d’accueils françaises, ces familles-là aussi prenaient de grands risques, ils savaient bien qu’en hébergeant chez eux des juifs ils risquaient leur vie et celle de leur famille. Pourtant, durant cette période en acceptant de faire courir de pareils risques à leur famille, Ils ont été l’honneur de notre pays. Et bien, non seulement ils ne sont pas reconnus comme Résistants, mais nos différents gouvernements, n’ont jamais eu le moindre geste pour les honorer un tant soit peu.
- En aout 1944, certains départements du sud-ouest de la France ont été entièrement libérés par des Résistants et plus particulièrement par les Républicains espagnols. Ont-ils tous été comptabilisé dans les 8 % ?
- Au moment du débarquement des alliées en Normandie, la Division de blindés, « S.S Das Reich », cantonnée dans le sud de la France, a reçu de Berlin l’ordre de se rendre le plus rapidement possible sur les lieux des combats. Hors, pour se rendre du sud de la France en Normandie le chemin le plus direct traversait le Limousin. Le plus direct peut-être, mais également probablement le plus dangereux, car dans le Limousin il y avait de nombreux Résistants. Des milliers et des milliers de Combattants de la Résistance s’opposèrent à eux. La bataille fut si dure que les SS avaient baptisés le département de la Corrèze « La petite Russie ». La Division SS dû batailler environ trois jours pour forcer ce barrage. Tous ceux et toutes celles qui portaient les armes à ce moment-là sont-ils comptés dans les 8 % ?
- Il est certain que si les maquisards ne les avaient pas bloqués, ils y avaient de forts risques pour que les troupes alliées soient rejetées à la mer, ce qui a d’ailleurs été reconnu par le Général Eisenhower. Le Général D. Eisenhower qui commandait les troupes Alliées débarquées le 6 juin 1944 en France, a estimé que la contribution de la Résistance Française à l’arrière des troupes allemandes, a représenté l’équivalent de 15 divisions (soit l’équivalent de plus de 200 000 soldats, à comparer au 86s divisions engagées dans la bataille de France en 1940 par la France, ou au 2 millions de soldats fait prisonniers en 1940 et au 650 000 hommes envoyés aux STO ndlr). Tous ceux qui combattirent les SS d’une façon ou d’une autre ont-ils vraiment tous été comptabilisés dans les 8% ?
- Dernier point, grâce à la Résistance Française, notre pays a été la seule Nation occupée par les forces nazies, à être présente le 8 mai 1945 à Berlin au moment de la capitulation sans condition des troupes allemandes. Si seule la France a été invitée ce jour-là, c’est que probablement les alliés ont considéré qu’elle avait pris toute sa place dans le combat contre le nazisme.
Vouloir aujourd’hui minimiser la Résistance française relève, soit de la méconnaissance du problème, soit d’une volonté délibérée de falsifier l’histoire de la Résistance Française dans le but de servir ceux qui veulent totalement faire disparaitre le peu qu’il nous reste des conquis du Programme du Conseil National de la Résistance.
Alors, Professeur ou non, avant de s’exprimer publiquement sur nos médias, ils devraient prendre la peine d’étudier sérieusement le problème et de ne pas affirmer n’importe quoi, en pontifiant.