Ainsi donc, le TTIP (traité de libre-échange transatlantique, TAFTA en anglais) négocié par-dessus la tête des peuples depuis 2013 entre les Etats-Unis et l’Union Européenne, s’appliquera à la France, que le peuple français le veuille ou non. Il ne s’agit pas là d’un délire complotiste : c’est le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker lui-même, qui l’a affirmé ce dimanche 4 septembre. Il ne s’agit pas d’un dérapage dû à une saute d’humeur, mais d’un principe : le 2 février 2015, le même Juncker avait déclaré dans lefigaro.fr : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Dès le début, les négociations du TTIP ont suscité des inquiétudes en raison de l’opacité qui les entourait. Cette inquiétude fit place à l’hostilité quand les premières fuites laissèrent entrevoir les conséquences qu’entraînerait sa ratification : fin de l’interdiction d’exploitation du gaz de schiste – désastreux pour l’environnement -, fin de l’interdiction du bœuf aux hormones et du poulet à l’eau de javel (autorisés aux Etats-Unis, interdits aujourd’hui en Europe), mise en concurrence (et disparition à court terme) des éleveurs européens avec les gigantesques fermes-usines d’outre-Atlantique, etc.
La campagne d’opinion qui s’ensuivit obligea certains négociateurs européens à se montrer plus prudents. Finalement, les représentants de l’Allemagne annoncèrent l’arrêt des pourparlers. Le 30 août, Mathias Fekl, Secrétaire d’État au Commerce extérieur, déclarait : « Les Américains ne donnent rien ou alors des miettes. Ce n’est pas comme cela qu’il faut négocier. » Immédiatement après, François Hollande, qui n’ose rien décider sans le feu vert préalable de l’Allemagne, déclarait que la France se retirait également de la table des négociations.
Aussitôt, Europe Écologie Les Verts, par la voix de José Bové – qui n’a toujours pas compris ce qu’était l’UE – se réjouissait bruyamment : « La mobilisation européenne massive a finalement payé, je m’en félicite. Après cette victoire nous devons maintenir la pression sur le pour qu’il s’oppose aussi à la signature de l’Accord avec le Canada, le CETA. » Comme EELV continue par ailleurs de soutenir le processus d’intégration européenne, nous sommes curieux de voir comment elle va concilier sa lutte contre le TIPP (dont Barack Obama a dit qu’il devrait entrer en vigueur avant la fin de son mandat en 2017) et son exigence de « réorientation progressiste de l’UE » (il va falloir faire vite : il reste un an…).
De son côté, Lutte Ouvrière défend également, à sa manière, l’intégration capitaliste supranationale sous prétexte d’anticapitalisme pur et dur : « Que les États-Unis et l’Europe parviennent ou non à un accord sur ce grand marché transatlantique, cela reste de toute façon une discussion entre bourgeois et cela ne changera pas grand-chose au sort des travailleurs. Qu’elle soit sanctionnée ou pas par un nouvel accord, c’est à la domination des grands groupes capitalistes, qu’ils soient américains ou européens, que les travailleurs devront s’en prendre. »
Quant au PRCF, il a toujours dénoncé le TIPP, et a immédiatement mis en garde contre la fausse résistance de Hollande sur son site : http://www.initiative-
VF pour www.initiative-communiste.fr
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restons sur nos gardes : « le #TAFTA n’est pas si mort que ça ! » pic.twitter.com/Cn0byuoT7I
— Isabelle (@ZabouF) 7 septembre 2016