« Ils ont été battus et forcé à faire de faux aveux. Beaucoup ont passés des années en prison. Certains ont été exécutés. Tous ont été oubliés pendant des années «
Ainsi parle le New York Times de prisonniers, de victime d’un régime dictatorial et totalitaire sur la péninsules de Corée. Le journal peut suspect de sympathie communiste ajoute d’ailleurs pour enfoncer le clou :
Pendant plus de six décennies, des centaines de personnes ont été arrêtées par le régime Sud Koréen et accusé d’espionnage pour la Corée du Nord, mais ensuite acquittées, la plupart du temps des décennies plus tard, bien après avoir subi de longues peines de prisons. Il n’y a jamais eu de bilan officiel du nombre de victimes, mais un nouveau film a documenté plus de 100 affaires, certaines d’entrainés impliquant de prétendus cercles d’espion avec de très nombreuses personnes
https://www.youtube.com/watch?v=LEemF5K3Y0Y
En 2014, les services de renseignement sud-coréens (National Intelligence Service, NIS) ont fabriqué des preuves à charge contre un réfugié nord-coréen en Corée du Sud – Yoo Woo-sung – chargé des défecteurs nord-coréens à la ville de Séoul, afin de pouvoir l’accuser d’espionnage au profit de la Corée du Nord. Alors que les engagements de la Présidente sud-coréenne Mme Park Geun-hye de faire toute la lumière sur ce scandale n’ont pas été tenus, un film documentaire, réalisé par Choi Seung-ho, intitulé Spy Nation (La Nation Espionne), a mis en lumière les mécanismes de manipulation et de coercition employés par le NIS, ainsi que l’absence de contrôle démocratique d’une agence de renseignement toute-puissante – comme l’a montré un article de Brian Padden publié par Voice of America, et intitulé : « Spy Nation Film Alleges Abuse of N. Korean Asylum Seeker ».
Le scandale a été l’un des plus graves ayant affecté le NIS, ayant conduit à ce que le directeur du NIS Nam Jae-joon doive présenter des excuses, ainsi qu’à la démission d’un responsable du NIS, Yu Woo-sung ayant été acquitté.
Ce que montre Spy Nation – un film relevant du journalisme d’investigation, réalisé grâce au financement participatif – ce ne sont pas seulement la falsification de documents officiels par le NIS – et sa tentative de charger l’un de ses informateurs, qui a tenté de se suicider – mais aussi la manière dont le NIS ne respecte pas les droits fondamentaux des demandeurs d’asile nord-coréens. Ainsi, la soeur de Yu Woo-sung, Yu Garyeo, lorsqu’elle a demandé l’asile en Corée du Sud a été forcée de faire de faux aveux d’espionnage au profit de la Corée du Nord, impliquant son frère et elle-même, en ayant été frappée, menacée et soumise à un harcèlement continu.
Lui-même défecteur nord-coréen, Ahn Chan-il, qui dirige l’Institut mondial d’études nord-coréennes, observe que ces pratiques coercitives, sans être généralisées, sont acceptées et banalisées au nom de la lutte contre l’infiltration d’espions nord-coréens parmi les réfugiés au Sud de la péninsule.
La sortie du film Spy Nation intervient alors que le NIS est pointé du doigt en étant soupçonné d’avoir emmené de force en Corée du Sud des employées d’un restaurant nord-coréen à l’étranger, afin de manipuler l’opinion publique sud-coréenne à la veille des élections législatives (perdues par les conservateurs au pouvoir) en accréditant la thèse de « défections de masse » de Nord-Coréens. Les autorités nord-coréennes ont parlé d’enlèvements de leurs ressortissantes, leurs demandes de confrontations entre les jeunes femmes en Corée du Sud et leurs familles restées au Nord ayant été rejetées.
Le film ne semble pas être au programme de l’une des près de 6000 salles de cinéma française d’après le portail d’info AlloCiné. La démocratie et le pluralisme du capitalisme illustré ainsi à nouveau.
Le film n’est sorti que sur 3 écrans en Corée du Sud….