Pôle position – Le PRCF commente l’actu et appelle à l’action sur le site d’IC – Par Floréal, 1er novembre 2016.
« VINCI AIRPORT », qu’ils disent !
Comme chacun sait, Hollande et Cambadélis sont censés nous protéger des horreurs néolibérales (bien réelles !) que nous prépare la droite.
A preuve des bonnes intentions « protectrices » du PS, la privatisation des aéroports de Lyon et de Nice qui serviront à des « actions stratégiques » (en clair, à mener les guerres impérialistes au Proche-Orient et en Afrique) et à « désendetter la France » (en clair, à renflouer la finance mondiale en vendant les bijoux de famille de Marianne).
Tant pis pour les personnels des aéroports, pour lesquels les privatisations apportent toujours plus de précarité et de surexploitation.
Tant mieux pour Vinci, usurpateur d’un grand nom d’humaniste, et pour les banques qui s’approprient d’une main les aéroports tout en récupérant l’argent public de l’autre main au titre du « désendettement ».
Et tant pis aussi pour la langue française : détail que nul ne remarque parmi les bonnes âmes de la gauche établie, c’est « Vinci AIRPORT » qui vient d’acquérir Nice. Car bien entendu, ça ne peut pas se dire dans la langue de Clément Ader et d’Hélène Boucher…
Faudra-t-il dire « naïce », et non plus « Nice », prochainement ?
Au fait, qu’en pense My Lords Ciotti and Estrosi, ces grands défenseurs de l’ « identité nationale » ?
« TAFTA », « CETA », MEME ARNAQUE
Après un baroud d’honneur surtout destiné à séduire l’électorat socialiste wallon tenté par le vote en faveur du PTB (Parti du Travail de Belgique, en pleine progression), le parlement wallon et son chef Magnette se sont aplatis comme le premier Tsipras venu.
Honneur toutefois au peuple de Wallonie qui a forcé ses dirigeants à coiffer le casque ailé d’Astérix pour feindre de s’opposer à l’Empire euro-atlantique ; alors que les « socialistes » français se sont à l’unisson couchés devant le CETA, cette avant-garde du TAFTA dévastateur.
Et dommage que presque personne n’ait signalé, là encore, les enjeux linguistiques proprement exterministes de ces traités transatlantiques, trans-pacifiques, etc. impulsés par Washington, qui du même mouvement, placent les peuples souverains sous la tutelle de tribunaux privés à la dévotion des multinationales, imposent l’anglais comme l’unique langue mondiale du « business », démolissent les acquis sociaux et les services publics, liquident les productions nationales et… enterrent la SOI-DISANT concurrence libre et non faussée (et avec elle, les PME) sous le rouleau compresseur des monopoles transnationaux.
Quant au PRCF il agit : notre camarade Pierre Pranchère, ancien député, et le PRCF-19 remettront très prochainement à M. le préfet de Tulle (ville emblématique des résistances d’hier et d’aujourd’hui) les milliers de signatures collectées par les militants du PRCF pour exiger un référendum sur l’UE.
Car le FREXIT progressiste est encore le meilleur moyen de contrer le TAFTA : LE TAFTA, ON N’Y ENTRE PAS ! L’UNION EUROPEENNE, ON EN SORTIRA !
LANGUE FRANçAISE, l’ASSASSINAT CONTINUE
Sur le plan international, on apprend que le ministre de l’Education tunisien compte remplacer à terme le français par l’anglais dans l’enseignement secondaire de son pays.
Comment la France officielle protesterait-elle ? Dans les entreprises publiques ou semi-publiques que contrôle l’Etat français (EDF, SNCF, Poste, Orange, France-Inter, France-Télévision, etc.), les enseignes illégalement nommées en anglais pullulent. L’ex-ministre socialiste Fioraso a décidé d’ouvrir en grand l’enseignement en anglais dans les universités françaises. Valérie Pécresse, qui a précédé Fioraso au ministère des universités en cassant l’Université à la française et en l’alignant sur le fonctionnement néolibéral cher aux Anglo-Saxons, veut relancer le tourisme en Ile-de-France (à défaut de relancer la PRODUCTION dans la région parisienne désindustrialisée) : pour cela, Lady Valery veut multiplier les cours d’anglais pour les chauffeurs de bus (mais l’idée ne lui vient même pas de proposer une initiation ludique au français aux touristes anglais visitant Paris…) et en introduisant un « City Pass » complétant le futur « Smart navigo » en cours de lancement. Quel mépris total pour la langue de notre pays… et pour ceux qui s’obstinent à la parler !
ET que dit la gauche établie face à ces attentats linguistiques quotidien qui visent à la fois le peuple et la nation ?
Que dit à leur sujet la gauche de la gauche ?
Que disent les communistes, à l’exception des militants du PRCF ?
Alors, est-ce le PRCF qui est « nationaliste » quand, à la suite d’Aragon, de Léo Ferré, de Félix Leclercq ou de Jean Ferrat, il défend notre langue et avec elle, la biodiversité linguistique mondiale menacée par la langue unique… ou ne sont-ce pas plutôt les censeurs habituels du PRCF qui devraient s’interroger un peu sur leur degré de colonisation mentale devant l’énormité de l’attentat culturel en cours contre notre peuple… et contre les autres peuples du monde ?
STATUT de la FONCTION PUBLIQUE : 70ème anniversaire ou veillée d’armes ?
Le statut de la Fonction publique, ce grand legs social et patriotique de Maurice Thorez, alors ministre d’Etat du gouvernement de la Libération, a été promulgué en octobre 2016 au moment même où les ministres communistes Ambroise Croizat (dont mon traitement de textes ne reconnaît pas le nom, bizarre, non ?) et Marcel Paul généralisaient les conventions collectives des travailleurs du privé, instauraient un Code du travail protecteur (déstabilisé par la loi Travail), la Sécu, les nationalisations, les retraites par répartition, le statut d’EDF et quelques autres « bricoles » dont aucun manuel scolaire ne daigne plus parler aux écoliers.
Il s’agissait pour Thorez (qui créa aussi, dans la foulée, le statut des mineurs, profession dont il était issu) de protéger les fonctionnaires contre les abus du « principe hiérarchique » qui les avait livrés aux diktats inhumains et racistes de Pétain. Thorez, qui était aussi le secrétaire général du PCF d’alors, voulait qu’à l’avenir, tout professeur, tout postier, tout percepteur, tout agent public en un mot, etc. pût servir la nation dans le respect des valeurs républicaines, au lieu de craindre à tout instant des représailles sur son emploi et sur sa carrière s’il ne servait pas servilement sa hiérarchie… Et à travers elles, les puissances d’argent, les Eglises, les potentats idéologiques, les cliques politiques et les baronnies locales… En un mot, le statut forme le socle juridique du « sens du service public » et de la remarquable incorruptibilité de notre administration qui furent si longtemps à l’honneur de notre fonction publique d’Etat.
Pour ne prendre que le cas de l’enseignement secondaire, c’est grâce à l’ensemble « concours national anonyme / Statut national / gestion paritaire des personnels / Bac national anonyme sur contrôle final (non local, ce qui le soumettrait à toutes les pressions) » que l’école publique peut réellement être laïque et, du moins dans ses formes, égalitaire. Que deviendrait par ex. ce qui subsiste de l’enseignement de l’histoire, du français, de la philosophie, voire (quand on mesure la prolifération des thèses créationnistes) des sciences naturelles ou de l’EPS, si les chefs d’établissement recrutaient… et licenciaient à leur guise des enseignants « jetables » en fonction des pressions des parents d’élèves bourgeois, des commandes du patronat du coin, des rapports de forces locaux, nationaux ou « européens » ? La liberté des profs réduite à rien, le « devoir de réserve » s’insinuant partout, qu’adviendrait-il alors de la liberté des élèves, de la formation par l’école de leur sens critique et de leur liberté de penser ?
C’est pourtant ce statut national que le PS ne cesse d’éroder avec l’aide de certains « syndicalistes », en transférant un maximum de pouvoir de l’Etat vers les chefs d’établissement locaux (par ex. l’évaluation purement locale des personnels enseignants : danger évident pour les syndicalistes et plus généralement, pour les « fortes personnalités »…), et que la droite – y compris la « moderne » N. Kosciusko-Morizet, veulent frapper d’obsolescence programmée. Il paraît que, par ex., recruter les enseignants futurs à l’échelle locale sous CDD ou sous contrat de cinq ans, comme dans les sacro-saints « pays anglo-saxons », cela introduirait une « respiration » dans l’Education nationale… Laquelle n’est pas asphyxiée par l’euro-austérité, comme chacun sait, ni par les milliers de suppressions de postes qu’elle induit sous les critères de Maastricht, mais par les droits (bien modestes en réalité !) des personnels. Ces personnels dont on bloque les salaires, dont on augmente le temps de travail, dont on décote les retraites et dont on alourdit sans cesse les conditions de travail en attendant de pouvoir les virer à plaisir…
En réalité, ce harcèlement anti-fonctionnaires, qui va de pair avec celui qui vise les chômeurs traités d’ « assistés » et des travailleurs « musulmans » stigmatisés comme « casseurs de la nation » par ceux-là même qui déménagent nos industries, vise – en cassant le statut national – à déstabiliser le syndicalisme des services publics qui est actuellement le rempart des luttes, et à aggraver la précarisation générale du salariat ; car dans le même temps, et avec l’aide de la CFDT, les néolibéraux du PS et des LR démolissent les conventions NATIONALES de branche pour là encore, augmenter le poids du patronat local sur les salariés. Bonjour le harcèlement moral au travail contre les « fortes têtes »…
Au final, avec d’ex-fonctionnaires précarisés, avec des chômeurs forcés de prendre n’importe quel emploi déqualifié ou de perdre leurs indemnités, avec des salariés du privé sur-précarisés, tous reculeraient dans cette affaire, sauf les capitalistes et leur Etat-patron/Etat des patrons… Les salariés ne pourraient plus faire grève ni manifester sans risquer leur emploi ou leur carrière comme c’est déjà le cas dans nombre de boîtes privées… Et la classe des travailleurs salariés dans son ensemble subirait alors une BAISSE DRASTIQUE DES SALAIRES et des QUALIFICATIONS, ce qui permettrait… une hausse massive du taux de profit capitaliste.
Avis aux salariés du privé qui abonderaient la campagne anti-fonction publique de la droite et du PS plutôt que de travailler au tous ensemble et en même temps de TOUS les exploités ! Avis aussi aux fonctionnaires qui continueraient à regarder la lutte contre la « loi Travail » comme une affaire « qui ne me concerne pas ».