Les mouvements de grève infirmiers se multiplient dans toute la France
Dans nos colonnes d’info Luttes et sur notre site Initiative communiste, nous l’avons régulièrement souligné, l’année 2016 a été pour les personnels de santé une année de souffrances dans l’exercice de leur métier, notamment à l’hôpital. Les infirmières, touchées par plusieurs suicides, se sont particulièrement mobilisées.
Au-delà des revalorisations salariales, c’est le manque de personnel qui n’a pas permis d’accorder du temps aux patients pour une prise en charge de qualité. Les restrictions budgétaires et les restructurations comptables en groupements hospitaliers de territoires (GHT), les fermetures de lits (100 000 en 10 ans) et les suppressions de postes des Plans de retour à l’équilibre (PRE), et le (« au ») plan triennal de 3,5 milliards d’économies sur les hôpitaux, auront pour conséquences, selon les syndicats, la suppression de 16 000 lits et de 22 000 postes. Suite aux importantes manifestations du 8 novembre 2016 du personnel de santé, la ministre, Marisol Touraine, a promis un plan d’amélioration de la qualité de vie au travail pour l’automne.
L’euro austérité continue de dégrader l’Hôpital Public pour accélérer la privatisation rampante de la santé
En vérité, ce n’est pas un plan d’amélioration de la qualité de vie au travail qui va être réalisé mais la poursuite d’une euro-austérité budgétaire et ce sont les patients, les agents hospitaliers, les professionnels de santé et d’action sociale qui vont payer le prix fort de la dégradation des conditions de travail, des diminutions d’effectifs et de l’impossibilité de fournir des conditions normales de prise en charge des patients et des usagers.
La loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2017 prévoit que 4 milliards d’euros vont être économisés au détriment du dispositif de soins public et des salarié(e)s qui y travaillent », dénonce l’intersyndicale FO, CGT et SUD de la Santé et de l’Action Sociale.
Et cela en application de la politique imposée par l’Union Européenne. Pour ceux qui en douteraient, il suffit de lire l’ordre donné en mai 2016 par la Commission européenne au gouvernement français d’accroître l’austérité frappant la Sécurité Sociale et l’Hôpital Public.
« Il n’est pas possible de réaliser d’importantes économies à court terme sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale qui représentent plus de la moitié des dépenses publiques (…) La France s’est fixée des objectifs ambitieux pour 2016 et 2017 afin de limiter la croissance des dépenses de santé. Ces objectifs pourraient être complétés par des efforts supplémentaires visant à identifier des gains d’efficacité sur le moyen à long terme. » Commission Européenne – GOPE – recommandation par pays concernant la France – mai 2016
Les propositions de la CGT
Des solutions simples existent pour financer immédiatement les hôpitaux sans toucher aux « grands équilibres » du budget de l’État :
- Suppression de la taxe sur les salaires (13,6 % du montant des salaires, comme pour les cliniques et les entreprises privées) ; les salaires représentent 66 % du budget des établissements publics de santé. Cela permettrait de créer 75 000 emplois dans les hôpitaux publics.
- Récupération de la TVA pour les investissements (comme pour les cliniques et toutes les entreprises privées), alors que le taux de TVA de 20 % frappent tous les investissements de l’hôpital public. Cela permettrait une modernisation sans précédent des hôpitaux sans pour autant augmenter la dette de ceux-ci.
- Possibilité d’emprunter à taux zéro auprès de la Caisse des dépôts… Plus de frais bancaires et d’intérêts à rembourser. Cette mesure redonnerait de l’indépendance financière aux établissements qui dépendent de plus en plus des banques.
Pour la commission santé et la commission luttes du PRCF, sortir de cette Euro-austérité et stopper la privatisation imposent de sortir de la dictature du Capital
Mais pour mettre en œuvre le plan d’urgence de sauvegarde des hôpitaux, nécessitant l’effacement de la dette et un grand plan de sortie de tous les emprunts toxiques à coût zéro pour tous les hôpitaux concernés impose de briser les chaînes de l’Union Européenne. Car l’austérité mortifère qui frappe l’Hôpital Public est bien le résultat des ordres de l’Union Européenne, ordres qui visent essentiellement à imposer par la dégradation du service de santé public sa privatisation. Rappelons que le budget de la SECU c’est plus de 450 milliards d’euros soit 22% du PIB. Un marché qui échappe aujourd’hui largement aux monopoles capitalistes. Ceux-ci aimeraient bien mettre la main sur les quelques 70 milliards d’euros de budget des hôpitaux. Avec un taux de marge de 3% (taux de marge actuel des cliniques privées en France nivelé très bas par la pression de l’hôpital public), c’est 2,1 milliards d’euros qui reviendraient ainsi directement dans les coffres de l’oligarchie capitaliste !
La santé est un droit, et la SECU le bien commun de tous les travailleurs en France. Des soins de qualité, de proximité, accessibles, sont un bien commun que nous devons protéger et développer. Nous faisons nôtres les paroles d’Ambroise Croizat (Membre du Conseil National de la Résistance, ministre communiste bâtisseur de la Sécurité Sociale à la Libération) à la création de la Sécu en 1945 : « chacun cotise en fonction de ses moyens et en bénéficie en fonction de ses besoins». Chacun doit avoir accès aux soins partout sur le territoire, dans un service public de santé, sans sélection par l’argent et par le lieu de résidence.
Jo Hernandez – Commission Luttes du PRCF
Retrouvez toutes les propositions du PRCF en matière de santé en lisant le programme du prcf
le 24 janvier 2017 rendez vous de 9h30 à 17h à la Bourse du travail de Paris pour les États généraux de la santé des travailleuses et travailleurs !
Revue de presse des grèves et manifestations :
Les grèves en cours
- Grève au SAMU de Gironde
- Grève aux urgences du CHU d’Angers
- Grève dans les hôpitaux de Chartres
- Grève à l’hôpital de Pontoise
- Grève au centre hospitalier des pays de Morlaix
A noter en dehors du secteur de la santé, l’importante grève dans les centres logistiques d’Amazon alors que débute les soldes
Revue de presse :
Grève nationale dans les hôpitaux publics le 7 mars 2017
Source : Branches Info & Tripalio
Suite au mouvement du 8 novembre dernier et à l’initiative des syndicats CGT, FO et SUD, les personnels des hôpitaux publics seront en grève nationale le mardi 7 mars 2017.
Ils dénoncent principalement la dégradation de leurs conditions de travail et le manque de moyens.
Les mouvements de grogne se propagent
Dans les centres hospitaliers de proximité comme dans les grands hôpitaux, les mouvements de grogne se multiplient. Après la mobilisation des personnels de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) le 15 décembre c’est à Rumilly (Haute-Savoie) que les personnels du centre hospitalier étaient appelés le 16 décembre par leur syndicat FO à la grève et à un rassemblement devant leur établissement.
Suppressions de postes en vue à Châtellerault
A l’hôpital de Châtellerault dans la Vienne, le syndicat FO se bat contre un plan d’économies qui pourrait entrainer la suppression de près de 150 postes sur trois ans. Tandis que le syndicat FO du centre hospitalier de Villedieu-les-Poêles (Manche) a dit lors d’une manifestation le 29 novembre sa crainte de la transformation de l’établissement en EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes), au détriment de l’accès aux soins de l’ensemble de la population du territoire. A Bray, dans l’Eure, les personnels étaient eux mobilisés le 10 décembre contre la menace de fermeture du service de médecine ambulatoire.
Urgences en grève au CHU de Nîmes
Dans le Gard, ce sont les personnels des urgences du CHU de Nîmes qui étaient massivement en grève le 13 décembre pour protester contre le déficit en effectifs du service. Quelques jours auparavant, le 8 décembre, FO avait réuni des personnels venus de douze centres hospitaliers et maisons de retraite du département devant l’Agence régionale de santé (ARS).
La mobilisation nationale dans le secteur de la santé le 7 mars sera aussi l’occasion de fédérer tous ces mécontentements.
Hôpitaux: un médiateur national nommé
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a nommé l’ancien directeur des hôpitaux Edouard Couty comme médiateur national, dans le cadre d’un plan d’action pour prévenir le malaise des soignants et les situations conflictuelles à l’hôpital, a-t-elle annoncé aujourd’hui.
Accusation de harcèlement, changements de poste imposés… « Certaines situations qui peuvent prendre la forme de conflits entre les personnes sont particulièrement complexes », a expliqué la ministre devant des directeurs d’établissements de la fonction publique hospitalière. Ces situations ne trouvant « pas toujours de solution au niveau local », la ministre a « souhaité instaurer un système de médiation au niveau régional et au niveau national, pour favoriser (…) la résolution des conflits par des pairs ».
La mise en place de conciliations locales et de médiations doit permettre d’intervenir sur ces conflits « au plus tôt, dans un cadre approprié, afin d’éviter leur aggravation et leurs conséquences en termes de risques psychosociaux », précise le ministère dans un communiqué.
En tant que médiateur national, Edouard Couty, conseiller maître honoraire à la Cour des comptes, est « chargé de préfigurer l’organisation de ces médiations qui sera ensuite formalisée par décret », est-il indiqué. La ministre a ajouté qu’il aurait « pour mission de mettre en place avant la fin du mois de janvier un comité national de pairs permettant d’examiner d’ores et déjà les situations » qui lui ont été signalées.
Cette nomination s’inscrit dans la stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé, dont le premier volet, adressé aux personnels hospitaliers, a été dévoilé début décembre. Ce plan prévoit notamment l’investissement de quelque 30 millions d’euros pour le déploiement, sur trois ans, de services de santé au travail dans chaque Groupement hospitalier de territoire (GHT) ou encore la formation des professionnels « à la détection des risques psychosociaux et à la gestion des équipes ». Il avait été promis en septembre après les suicides d’au moins cinq infirmiers pendant l’été.
Une mission nationale pour l’amélioration de la qualité de vie au travail sera par ailleurs « installée très prochainement », et étudiera « en concertation avec les acteurs », les préconisations d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) remis récemment à la ministre. Le second volet du plan, consacré aux professionnels libéraux, doit être présenté début 2017.
Clinique de l’Ormeau : une centaine de grévistes envahit la gare Matabiau à Toulouse
Source : France 3
L’action des grévistes de la Clinique de l’Ormeau à Tarbes a continué ce mercredi à Toulouse. Les manifestants se sont opposés aux forces de l’ordre et ont réussi à investir le hall de la gare et à bloquer les voies. Deux d’entre eux ont été blessés.
En début d’après-midi, mercredi, deux bus ont ramené de Tarbes une centaine de grévistes.
Malgré un cordon de police, les manifestants ont réussi à accéder au hall de la gare puis en passant par la cafeteria à occuper les voies. Le trafic ferroviaire a été quelque peu perturbé.
Les affrontements avec les forces de l’ordre ont été assez fermes et deux manifestants ont été blessés.
Après avoir renoncé à accéder à une clinique toulousaine du groupe, comme c’était prévu, ils ont distribué des tracts sur le boulevard devant la gare.
Échec des négociations
Les négociations avaient débuté mardi après-midi à la Préfecture de Région à Toulouse entre une délégation des salariés et Philippe Gravier,le PDG du groupe Médipôle propriétaire de la Clinique de Tarbes.
A aucun moment, la direction n’a accepté la proposition du médiateur quant au montant de la prime annuelle pérenne.
Les négociations ont cessé à deux heures du matin.
Ormeau : la CGT et les salariés grévistes dénoncent « une campagne de désinformation » de la direction
Source : La dépêche du Midi
Dans un communiqué publié ce matin, la CGT et les salariés grévistes dénoncent « la campagne de désinformation et les manoeuvres dilatoires » de la direction de la polyclinique : « Il faut que le groupe soit contraint par les pouvoirs publics de revenir à la table des négociations pour établir un protocole de fin de conflit sur les bases des dernières propositions établies en préfecture de région ».
Les salariés rappellent qu’ils ont bloqué la gare Matabiau à Toulouse, qu’ils ont tenté, en vain, de rencontrer le DRH du groupe Médipôle Partenaires au siège à Bordeaux puis qu’ils ont occupé la clinique de Saint Martin de Pessac avant d’être reçu par le DRH pour établir un protocole de fin de conflit. Mais sans attendre cette réunion, la direction a publié un communiqué dans lequel « elle retire ses propositions et accepte l’intégralité des propositions formulées par le médiateur ».
Quant à la proposition du maire de Tarbes d’organiser un référendum interne à l’établissement sur la reprise du travail, ils déclarent qu' »il a choisi son camp ». La négociation achoppe en particulier sur le montant de la prime pérenne : alors que les salariés demandent 800 €, la direction s’aligne sur le médiateur qui propose 700 €. Les salariés demandent aussi une rétroactivité de la RAG (rémunération annuelle minimale garantie) de 8,33 % au 1er janvier 2016 tandis que la direction reste sur un effet rétroactif au 1er juin 2016 comme proposé par le médiateur.
Pessac : le mouvement de grève se poursuit au service cardiologie à Haut-Lévêque
Source : Sud Ouest
Le mouvement de grève en cardiologie a débuté le 18 novembre. Il se poursuit. Les syndicats CGT et FO demandent l’embauche d’aides soignantes en service cardiologie
Cela fait près de deux mois, que les syndicats FO et CGT ont entamé un mouvement de grève au sein du service cardiologie de Haut-Lévêque. Ils ont obtenu l’embauche de deux infirmières mais réclament aussi le « renfort pérenne » de deux aides-soignantes.
Les grévistes prévoient de manifester ce vendredi à partir de 13h45 au niveau du rond-point devant l’hôpital côté tram. Ils distribueront de tracts explicitant leurs revendications.