La France à l’image de la plupart des pays des grands États capitalistes dominants traverse une crise générale, économique sociale, culturelle.
Depuis 30 ans, le peuple est de plus en plus victime d’une classe dominante qui dissout sans limite, à coups de privatisations, de lois anti-sociales, de délocalisations, les droits sociaux et les bases d’un système social français conquis par les travailleurs (retraites et sécu, statuts et convention collective, service public, éducation et transports…). Pour ce faire, la classe dominante pilote la construction européenne et la casse du pays (structures administratives, langue, histoire…) afin de construire un empire européen du capital totalement soustrait à l’influence des souverainetés populaires et nationales.
Cette guerre de classe a des conséquences terribles sur les conditions de travail et de vie du monde du travail : précarité, pauvreté, chômage de masse et surexploitation de la force de travail, inégalités insupportables, relégation des masses populaires dans les grands ensembles HLM et les zones périurbaines vidées peu à peu de tout service public…. Le tout dans un climat de dérive autoritaire et de fascisation (syndicalistes pourchassés, violences policières, état d’urgence sans fin, surveillance généralisée, assimilation du syndicalisme à du terrorisme…) et dans un climat de corruption et de promotion sans fin par tout l’appareil médiatique et culturel de la violence, de la bêtise, de haine de la culture et de la réflexion…
Cet état effroyable du pays se traduit par une crise politique explosive : abstention de masse, vote Le Pen à un niveau inquiétant, « alternance » se traduisant toujours par l’application autoritaire de la politique unique du capital.
C’est pourquoi, dans le cadre des élections présidentielles, les Fillon, Macron, Hamon ont tous à la patte le fil du capital, de l’UE et de l’OTAN et leur programme est directement écrit par le Medef et par l’UE, y compris l’ultralibéral revenu universel de base au rabais d’Hamon financé sur le dos des salariés, qui n’est que l’habillage « de gauche » de l’abandon de la revendication historique du mouvement ouvrier : le droit au travail pour tous à un vrai travail épanouissant et débarrassé de l’exploitation capitaliste.
Quant à Le Pen, elle est comme dans les années 30 la solution de rechange du capital en cas de durcissement de la crise sociale et politique, tenant un discours « populaire » pour mieux rabattre sur le capital et pour remettre « la France en ordre », à l’image de son fascisant ami Trump.
Seule la candidature « insoumise » de Jean-Luc Mélenchon affronte le PS sur sa gauche en ouvrant le débat sur la sortie progressiste de l’euro, de l’UE et de l’OTAN, en proposant l’annulation des contre-réformes (à commenter par la Loi Travail) et l’amnistie des militants syndicaux… Sur la guerre et la paix, Hamon et Mélenchon sont dans des camps opposés (sortie de l’OTAN pour le second contre défense européenne arrimée à l’OTAN pour le premier), c’est-à-dire se heurtent sur une question vitale qui est celle de la guerre et de la paix, notamment avec le peuple russe, contre lequel l’OTAN et l’UE concentrent des armements et des troupes notamment en Pologne.
En réalité, en France comme dans le monde entier, des USA aux Pays-Bas, les oligarchies capitalistes veulent prendre les peuples en étau entre des forces ouvertement réactionnaires (Trump aux USA, Le Pen et Fillon chez nous) et des forces euro-atlantiques grossièrement néolibérales et pseudo-« progressistes » (Clinton ou Obama aux USA, Macron-Hamon chez nous, etc.). Le but de cette tenaille politique internationale et nationale est d’empêcher l’émergence d’alternatives populaires, patriotiques, antifascistes et écologiques permettant aux travailleurs d’engager sur des bases larges la rupture révolutionnaire avec le capitalisme.
Dans cette situation de crise généralisée, le mouvement syndical a d’importantes responsabilités.
- Responsabilités vis-à-vis des luttes et des intérêts immédiats des travailleurs : alors qu’Air-France, EDF, la CGT-SEITA et les hospitaliers engagent l’action sans attendre les présidentielles car, il est dommageable que face à la droitisation forcenée de la vie politique nationale, les confédérations syndicales qui ont mené la lutte contre la Loi Travail restent aujourd’hui l’arme au pied alors que les Fillon et autres Macron multiplient les menaces contre les acquis des travailleurs du public et du privé, contre les chômeurs et contre les retraités, c’est sans attendre les « ordonnances » antisociales d’une brutalité inouïe qui peuvent frapper dès juin 2017 qu’il faut construire la convergence des luttes pour l’emploi, le « produire en France », les salaires, la protection sociale, les services publics, le logement, les libertés syndicales qu’étranglent les quelque 2000 procès intentés à de courageux militants CGT et SUD. Une convergence des luttes contre ce qui les fédère objectivement : l’euro-destruction de la France et la marche au Traité transatlantique, qui sont la source commune des délocalisations, des privatisations, des déréglementations, de l’ubérisation.
- Responsabilités politiques dans la tradition du mouvement ouvrier : la CGT a participé au Front Populaire en 1936, à la Résistance et à l’élaboration du programme politique « les jours heureux » du CNR… Il est nécessaire d’intervenir contre la guerre impérialiste qui vient à l’occasion de cette présidentielle hors-sol, d’autant plus que politique de guerre et euro-austérité sont directement liées.
Les syndicalistes de terrain savent aussi qu’il est a minima nécessaire de préserver un espace aux luttes à venir, ce qui suppose de sanctionner durement le parti « socialiste » et de le mettre hors d’état de se présenter en alternative progressiste. Il faut aussi tout faire pour fortifier une gauche populaire euro-critique et anti-OTAN sur laquelle les luttes auront de quoi s’appuyer.
Pour toutes ces raisons, la commission luttes et les syndicalistes du PRCF appellent leurs camarades de la CGT, de la FSU, de FO et de SUD … à soutenir ouvertement et en toute indépendance la candidature Mélenchon, à l’utiliser contre le dispositif électoral de la grande bourgeoisie, et à faire entendre les revendications de la classe des travailleurs salariés contre l’UE, l’Euro, l’OTAN et contre le capitalisme en pourrissement accéléré. Ainsi ferons-nous vivre une France Franchement Insoumise à l’UE du grand capital, renouant avec l’élan de la Commune, du Front populaire et de la Libération pour construire une vie humaine, épanouissante et solidaire pour tous.
Bagneux le 12 mars 2017.
Appel porté par la commission Luttes du PRCF devant le Comité Central et voté à l’unanimité.