26 mars 2017
Chers camarades communistes, membres ou non-membres du PCF,
La situation de la France est de plus en plus explosive. On se souvient de la formule de Lénine décrivant les prémices d’une situation révolutionnaire : elle s’annonce clairement, dit-il,
« quand ceux d’en haut ne peuvent plus gouverner comme avant et quand ceux d’en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant ».
ceux d’en bas « veulent » de moins en moins « être gouvernés comme avant ».
Or, ceux d’en bas « veulent » de moins en moins « être gouvernés comme avant ». Symptôme de cette colère de masse, aucun candidat à la présidentielle, si « installé » qu’il soit au cœur du pouvoir capitaliste, ne peut plus faire campagne sans se dire « antisystème ». Certes, cette colère est confuse, mal ciblée, indéfinie ; mais à des degrés divers, il en fut ainsi dans toutes les situations pré-révolutionnaires, y compris en 1789 ou en 1917. Evidemment les mobilisations autour de la « manif pour tous », c’est-à-dire autour des intégristes catholiques, du Marion Maréchal-Le Pen et de Fillon ont fortement structuré l’opinion réactionnaire ; mais gardons-nous d’oublier à l’inverse les cinq mois de luttes dures de la classe ouvrière contre la Loi Travail au printemps 2016 et ne croyons pas que cette rébellion de masse se soit déjà effacée des mémoires… En outre, l’effort acharné des vrais communistes pour expliquer la nature de classe foncièrement réactionnaire de l’UE et de l’OTAN commence à porter ses fruits : la stratégie du « Frexit progressiste », l’idée d’un FRont Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique que le PRCF portait presque seul en 2004 en France et en Europe, germe aujourd’hui de toutes parts. Ainsi l’économiste Frédéric Lordon reprend-il aujourd’hui l’expression d’une sortie « par la gauche » de l’UE. J.-L. Mélenchon qui, voici quelques années, militait pour une « République européenne », contribue objectivement aujourd’hui à ouvrir le débat de masse sur le Frexit progressiste (même si certaines de ses réponses laissent encore largement à désirer) quand il appelle à la sortie unilatérale de l’OTAN et qu’il déclare par ailleurs : « l’UE, on la change ou on la quitte ». Et à l’arrière-plan de cette dé-légitimation de masse du pouvoir qui monte de toutes parts, il y a toujours, refoulé mais non oublié, le Non populaire bafoué de 2005 à la Constitution européenne, un Non dont le caractère de classe était éclatant (79% de « non » chez les ouvriers)…
Quant à ceux d’en haut, ils sont en difficultés sérieuses :
- si Fillon gagnait l’élection, quelle légitimité sociale ce nanti cupide et magouilleur aurait-il ensuite, avec ses innombrables casseroles, pour imposer sa purge thatchérienne aux « petites gens » ?
- si c’est Le Pen qui l’emporte, sur quelle majorité gouvernementale s’appuiera-t-elle ensuite à l’Assemblée ? Pour s’allier aux députés LR les plus réactionnaires – type « Droite forte » – il lui faudrait tomber le masque « social » et reculer fortement sur ses propositions – déjà plus qu’équivoques – à propos d’une sortie de l’euro et de l’UE ; pour imposer sa « France en ordre » fasciste, il faudrait avant tout miser sur la « guerre intercommunautaire » sous influence… et sur la matraque, voire sur l’armée dans les quartiers populaires : Belfast 1960 en France ? C’est effrayant mais ce serait aussi un aveu terrible de faiblesse politique de la part de la grande bourgeoisie.
- si c’est Macron qui gagne, non seulement il ne sera « reconnu » ni par le FN ni par Fillon – lequel se donne préventivement les moyens de contester l’élection en mettant en cause la justice et le président sortant – , mais sa base sociale sera fragile : une chose est de gagner une élection en faisant du billard à trois bandes, en prenant appui sur la finance mondiale et sur les médias du capital, en semant la confusion « ni droite ni gauche », et en remportant par défaut le 1er puis le second tour ; autre chose serait ensuite de diriger un pays sans ancrage syndical fort, sans appareil politique expérimenté et cohérent (le PS est déjà en crise aiguë et les macroniens ne sont d’accord que pour les places !), tout en lançant un programme antisocial et antinational (marche forcée à l’Europe fédérale alors que les Français n’en veulent pas !) heurtant frontalement les aspirations majoritaires de la population.
- ans l’hypothèse improbable, mais pas absolument exclue, d’un « trou de souris » ou mieux, d’une « fenêtre de tir », par lesquels Mélenchon accèderait in extremis au second tour, quel révolutionnaire sérieux ne voit pas qu’il faudrait lui apporter son soutien déterminé pour battre Le Pen ; il faudrait ensuite le soutenir contre la réaction hexagonale et internationale tout en appelant les travailleurs à marcher au Frexit progressiste sans crainte d’affronter la domination capitaliste dans son entièreté… Improbable mais pas totalement hors de portée si tous les communistes s’engagent franchement au 1er tour, ce cas de figure illustrerait la remarque de Marx décrivant la France comme « le pays classique des luttes de classes menées jusqu’au bout », notre situation devenant un peu analogue à celle des communistes du Venezuela : nos camarades vénézuéliens ont en effet fraternellement soutenu Chavez, critiqué ouvertement ses reculs, combattu les contre-attaques fascistes au premier rang et, surtout, ils ont organisé la classe ouvrière de manière indépendante dans les entreprises, ils ont développé le vrai parti communiste pour permettre aux travailleurs de devenir peu à peu la force dirigeante du Front patriotique, anti-impérialiste et populaire.
Toutes ces hypothèses aboutissent du reste à la même conclusion pratique : que Le Pen et sa « France en ordre » fasciste gagnent l’élection ; que les thatchériens ou social-thatchériens Macron ou Fillon l’emportent, colportant eux aussi de graves tendances à la fascisation et à l’Etat policier, ou qu’à l’inverse une élection-surprise de la gauche euro-critique remette brusquement les forces populaires à la contre-offensive, de quoi aurons-nous besoin demain ?
De quoi aurons nous besoin ?
- d’un grand parti communiste totalement indépendant du PS, du PGE et de l’UE, donc de l’appareil euro-formaté et socialo-dépendant du PCF-PGE actuel, dont nombre de dirigeants se compromettent, sous couvert d’union à tout prix, dans un indécent rabattage vers Hamon et l’ « union de la gauche » moribonde. Sans cette reconstruction du parti communiste véritable, la résistance antifasciste partirait mal, l’euro-dissolution (sociale, industrielle, linguistique, etc.) de la France deviendrait vite irréversible (« défense européenne » = remise à Berlin du « parapluie nucléaire » français et désarmement unilatéral du pays), les résistances sociales privées d’avant-garde politique iraient dans le mur.
- d’une renaissance du syndicalisme de classe qui impose que nos syndicats rejettent définitivement l’alliance paralysante avec la CFDT jaune et avec l’euro-syndicalisme collabo de la C.E.S., pour porter une stratégie offensive de « tous ensemble et en même temps ». C’est quand les communistes désertent l’intervention franche et démocratique sur les questions de la démocratie et de l’orientation syndicales que les syndicats sont le plus à la merci des institutions « sociales », médiatiques et politiques de la bourgeoisie !
- d’un rassemblement majoritaire, à la fois patriotique et internationaliste, pour le Frexit progressiste et la reconstruction de notre pays dans l’esprit du CNR. Pas de fausse querelle : le PRCF a dit et redit que pour lui, ce retour à l’indépendance nationale et au progrès social est indissociable, dans les conditions actuelles, de l’Europe des luttes, d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme, de la marche revendiquée vers le socialisme-communisme ;
- ’une reprise commune de la lutte idéologique contre le capitalisme et pour le socialisme, contre la criminalisation d’Octobre 17, de Lénine et du Pays de Stalingrad : c’est d’ailleurs dans cet esprit que le PRCF organisera le 4 novembre prochain une commémoration internationaliste d’Octobre rouge, tournée contre l’Europe de l’anticommunisme, de la guerre et de la fascisation et vers la relance des perspectives révolutionnaires.
De quoi avons-nous déjà besoin aujourd’hui ?
Et dès lors, camarades, de quoi avons-nous déjà besoin aujourd’hui ?
- d’abord, les communistes, les progressistes, les travailleurs ont besoin que Mélenchon fasse le meilleur score possible, qu’il distance Hamon et que, si possible JLM atteigne le second tour : c’est concevable si tous les vrais communistes, dénonçant le double langage de l’appareil PCF/PGE visant à rabattre sur Hamon pour relancer la sempiternelle « union » avec le PS aux législatives, s’engagent sur leurs bases communistes et révolutionnaires, sans se subordonner à Mélenchon, mais sans fermer les yeux sur les manigances visant à lui « cirer la planche ».
- Ensuite, et c’est urgent, tous les vrais communistes – membres ou pas du PCF – doivent aller ensemble à l’entrée des entreprises, et tout d’abord des usines, pour porter un programme communiste commun de Frexit progressiste et de marche au socialisme. C’est vital si, dans les actes, nous voulons travailler à l’urgente renaissance d’un parti marxiste-léniniste, patriote et internationaliste, d’une avant-garde combative au service du monde du travail.
Alors camarades, cessons les bouderies relatives à nos approches électorales différentes dans une conjoncture délicate, pour ne pas dire franchement dangereuse.
D’urgence reparlons-nous. D’urgence, arrêtons un programme communiste commun pour les « quatre sorties », pour la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie, pour le produire en France, les services publics, les salaires, la protection sociale, la paix, la coopération internationale et la démocratie. .
Eu égard au caractère explosif de la situation – qui faute d’avant-garde révolutionnaire peut vite conduire au pire (fascisme, guerre antirusse, décomposition nationale…) – il n’y a pas d’autre mot d’ordre possible que :
Communistes, retrouvons ensemble l’entrée des boîtes, allons à la rencontre de la classe ouvrière sur les lieux de son exploitation : contre la fascisation, l’UE et l’OTAN, contre le capitalisme, l’impérialisme, pour le socialisme et le communisme, allons de l’avant ensemble pour la reconstruction d’un grand parti communiste !
Pour le secrétariat national du PRCF, Léon Landini, président, Georges Gastaud, secrétaire national et Antoine Manessis, responsable national aux relations unitaires.
Le PRCF et les JRCF auront diffusé près de 150 000 tracts-programmes aux entreprises et aux manifs populaires d’ici le 23 avril. Camarades, ne restez pas spectateurs, aidez-nous à placarder partout l’affiche nationale « Pour une France Franchement Insoumise, FREXIT PROGRESSISTE » et l’autocollant « Votons Mélenchon, ET SURTOUT, reconstruisons un vrai parti communiste »
Vous omettez la montée rapide de l’UPR d’ASSELINEAU sur le mot d’ordre non à l’UE, l’euro, l’OTAN. Ne peut-on l’analyser comme le début d’un mouvement révolutionnaire entamée par la moyenne bourgeoisie fidèle à la République et son histoire? Que nous pouvons ainsi en développant le PRCF et tous les communistes sur les bases précédemment décrites , s’appuyant sur l’analyse marxiste léniniste créé ainsi une réaction tout à fait inattendue du peuple travailleur de France? Ne peut-on analyser toutes ces tentatives comme la recherche d’un Front de Libération Nationale ?
très bon article oui il faut recréer un vrai parti communiste révolutionnaire,le PCF n’est plus qu’un parti électoralo réformiste,les vrais ommunistes dont je fais parti sans etre adhérant doivent voter pour JLM et le programme de la France Insouise