Il est bien évident que la défense de la langue française, la promotion de la Francophonie, la lutte contre le tout-anglais et l’ouverture vers le plurilinguisme sont des questions d’ordre politique.
Nos politiciens devraient donc s’emparer de ces sujets et en faire des priorités, car il s’agit là, rien de moins, que de sauver notre identité, notre existence internationale, notre indépendance et notre ouverture au monde.
Or, à l’égard de la langue française, de la promotion de la Francophonie, de la lutte contre le tout-anglais et de l’ouverture vers le plurilinguisme, nos politiciens sont d’une mollesse sans fin, pour ne pas dire d’un total je-m’en-foutisme.
À se demander s’ils n’ont pas été hypnotisés ou drogués, s’ils ne sont pas ainsi sous l’emprise de l’oligarchie mondialiste anglo-américanisée, une oligarchie qui, à travers Davos, Bilderberg, la Trilatérale et Cie, a décidé pour eux, donc pour nous, que la langue du monde serait l’anglo-américain et que le système des sociétés à venir devrait être sous les couleurs de l’ultralibéralisme étatsunien.
Pas étonnant dans ces conditions de constater, et cela de plus en plus fréquemment, hélas, que ce sont des représentants de l’État, des élus de la République, des directeurs ou des présidents d’organismes publics qui sont les premiers fossoyeurs du français.
Des associations de défense de la langue française en France, dont l’Afrav, sont alors obligées de se battre contre eux, contraintes et forcées de les traîner devant les tribunaux, pour l’honneur et le respect de notre langue. Et tous ces gens de pouvoir, pris en flagrant délit d’anglomanie, au lieu de s’excuser de bafouer la langue de la République, au lieu de faire leur mea culpa, de faire repentance, envoient leurs avocats combattre les arguments des valeureuses asso-ciations de défense de la langue française, dans l’espoir de les réduire au silence et de donner une légitimité à leur trahison.
Dans un tel contexte, doit-on s’étonner de voir nommer à des postes clés pour la défense de notre langue, des personnages totalement inactifs dans ce domaine, des personnes qui semblent avoir été choisies par les autorités, plus pour donner des fins de carrières dorées et tranquilles à des amis que pour donner les moyens à la France d’avoir une réelle politique linguistique ?
Oui, apparemment, on nomme des amis, alors qu’il faudrait nommer des guerriers, des guerriers capables de mener le combat pour la sauvegarde, la promotion et la défense de notre langue face à l’anglais qui la menace de mort.
Dernièrement, Thierry Lepaon, ex-patron du syndicat de la CGT (Confédération générale des travailleurs), a été nommé par le gouvernement pour créer une Agence de la langue française. Voilà donc encore une place donnée plus par piston que par l’impérieuse volonté de mettre à ce poste quelqu’un de compétent et de motivé. Pour la petite histoire, c’est Bernard Thibault, alors secrétaire général de la CGT, que j’avais rencontré au Festival d’Avignon en 2007, et à qui j’avais demandé d’inscrire, dans le cahier revendicatif de la CGT, la défense de la langue française dans les entreprises, qui m’avait dit d’écrire pour cela à Thierry Lepaon, alors secrétaire général de l’Union Départementale de la CGT du Calvados et responsable de la politique culturelle de la CGT.
J’ai écrit à Thierry Lepaon en septembre 2007 (http://www.francophonie-avenir.com/Archives/Index_RR_Journee_CGT_a_Avignon.htm) et, à ce jour, presque 10 ans après que la lettre soit partie, j’attends toujours la réponse !
Parmi ces pseudo défenseurs de la langue française, il y a aussi M. Patrice Gélinet. Ce monsieur n’est rien de moins que le président de la cellule « langue française et Francophonie », au sein du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Que fait-il pour la langue française et pour la Francophonie, nous (l’Afrav) ne le savons pas : il n’a jamais répondu à nos courriels.
Par contre, nous savons qu’aux
actualités de 20 heures sur France 2, chaîne publique de la télévision française, les Sommets de la Francophonie, les Jeux de la Francophonie, la Semaine de la langue française sont systématiquement ignorés et que cela n’a pas l’air de gêner ce monsieur, puisque malgré nos protestations réitérées auprès du CSA contre ce silence, les faits demeurent en l’état depuis des années.
De plus, on ne travaille pas au CSA contre l’anglicisation de la langue française, pour preuve, voici le message que ces messieurs et dames vous enverront si vous cochez « L’usage du français dans les médias », dans le formulaire de contact (http://www.csa.fr/Services-en-ligne/Formulaire-de-contact), à la case « Votre message concerne » :
Face à cette réponse de non-recevoir et de non-vouloir-agir du CSA, trois questions se posent :
– Premièrement – Si le CSA ne peut rien faire contre l’anglicisation de la langue française, pourquoi avoir créé alors une cellule « langue française et Francophonie » au sein de cet organisme ? Oui, pourquoi avoir créé une telle cellule, en sachant pertinemment qu’elle ne pourrait pas travailler pleinement eu égard à la décision n°94-345 du Conseil constitutionnel du 29 juillet 1994 ?
– Deuxièmement – Si la décision n°94-345 du Conseil constitutionnel du 29 juillet 1994 implique que l’on ne peut rien faire contre l’anglicisation de la langue française sur le service public de l’audiovisuel, pourquoi alors avoir écrit l’article 39 du cahier des charges de France Télévisions, un cahier des charges rédigé postérieurement à la décision du Conseil constitutionnel, puisque promulgué par décret, le 23 juin 2009 ? Pour mémoire l’article 39 du cahier des charges de France Télévisions dit clairement que sont PROSCRITS les termes étrangers lorsqu’un équivalent français existe :
– Tendant à être une référence dans l’usage de la langue française, France Télévisions contribue à sa promotion et à son illustration dans le cadre des recommandations du Conseil supérieur de l’audiovisuel.
Elle veille à l’usage et au respect de la langue française par le personnel intervenant sur ses services confor-mément aux dispositions de la loi n° 94-665 du 4 août 1994 et, notamment, proscrit les termes étrangers lorsqu’ils possèdent un équivalent en français (sic).
– Troisièmement – Puisque le CSA se sert de la décision n°94-345 du Conseil Constitutionnel pour justifier qu’il ne peut pas agir contre l’anglicisation de la langue française sur le service public de la télévision, regardons de plus près cette décision. En fait, celle-ci s’appuie essentiellement sur l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, cet article dit :
– La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi (sic).
Cela signifie donc clairement, que la liberté d’expression telle que définie dans l’article 11 précité, n’est pas incompatible avec la loi, c’est-à-dire, pour ce qui nous concerne, avec l’article 2 de notre Constitution qui proclame que « La langue de la République est le français » ni avec les divers articles de la loi Toubon qui garantissent le droit à tout citoyen français habitant en France d’être servis en français dans un environnement francophone non anglicisé.
Conclusion, il est évident que le CSA ne voit que ce qu’il veut voir, qu’il n’a vu dans la décision du Conseil constitutionnel du 29 juillet 1994 que ce qui l’arrangeait pour ne pas venir au secours de la langue française attaquée. Il préfère se contenter de recommandations, alors que, sans faire obstacle à l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, notre loi constitutionnelle et la loi Toubon exigent la proscription. Moralité, M. Patrice Gélinet, président de la cellule « langue française et Francophonie » au sein du CSA, qui ne fait rien pour appliquer l’article 39 de la charte de France Télévisions, ne sert à rien, sa place est donc celle d’un planqué de la République, comme celle de M. Thierry Lepaon de la future agence de la langue française .
Conclusion : il va falloir interpeller, voire harceler, les candidats à l’élection présidentielle de mai 2017, pour qu’ils se décident à aborder sérieusement la question linguistique : quelle politique pour la langue française, pour la Francophonie, pour la lutte contre le tout-anglais, pour le plurilinguisme, etc. ?
En ce sens, tous ensemble, préparons-nous à leur écrire massivement, ils finiront bien par nous entendre.
Régis Ravat, Président de l’Afrav
Avec l’aimable autorisation de l’auteur à www.initiative-communiste.fr
paru initialement sur : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/des-planques-au-lieu-de-guerriers-191042