Tous les Malgaches ont entendu parler de « 47 ». Pas besoin de leur en dire plus pour évoquer cette année terrible dans l’histoire de Madagascar, alors sous colonisation française.
On associe communément ce chiffre à une journée, le 29 mars 1947. C’est à la faveur de la nuit qu’à cette date du siècle dernier, des Malgaches armés de sagaies lancèrent une attaque contre un camp militaire français et des concessions près de Moramanga, dans la région Est de la Grande Île.
Ce fut le début d’une révolte contre l’occupant, la France, qui avait décrété cette terre, baignée à l’Ouest de l’Océan Indien, comme sienne, par une loi d’annexion en 1896.
Comment des hommes, rebelles, insurgés, nationalistes, patriotes, ont-ils pu envisager vaincre un ennemi aussi puissant avec si peu de moyens ?
La réponse de l’ordre colonial français fut particulièrement meurtrière et s’étala jusqu’à la fin de 1948. Elle fit plus de 89.000 morts selon un rapport de l’état- major français en 1949.
Les autorités coloniales, de leur côté révisent à la baisse cette estimation et fixent officiellement en 1950, le bilan à 11 342 morts. Au contraire, des analystes malgaches et étrangers réévaluent les pertes humaines à 100 000 à 200 000 morts.
Le MDRM, formation politique légale qui milite pour l’indépendance dans le cadre de l’Union française et a trois députés au parlement français, désavoue l’insurrection et fustige les « crimes barbares ». Ses dirigeants lancent un appel au calme. Comme souvent dans les situations révolutionnaires, celui qui prêche la modération devient la cible des attaques de tous bords : le MDRM est interdit et ses chefs arrêtés par l’administration coloniale.
Des membres du parti MDRM (Mouvement démocratique pour la rénovation malgache), parti majoritaire de l’époque, ont connu la torture, l’exécution sommaire, l’exil, les travaux forcés… Un procès a été organisé en 1948 pour tout mettre sur le dos des trois députés malgaches : Ravoahangy, Raseta, Rabemananjara, figures mythiques de la lutte pour l’indépendance. Ces derniers condamnés à mort (Ravoahangy et Raseta, graciés en 1956) ou aux travaux forcés (Rabemananjara), dès lors, le choix des dirigeants au moment de l’indépendance n’appartenait plus aux Malgaches, la main de la France n’allait plus se relâcher.
A Madagascar, chaque 29 mars (jour férié), donne lieu à des commémorations officielles.
A l’heure où la France est elle-même menacée d’euro-dissolution par les collabos polycéphales du Parti Maastrichtien Unique, le PRCF distingue plus que jamais entre la juste défense patriotique de notre indépendance nationale face à l’Europe germano-américaine, et le hideux nationalisme néocolonialiste qui continue de sévir en Afrique ou au Proche-Orient en défigurant notre pays. C’est, entre autres choses, l’une des lignes de démarcation majeures entre le patriotisme communiste et progressiste, et le « souverainisme » de droite qui, à l’instar des LR et des héritiers FN de l’OAS, n’a tiré aucune leçon du colonialisme criminogène. Comme le disait Engels, « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre » et c’est aussi pour affranchir la France qu’il faut en finir avec le néocolonialisme « français », qui est en définitive ANTIfrançais.
Alex FALCE pour www.initiative-communiste.fr