Une cinquantaine de travailleuses d’Europe de l’Est seraient employées à la cueillette des fraises et des asperges dans des champs alsaciens dans des conditions « inhumaines » qui relèvent de « l’esclavagisme », d’après la CGT. La gendarmerie veut rester discrète sur le sujet mais a confirmé, vendredi 29 mai, qu’une enquête avait été ouverte en début de semaine.
Logées sur un terrain vague clôturé de grillage, dans des préfabriqués « ressemblant à des cages avec des sanitaires », selon la CGT, certaines d’entre elles ont été payées 6 euros pour dix jours de présence alors que le smic horaire est de 8,71 euros, a expliqué le syndicat.
Elles sont employées sur des parcelles situées à Brumath (Bas-Rhin), louées par un Allemand. Elles seraient payées entre 25 et 50 centimes le kilo ramassé « alors que la législation française prévoit un salaire minimum et le respect de la convention collective », a indiqué Jacky Wagner, le secrétaire départemental du syndicat. « En fonction de la météo, il y a des jours où les fraises ne rougissent pas et où il n’y a rien à cueillir », a-t-il ajouté.
« ON NE SAIT PAS QUAND ON SERA PAYÉ »
Le campement, situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Strasbourg, dispose de l’électricité ainsi que de sanitaires, de douches et de lavabos communs, a constaté sur place l’AFP. Une cuisine équipée y est également installée. Environ une cinquantaine de personnes, essentiellement des femmes originaires de Roumanie, Pologne et Ukraine, y vivent, réparties dans une dizaine de préfabriqués divisés en quatre parties pouvant accueillir deux personnes.
« Le problème ici, ce n’est pas vraiment le logement, c’est l’argent », explique Nicula, une Roumaine arrivée jeudi après avoir quitté la veille son village du centre de la Roumanie. « On ne sait pas quand on sera payé, on sait juste qu’on touche 50 centimes (d’euros) par kilo ramassé », affirme la jeune femme. « Dans une semaine, on va nous emmener travailler en Allemagne », ajoute Nicula, qui dit ne pas savoir où mais espère rentrer chez elle d’ici « deux mois ».
La cueillette des asperges puis des fraises était d’abord assurée par des Roumaines qui seraient reparties parce qu’elles ne travaillaient pas assez selon leur employeur, parce qu’elles refusaient les conditions qui leur étaient faites, selon la CGT. Elles ont été remplacées depuis jeudi par des Polonaises, des Ukrainiennes et quelques compatriotes. Selon la gendarmerie, il y aurait également des Allemands.
AFP