C’est à une drôle d’expérience que plusieurs camarades du PRCF, dont l’auteur de ce texte, ont été confrontés samedi 13 mai 2017 sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. Initialement devait s’y dérouler un rassemblement de la part du collectif Non aux JO 2024 à Paris : le lieu de rendez-vous fut finalement déplacé peu avant le rassemblement, certainement sous pression d’une mairesse peu encline à perturber le parcours de la délégation du Comité international olympique (CIO) venue admirer les installations au service de la « merveilleuse » candidature de la ville… Mais passons sur cet incident et relatons donc cette étrange expérience à laquelle nous nous sommes frottés, à savoir participer à la Fête de l’Europe.
Initiative de la Maison de l’Europe à l’occasion du soixantième anniversaire des traités de Rome le 25 mars 1957 – ces fameux traités chantant les louanges de la concurrence libre et non faussée et écrasant tous les acquis sociaux et les travailleurs au nom de la sacro-sainte compétitivité des entreprises –, cette Fête ressemblait, à s’y méprendre, à une grande fête foraine plus digne de la Foire à la saucisse (au demeurant beaucoup plus intéressante !) qu’à une fête en faveur de la grande « unité européenne ». Au programme : des concerts, des animations, des stands de propagande sur la « mobilité européenne » (celle du capital ?), les « enjeux de la citoyenneté » (celle de revoter le même traité déjà rejeté ?) ou les sempiternelles « valeurs de l’Europe » (celles amenant aux défilés d’anciens Waffen-SS en Lettonie ou aux délires maccarthystes anticommunistes en Pologne ?), la multitude de drapeaux bleus à étoiles jaunes (soyons rassurés, nulle trace de drapeaux tricolores et encore moins de drapeaux rouges… sauf les nôtres) ou encore des jeunes déguisés et maquillés en Schtroumpf européistes.
Grand moment de cette foire de printemps, les « débats » réunissant des personnalités politiques sous les caméras de France 24 avec la participation de RFI : pour tout grand évènement, la propagande médiatique est de sortie. Chaque « débat » – au cours desquels il est plus difficile de trouver un point de divergence qu’entre deux frères jumeaux authentiques – est l’occasion de voir défiler les personnalités de l’Europe, parlant devant un public composé de classes moyennes, de jeunes Européens embrigadés (mais à la capacité de débat nulle), de bobos célébrant le « cosmopolitisme » et la « paix grâce à l’UE »… Au cours du débat intitulé « Célébrons la culture et la citoyenneté européenne, André Lamassourre, membre du Parti populaire européen, ne sait que répondre à la question d’une personne dans la salle déplorant que le français s’efface au profit de l’anglais : « C’est comme ça », ou quand la fatalité constitue la feuille de route des ultralibéraux atlantistes capitulards.
La vraie opposition à l’euro dictature du Capital , les communistes du PRCF
Vient le débat auquel nous parvenons à assister, tout en ayant fait rentrer nos drapeaux et une bâche « Frexit progressiste ». Malheureusement, surveillés par des hommes de la sécurité peu enclins à rigoler (et parlant anglais : autant en profiter pour exploiter tranquillement la main d’œuvre d’Europe de l’Est), il nous est difficile de manifester plus visuellement notre présence si ce n’est en intervenant, ce que nous ne manquerons pas de faire. Pour cela, encore fallait-il un « débat » de haute volée : ce fut le cas, en la présence de messieurs Frans Timmermans, « social-démocrate » (on peut en douter) et premier vice-président de la Commission européenne, et l’inénarrable eurodéputé libéral belge Guy Verhofstadt, dont les prises de parole évoquent davantage les accès de démence mystique que l’argumentation rationnelle et cohérente. C’est ainsi que s’engage ce grand « débat » sur le thème « Conjuguer l’Europe au futur : vers une Union à plusieurs vitesses ? ». Très vite, les intervenants s’écartent du sujet et le dialogue ressemble, à s’y méprendre, au chant des louanges pour le nouveau Président de la République française, Emmanuel Macron-économie, prêt à mettre le pays en marche arrière au niveau des acquis sociaux, qui a une « vision fédérale pour l’Europe » et qui peut être « le moteur, l’engin pour la réaliser » selon Verhofstadt ; et d’ajouter : « sur l’Europe, on peut tous être macronistes ! ». Puis l’échange devient un vibrant plaidoyer européiste et toutes les fables passent les unes après les autres : « il faut une Europe forte », « il faut une Europe sociale », « il faut plus de démocratie »… Et soudain surgissent d’émouvantes déclarations tendant à une célébration au sein d’une secte : Timmermans expliquant qu’il est européen car il a mis des fleurs à Stockholm comme à Bruxelles, Paris ou Istanbul (tiens, la Turquie devient tout à coup européenne pour les grands chefs de l’UE !) après les attentats terroristes ; sans compter les multiples interventions du gourou Verhofstadt célébrant l’Europe comme les chrétiens célébraient Dieu sous l’œil de l’Inquisition au Moyen Âge. Bien évidemment, le débat est l’occasion de ressortir les éternels clichés conceptuels : « on a négligé de parler des valeurs européennes », « les jeunes ne sont plus idéologiques » (entendez par-là, plus communistes), « lutter contre les extrêmes » (la propagande confusionniste anticommuniste a de beaux jours devant elle !) et bien sûr contre tous les « populismes » (mais au fait, que veut dire ce doux mot ??). Et pour finir, on ne peut oublier les manipulations mensongères et caricaturales : ainsi apprend-on, selon Guy Verhofstadt, qu’en fait beaucoup de Britanniques ne veulent pas du Brexit et que ce n’est pas vraiment 52% qui ont voté pour ; ou que 66% des Français ont approuvé le projet européen d’Emmanuel Macron…
C’est alors qu’interviennent les trublions du PRCF lors de la séance de questions (non disponible sur Internet, cela va de soi), au cours de laquelle on apprend, stupéfait, que l’on enseigne pas l’Europe à l’école selon un jeune « Européen » (apparemment, il n’a pas écouté les cours de Terminale chantant les louanges du projet politique européen depuis 1948…) et que l’Europe est surtout un entre-social : et oui mesdames et messieurs les européistes, Erasmus est la restauration du grand tour aristocratique en Europe de l’Ancien Régime ! Ainsi fusionnent les interventions des camarades du PRCF : on oblige à revoter les peuples quand ils disent non comme en France en 2005 ou en Irlande en 2008, on impose des lois antisociales comme la loi El Khomri, on nous promet l’éternelle « Europe sociale » qu’on ne voit jamais… Évidemment, l’occasion est belle pour nos intervenants européistes de briller devant un public eurobéat en énumérant… des mensonges : non monsieur Timmermans, le premier acte européen n’est pas la CEDH créée en 1950, mais le plan Marshall mis en place dans le cadre de l’OECE en avril 1948 pour barrer la route au communisme et inféoder l’Europe de l’Ouest aux Etats-Unis ! Et bien entendu, inutile de dire que les « journalistes » font de leur mieux (sans réelle efficacité) pour couper la parole aux camarades du Pôle.
L’Union Européenne pour s’en sortir, il faut sortir.
Si cette expérience n’a aucune incidence sur le public présent, elle est néanmoins précieuse à plus d’un titre concernant les positions du PRCF : oui, plus que jamais, seul le Frexit peut permettre de construire le socialisme dans le pays ; oui, le PRCF a raison de s’appuyer sur les forces populaires du pays, celles qui souffrent le martyr face au capitalisme ultralibéral sans foi ni loi et à une UE au service du grand capital germano-atlantiste, celles qui ne feront pas le grand tour aristocratique traduisant le cosmopolitisme grand-bourgeois et inculte au possible ; oui, l’UE est un objet de lutte des classes au service de la bourgeoisie capitaliste, qui déteste la patrie et l’International et appelle à un saut fédéral dans une Europe germano-atlantiste. Plus que jamais, le PRCF doit mener cette bataille en faveur d’un Front de Résistance antifasciste patriotique, populaire et écologique, constituer cette force de FRAPPE qui agit pour un Frexit progressiste et une sortie de l’OTAN et ouvre ainsi enfin la voie vers le communisme.
Pour s’en sortir, il faut sortir : FREXIT PROGRESSISTE !
FK pour www.initiative-communiste.fr
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