Le 13 mars dernier, un conducteur âgé de 70 ans est mort d’un infarctus dans les toilettes d’une aire de repos, où il s’était arrêté après avoir déposé le dernier enfant de son circuit, Cela aurait pu arriver pendant le trajet. Selon la CGT, c’est l’exploitation qui est en cause. “Entre le 24 août 2016 et le 13 mars 2017, sur 119 jours travaillés par ce conducteur, 14 jours ont dépassé 10 heures de temps de travail, 72 jours ont dépassé l’amplitude journalière de 13 heures, dont six journées de plus de 14 heures. Le repos consécutif de 11 heures par 14 heures n’a pas été respecté pour 56 jours, et ce n’est pas un cas isolé”. Les 400 salariés de Vortex sont en lutte, avec une forte grève pour combattre la casse des droits des travailleurs, avec l’ubérisation en cours et les euro ordonnances qui se préparent pour effacer le code du travail et supprimer les droits des travailleurs.
Le PRCF, par un communiqué adressé aux travailleurs mobilisés, et en particulier le PRCF69, apporte tout son soutien aux travailleurs en lutte.
MESSAGE DE SOUTIEN DE LA COMMISSION LUTTES DU PRCF AUX SALARIES DE L’ENTREPRISE VORTEX
La commission luttes du Pôle de Renaissance des Communistes en France constate la négligence de l’entreprise Vortex qui, suite aux cadences infernales imposées aux transporteurs de personnes en situation de handicap, recense aujourd’hui le décès d’un transporteur pour arrêt cardiaque.
Elle entend souligner l’importance d’une négociation salariés/ entrepreneur concernant la prise en compte des conditions de travail et en particulier des temps de pause aujourd’hui réduits à une peau de chagrin, mais aussi des salaires, en rapport avec la pénibilité du travail et par conséquent des départs à la retraite des salariés qu’il est urgent d’anticiper. La commission propose des départs à l’âge de 55 ans.
En effet il apparaît, aux yeux de la commission que l’amplitude de travail de 13 jours consécutifs ne donne pas lieu à une vie de famille et à un renouvellement de la force de travail des salariés dans des conditions acceptables.
Dans une métropole aux commandes de l’ex maire de Lyon, Gérard Collomb, aujourd’hui ministre de l’équipe Macron, la commission s’interroge sur l’obsession gouvernementale de faire passer par ordonnances la loi Travail Bis, alors que tant de souffrances existent déjà dans l’entreprise chez les salariés transporteurs, et tant d’exploitation subie a entraîner la mort d’un salarié !!!
Elle s’associe aux démarches entreprises par les salariés auprès de la Direccte (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) sur le décès du conducteur de 70 ans et sur leurs conditions de travail” et interpelle la CGT sur les revendications salariales et au-delà, sur les conditions prônées par la Fédération Syndicale Mondiale
Par ce message de solidarité, la commission entend prendre une part active au développement des luttes sociales, au cœur même de l’entreprise, et interpeller le gouvernement sur la question morale de nos élus qui, ne peuvent plus se poser en exemples pour la Nation, alors qu’ils gèrent les collectivités locales-dans ce cas la Métropole de Lyon – en violant le code du travail, en brisant des vies entières, en soumettant les entreprises et les services publics à la loi de l’ubérisation, c’est-à-dire à la soumission pour des tâches de plus en plus inacceptables et invivables à des salaires de misère et des départs à la retraite moribonds, morbides et mortifères !
Non à l’esclavage des temps modernes, oui à un travail digne. Les personnes en situation de handicap ne doivent plus être considérées comme de simples marchandises et à plus forte raison encore moins l’homme qui vend sa force de travail pour un salaire minable, à un départ à la retraite acceptable ! Justice doit être rendue pour la mort de ce conducteur !
La commission luttes du PRCF lance un appel à la mobilisation générale de toutes les forces du travail contre la Loi Macron qui va encore aggraver l’exploitation des travailleurs.
Jo Hernandez, responsable national de la commission luttes du PRCF
Communiqué de la CGT transport
La Société Vortex est le premier opérateur français du transport adapté de personnes en véhicules de moins de 9 places. Son activité principale repose sur une délégation de service public pour le compte d’environ 60 départements. En 2015, 8 000 enfants et adultes en situation de handicap ont été transportés quotidiennement par Vortex en contrepartie de près de 50 millions d’argent. Sur les 2800 salariés, 2600 sont des conducteurs sous contrat précaire à temps partiel répartis dans 15 établissements régionaux : Arras, Beauvais, Clermont-Ferrand, Evry, Guyancourt, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Orange, Perpignan, Rennes, Rouen, Toulouse.
Depuis 2008, les 2 dirigeants et actionnaires Guilhem Sala et Éric Heudicourt ont morcelé artificiellement et fictivement Vortex par un « assemblage » de sociétés en holding qui détournent l’ensemble des profits et des biens sociaux au détriment
des salariés, de la sécurité et de la qualité de service attendues par les autorités organisatrices. Le 24 juin 2015, le fond d’investissement Initiative & Finance rentrait à grand renfort médiatique dans le capital de la « holding mère » de ces sociétés avec une prise de participation de 26%. Le PDG clamait alors dans les échos vouloir « devenir l’Uber des ambulances » !
Malgré 4 procès-verbaux pour travail dissimulé dressés par les services de contrôle de l’État pour le non-paiement récurrent des heures de travail, les dirigeants et actionnaires de Vortex font perdurer leurs pratiques illégales et dépouillent les salariés dont le salaire mensuel ne dépasse pas 300 à 600 € ! Le dossier est actuellement dans les mains d’un juge d’instruction.
Entre 2009 et 2015, 13 millions d’euros de dividendes et « managements fees« (*) ont ainsi été distribués aux 2 actionnaires.
Sur la seule année 2015, alors que le chiffre d’affaires de Vortex progressait de 3,2 millions d’euros, les 2 dirigeants et actionnaires s’octroyaient 2,6 millions d’euros de revenus, soit 5,2% du CA. Paradoxalement le déficit de Vortex se creusait de 3 millions… les vases communicants fonctionnant à plein débit entre Vortex et ses actionnaires !
Le 23 juin 2016, le Tribunal d’Instance de Montpellier reconnaissait un montage financier frauduleux au détriment des salariés et de l’entreprise !
Le 26 septembre 2016, les Commissaires aux comptes de Vortex établissaient un « RAPPORT SPÉCIAL D’ALERTE ÉCONOMIQUE » et notifiaient « des faits de nature à compromettre la continuité d’exploitation de la société ». Il semblerait que les revenus outranciers des dirigeants et actionnaires de Vortex aient mis à mal la santé financière de l’entreprise et sa pérennité…
Le 15 décembre 2016, la CGT Vortex déclencha une première action de grève en « s’invitant » avec une quarantaine de conducteurs grévistes au Siège Social de St Jean-de-Védas (34) afin de perturber l’Assemblée Générale des actionnaires !
Le 4 mai 2017, le Tribunal de Commerce de Montpellier convoqua les dirigeants de Vortex ainsi que son mandataire judiciaire afin d’étudier les termes d’un accord de conciliation passé avec les créanciers. La direction refuse la transmission de cet accord aux élus du CE malgré ses obligations (article L 611-8-1 du code du commerce) !
Depuis ce lundi 22 Mai 2017, la moitié des conducteurs de l’agence de Guyancourt (seul établissement de Vortex comptant la quasi-totalité de ses conducteurs à temps plein pour les transports du PAM78) sont en grève contre la dégradation de leurs conditions de travail, la précarisation de leur emploi, le défaut de dialogue social et l’opacité du « système Vortex » !
Ces pratiques sont indignes de dirigeants qui tirent essentiellement leurs profits sur les budgets des collectivités territoriales et bénéficient de très importantes subventions publiques dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité ! Ainsi, depuis 2013, plus de 4,6 millions d’euros ont été levés au titre du CICE ! Un comble, Vortex n’est plus redevable de l’impôt sur les sociétés et ne verse plus les budgets au Comité d’Entreprise !
La FNST CGT et le Syndicat CGT Vortex dénoncent l’avidité des dirigeants et actionnaires du « système Vortex ». Elle exige l’arrêt immédiat du détournement des biens sociaux, le paiement de toutes les heures de travail, la fin des licenciements abusifs, l’arrêt de la mise en danger d’autrui, l’application des droits et le respect de la Loi.
Source : Communiqué de la Fédération Nationale des Syndicats de Transports
(*) Les management fees sont des transactions payés à la holding par la filiale, en contrepartie de services administratifs rendus et d’une implication dans la gestion et / ou la définition de la stratégie. Dans une certaine mesure, il peut s’agir de dividendes déguisés, ce qui constitue alors un abus de bien social.