A propos du 1er tour des législatives. Premier commentaire d’ « Initiative communiste », le journal du PRCF. 11.06. 2017
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus imprescriptible des devoirs ».
Constitution de la Première République française, inspirée par Maximilien Robespierre.
Très majoritaire si on lui ajoute les votes blancs et nuls, l’énorme abstention, au premier tour des législatives, qui fait suite nombre très important d’abstentions, de blancs et de nuls qui avait déjà accompagné l’étrange élection de Macron*, délégitime d’avance le projet antinational et antisocial que porte ce personnage, entièrement au service de Gattaz et de l’UE de Merkel.
La 5ème République, dont le caractère antidémocratique est aggravé par le quinquennat et par son total assujettissement à l’UE, étale son épuisement politique et institutionnel.
Le peuple contre le projet de Macron
Le projet macronien d’ubérisation générale du travail et de casse de tous les acquis de 1936 et de 1945, n’a pas l’aval du peuple, pas plus que n’a reçu son consentement le projet d’euro-dissolution de la France, de sa souveraineté politique (« gouvernement de la zone euro ») et militaire (« défense européenne » dans le cadre de l’OTAN, placement de la force de frappe ex-française sous la tutelle de Berlin et de Washington), de sa langue nationale sacrifiée par Macron au tout-anglais, de substitution des grandes régions à l’allemande à la République indivisible et aux départements.
Face à de tels projets négateurs de toute son histoire et de tout son avenir progressistes, le peuple français, et centralement, la classe ouvrière, le monde du travail et la jeunesse progressiste sont fondés à prendre l’offensive avec la certitude d’être entendus de la nation. Macron n’a donc absolument pas partie gagnée. Chacun doit méditer le mot de Marx qui disait de la France qu’elle « est la terre des luttes de classes poussées jusqu’au bout ». Non, l’ère des révolutions ouverte par 1789 n’est pas close dans notre pays contrairement à ceux qui veulent enterrer le mouvement ouvrier de classe, le projet communiste né dans notre pays et, dans la foulée, l’existence même de la nation républicaine.
Si « majoritaires » qu’ils soient en pourcentage, les députés-godillots de Macron (qui entend gouverner par ordonnances et attend de ses « députés » une obéissance servile), seront archi-minoritaires dans le pays et ne représenteront en rien Marianne. Dans ces conditions, il est probable que, pour contrebalancer par des moyens de force l’illégitimité que lui confèrent les urnes, l’équipe ultra-patronale de Macron durcira encore l’Etat policier que devient la « Franceurope » bourgeoise en pleine fascisation rampante (nouvelles lois liberticides en préparation pour fliquer les manifs, l’internet et les libertés individuelles). Dans ces conditions, les appels du PS et du PCF à voter pour des candidats Macron pour « faire barrage au fascisme » sont surréalistes. C’est en combattant directement le dangereux FN, qu’il faut à tout prix éviter de banaliser, mais dont le recul global par rapport à la présidentielle est néanmoins significatif, que le mouvement ouvrier de classe fera régresser une menace lepéniste que nourrissent les renoncements de la fausse gauche, les reniements des dirigeants pseudo-communistes du PCF-PGE et les politiques euro-libérales qui désespèrent le peuple en détruisant la nation, la protection sociale et le « produire en France ».
C’est dans les luttes que va désormais se jouer la résistance vitale du peuple français
La déconfiture des LR et du PS, dont nombre de figures opportunistes, poussées par le MEDEF, ont rallié Macron dès le 1er tour, est la juste sanction de leur trahison du peuple français. Il est certes lamentable que la représentation de la « gauche » soit en grave danger en France, mais les caciques du PS doivent s’en prendre à eux-mêmes et à leurs dirigeants faillis, Hollande et Valls.
C’est avant tout dans les luttes que va désormais se jouer la résistance vitale du peuple français. Cela impose à tous les communistes de soutenir plus que jamais le syndicalisme de classe tout en l’appelant à dénoncer frontalement le rôle de la « construction » européenne dans le démontage social en marche. Le PRCF soutiendra ces luttes dans la perspective d’un changement de pouvoir et de société qui rende l’espoir à la jeunesse et au monde du travail.
Le probable affaiblissement du PCF résulte largement de l’incapacité structurelle de ce dernier à affirmer une ligne franchement communiste et anti-UE, à se démarquer à 100% du PS et de Macron. Le PRCF continuera au second tour, là où ce sera possible, de soutenir les candidats PCF qui auront accepté le dialogue et n’auront pas mis sous le boisseau la question européenne. Le PRCF avait fait son devoir en temps voulu en proposant fraternellement au PG de soutenir partout les sortants PCF ainsi que les sortants PCF battus en 2012 par la vague rose. Il déplore certes que ce geste politique n’ait pas été fait, fût-ce unilatéralement, même si la direction du PCF porte une responsabilité accablante, par son confusionnisme politique atterrant (notamment par rapport au PS), dans la division qui s’est manifestée au 1er tour.
Concernant la France insoumise, il faudra observer de près son résultat qui, malgré le recul du pourcentage par rapport au 1er tour de la présidentielle, n’efface pas le score remarquable de JLM au 1er tour de la présidentielle et le potentiel de lutte que que cela représente. Encore faudra-t-il que ce mouvement, souvent vivant et dynamique, se lie systématiquement aux luttes en cours et qu’il résiste à la tentation de se transformer en formation prétendant à l’hégémonie sur la gauche populaire.
Le PRCF, qui connait une importante dynamique d’adhésion et de rajeunissement, continuera de s’adresser à tous les vrais communistes, excédés par les ballons d’essai de M. Laurent au sujet du changement de nom du PCF (c’est-à-dire à l’officialisation d’une dé-communisation déjà achevée dans la pratique), aux syndicalistes de classe qui doivent associer résistance sociale et refus du délétère « saut fédéral européen » en marche, à tous les patriotes progressistes qui comprennent la nécessité de sortir de l’UE par la voie progressiste et antifasciste, à tous ceux qui veulent construire une France Franchement Insoumise (FFI) à l’UE/OTAN du capital et au capitalisme lui-même.
*Qui, au 1er tour de la présidentielle, a surtout servi à certains pour éliminer Fillon, et qui, au 2ème tour, a bénéficié d’une dramatisation au barrage « antifasciste » sans que cela valide son programme ultra-patronal.