Une fois de plus, les Français ont indiqué leur inquiétude et leur rejet de la situation politique dans le pays.
Ils l’ont exprimé, à la fois, par l’élimination des partis qui se succédaient jusqu’à présent à la tête de l’Etat et dans une abstention sans précédent pour une élection de cette importance. Seuls 43% des électeurs ont émis un vote si l’on tient compte des blancs et des nuls (6,9% et 2,94% des votants). Cette situation inédite est le symbole d’une profonde crise de régime. La Ve République tourne à vide.
Nous assistons à une perte de confiance dans un système qui est de moins en moins perçu, à raison, comme démocratique. Car si le résultat permet de conforter une large majorité de députés au profit du président de la République, la légitimité de cette assemblée est fragilisée par un vote peu convaincant. Cette fragilisation atteint tous les élus quels qu’ils soient. Chacun d’entre eux doit en avoir conscience sous peine de participer au coup d’Etat rampant depuis l’élection présidentielle et, sans doute, depuis le non-respect du vote des Français exprimé le 29 mai 2005 sur le traité constitutionnel européen.
Par le peuple, pour le peuple
Peut-on continuer à fermer les yeux sur l’étouffement de la souveraineté populaire qui ne trouve plus les voies de son expression légitime ? Peut-on continuer dans la mise en place de politiques fort peu acceptées par les citoyens, dans la construction sans fin d’institutions européennes toujours plus éloignées des citoyens ?
Que des réformes soient nécessaires dans un tournant historique majeur est sans doute une idée acceptable, même si le mot réforme est devenu l’alibi de régressions politiques et sociales sans précédent depuis des décennies. En toute hypothèse, encore faut-il que les réformes émanent du seul corps social souverain : le peuple.
Il est donc indispensable que le peuple se reconstitue via de nouvelles institutions. Celles-ci sont un bien public. La confiance ne s’impose pas. Elle se construit par le respect des citoyens et de leur pouvoir naturel. Il serait désastreux et dangereux pour l’avenir des libertés que le système continue sur sa lancée avec une majorité qui gouverne sans légitimité et une minorité qui joue, sans plus de légitimité, le théâtre de l’opposition.
Le gouvernement ne peut retrouver une force légitime que s’il émane réellement des citoyens. Le peuple n’a pas besoin de guides. En ce 18 juin 2017, la souveraineté, la démocratie sont à l’ordre du jour. L’élection d’une assemblée constituante en France est le seul outil possible pour réaffirmer l’origine démocratique du pouvoir.
André Bélon – Pour une Constituante