Un commentaire du PRCF sur une déclaration de dirigeants critiques du PCF. 24 juin 2017.
Démocratiquement, nous publions ci-dessous cet appel d’un certain nombre de responsables du PCF avec lesquels nous avons souvent agi avant que l’un d’eux ne mette un veto à l’action commune avec le PRCF.
Sur les responsabilités écrasantes des dirigeants du PCF dans l’actuelle dérive réactionnaire de la France, nous sommes d’autant plus d’accord avec la déclaration reproduite ci-dessous que les fondateurs du PRCF ont eux-mêmes combattu en pionniers le largage par le PCF de sa « matrice léniniste ». Ces dérives révisionnistes ne datent d’ailleurs ni de Laurent ni de Hue puisque déjà, des abandons décisifs avaient été consentis lors du 22ème congrès (1976) et du 23ème congrès (1979) : abandon de la dictature du prolétariat, ralliement à l’antisoviétisme et à l’ « eurocommunisme », reniement des références statutaires au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien, adoption de la théorie réformiste de l’ « avancée pas à pas au socialisme ». Cela fait donc bien longtemps, hélas, que l’appareil du PCF n’est plus clairement du bon côté de la barricade, comme l’ont successivement attesté les participations sans principe du PCF aux gouvernements euro-atlantiques de Mitterrand (81-84, Fiterman, Ralite, Rigout, Le Pors) et de Jospin (1997-2002, Buffet, Gayssot, Demessine).
Concernant la séquence électorale récente, il est regrettable que la déclaration reproduite ci-dessous ne traite guère qu’au négatif les sept millions de voix recueillies par Mélenchon, parmi lesquelles celles de nombreux jeunes et syndicalistes, la marche du second tour n’étant manquée par JLM que de 600 000 voix. Ce résultat de JLM, il ne faut pas le réduire à un hégémonisme que le PRCF a pointé, il faut surtout y voir l’aspiration de fond de nombre de jeunes et de syndicalistes à une gauche patriotique et indépendante du PS. Si le PCF n’avait pas capitulé depuis des décennies sur l’alliance du patriotisme et du combat prolétarien que portait Jacques Duclos, s’il s’était clairement positionné à 100% contre l’UE et l’euro comme le faisait encore G. Marchais en 1992 (Non à Maastricht), si le candidat « identitaire » présumé du PCF aux dernières élections avait fait preuve de la moindre fermeté sur les questions connexes du PS et de l’UE (au lieu de s’accrocher dérisoirement et jusqu’au bout à la bouée de plomb Hamon !), ce serait aujourd’hui le vote communiste et non le vote Mélenchon qui eût devancé le vote PS en inversant le résultat désastreux du 10 mai 1981 (où Mitterrand était loin devant Marchais).
En outre, s’il est inquiétant que, par la mainmise quasi-totalitaire de Macron sur tous les pouvoirs, la grande bourgeoisie se soit donné les moyens de faire l’union sacrée contre les travailleurs, il ne faut pas sous-estimer le fait hautement politique que la classe ouvrière (les 3/4 des ouvriers, les 2/3 des employés, la masse de la jeunesse populaire) ait boycotté le second tour (car 57% d’abstentions et près de 10% de nuls et de blancs ne sont pas une simple « désaffection »). Ce qui délégitime le pouvoir et peut rouvrir un large espace aux forces révolutionnaires.
On ne peut ignorer non plus que, durant toute la séquence électorale, le PCF-PGE parlant par ses voix statutairement autorisées, a d’abord rabattu insidieusement sur Hamon, puis qu’aux deux second tours successifs (présidentielle et législatives), il a froidement abondé le vote Macron en érigeant frauduleusement ce vote mortifère en « barrage antifasciste » : cela au moment même où Macron veut graver dans la loi ordinaire les dispositifs liberticides de l’état d’urgence (voté unanimement, rappelons-le, par les députés du PCF en 2015). Par conséquent, et sans pour autant lui conférer un quelconque privilège militant (les communistes doivent bien entendu privilégier le travail la classe ouvrière et le syndicalisme de classe !), le potentiel citoyen que représente la France insoumise doit être fraternellement travaillé et interpellé. Il serait en effet contre-productif d’opposer la reconstruction de l’identité communiste à la perspective fédératrice de larges rassemblements antifascistes, anti-impérialistes et anti-maastrichtiens. Car le vrai et grand PCF de Thorez, Frachon et Duclos a toujours porté une dialectique conquérante de construction du parti d’avant-garde et de large rassemblement patriotique et populaire : on l’a vu lors notamment lors du Front populaire et de la Résistance. C’est en reconstruisant le parti de combat de la classe ouvrière ET en travaillant à l’émergence d’un Front Antifasciste, Patriotique, Pacifique, Populaire et Ecologique (FRAPPPE), un front 100% anti-FN, anti-MEDEF et anti-UE, que les communistes faciliteront l’avènement d’une France Franchement Insoumise tournée vers le Frexit progressiste, l’Europe des luttes et la coopération transcontinentale, et qu’ils remettront au cœur de la problématique politique le débat capitalisme/socialisme qu’ont occultés quarante années de révisionnisme triomphant (rappelons que ce débat sur le socialisme, c’est bien le PCF mutant qui l’a enterré lors de son 28ème congrès (1994) quand il a purgé ses statuts de toute référence à la classe ouvrière, au marxisme, au socialisme et à la socialisation des moyens de production…).
Même s’il est heureux que le groupe « GRD » ait surmonté la vague Macron, on ne peut pour autant idéaliser l’ensemble des députés élus sous l’étiquette PCF, et dont plusieurs sont sur des positions clairement liquidatrices. Il suffisait d’entendre le discours mielleux d’Elsa Focillon sur France-Culture ce 23 juin (12 h 30) pour s’en convaincre… Le PRCF le dit d’autant plus fort que lors de sa rencontre officielle avec la direction du PG, la délégation du Pôle a insisté sur l’exigence que la FI ne présente aucun candidat face aux sortants du PCF de 2012 et de 2007, et que, là où le PCF recherchait le dialogue avec le PRCF, c’est le candidat de ce parti que nos associations locales ont souvent décidé de soutenir.
Il est cependant intéressant que la déclaration des Dix dirigeants du PCF (cf ci-dessous) parle désormais de la reconstruction d’ « un » parti, et non plus de la reconstruction « du » parti. Ce changement sémantique ouvre-t-il enfin la voie (?) à l’idée qu’une reconstruction peut et doit s’opérer hors du cadre du PCF si, comme il est probable, celui-ci accentue encore ses dérives « innovantes » (y compris sur son intitulé) lors d’un prochain congrès ? Pour le PRCF, les choses sont claires : le PCF est si dénaturé idéologiquement, ses dirigeants actuels sont tellement inféodés au PS et à l’UE, la France des travailleurs est tellement menacée dans son existence même par l’euro-atlantiste Macron, qu’il faut presser le pas pour que les vrais communistes se retrouvent au plus tôt sous le même toit séparément des liquidateurs euro-réformistes. Alors qu’approche le 100ème anniversaire d’Octobre 1917, dont le Congrès de Tours fut une suite nationale logique, le PRCF rappelle cette évidence léniniste : pour unir les communistes dans un même parti marxiste-léniniste d’avant-garde, il faut les séparer radicalement des euro-réformistes. C’est même sous cet angle, et non pour grignoter d’illusoires positions internes qui au final, accompagneraient les dérives et retarderaient l’urgence d’un nouveau « Tours » (quelles qu’en soient les modalités), qu’il faut concevoir les ultimes batailles internes.
Puisque nos dix camarades écrivent que « les communistes doivent s’unir pour reconstruire un parti », nous leur proposons donc qu’avant le 14 juillet contact soit pris entre eux et le PRCF pour engager une campagne commune contre les macro-ordonnances, dont il faut dénoncer l’inspiration bruxelloise et « médéfienne », contre le « saut fédéral européen » en cours (« gouvernement de la zone euro », « défense européenne »), contre le basculement culturel et linguistique monstrueux en cours, que précipite l’élection du « trader » et « Young Leader » Macron, et surtout, pour un programme commun franchement communiste de Frexit progressiste, de rupture avec l’OTAN et ses guerres, de nationalisations démocratiques, de remise en perspective du socialisme pour la France, etc..
C’est en dialoguant et en agissant ensemble, en renversant le mur artificiel que le PCF-PGE a érigé entre les communistes « de l’intérieur » et ceux « de l’extérieur » afin de contrôler les premiers et d’isoler les seconds, que l’on préparera le mieux la reconstruction d’un parti communiste, marxiste-léniniste et d’avant-garde, « outil du mouvement populaire ».
- Léon Landini, président du PRCF, ancien officier FTP-MOI, adhésion au PCF en 1942,
- Pierre Pranchère, vice-président du PRCF, anc. FTP corrézien, adhésion au PCF en 1943,
- Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF,
- Antoine Manessis, responsable des relations unitaires,
- Gilliatt De Staërck, responsable national des Jeunes pour la Renaissance Communiste en France.
Adopté à l’unanimité par la Commission exécutive nationale du PRCF le 25 juin 2017
LE TEXTE DES « DIX ».
le 23 juin 2017 |
Le Conseil national doit répondre à la colère et l’exigence des communistes !La séquence électorale s’achève, les communistes s’expriment nombreux pour exiger une analyse sérieuse des résultats et un bilan stratégique permettant des décisons utiles pour l’avenir du PCF. Les résultats des élections présidentielles et législatives livrent un paysage politique recomposé. La fracture politique et sociale s’aggrave comme en témoignent le taux d’abstenton très élevé et la progression du Front National. Ce dernier obtient 8 élus avec 13,20 % des suffrages et confirme son ancrage dans les territoires délaissés du pays. Nos 11 députés seront des points d’appui pour les batailles à venir et nous nous félicitons de leur élection. La constitution d’un groupe communiste élargi autonome de la FI est une bonne nouvelle. Rien ne justifie d’en rester au nom GDR. Les communistes sont la principale composante de ce groupe et cela doit apparaître dans sa dénomination. C’est essentiel pour notre visibilité nationale. L’urgence c’est bien évidemment de mettre toutes nos forces dans l’action pour renforcer la résistance aux mauvaises mesures que va prendre ce gouvernement sur le plan social et démocratique. Nous avions dit en 2012 et 2017 que le choix de l’effacement du PCF à la présidentielle hypothèquerait notre avenir et les résultats confirment cette analyse. Ils s’inscrivent dans une suite de revers électoraux depuis 2012, accompagnant un délitement de notre organisation, le renoncement à une bataille idéologique communiste et à notre action autonome. Pour nous, cette longue défaite trouve ses racines dans les choix de congrès depuis bientôt 20 ans : le renoncement à notre rôle historique, notre éloignement du mouvement communiste international au profit des partis réformistes de la gauche européenne, la primauté donnée aux institutions sur les luttes et le rassemblement populaire, l’acceptation du cadre de l’Union européenne, le rassemblement de sommet se substituant au combat et conditionné à notre effacement… Nous partageons l’exigence des communistes de tout mettre sur la table depuis la stratégie jusqu’à la composition de la direction et les choix personnels du secrétaire national. Nous n’avons besoin ni de « révolution de palais », ni de batailles d’appareil, ni des vieilles méthodes qui enferment les discussions dans un seul choix. C’est aux communistes de décider des étapes et du contenu de ce débat qui doit conduire à un congrès extraordinaire. Donnons leur les moyens de le faire en convoquant cet automne une assemblée générale des délégués de section, qui fixera la feuille de route. Le Conseil National des 23 et 24 juin doit prendre ses responsabilités. L’avenir du PCF est en jeu. Les communistes doivent s’unir pour reconstruire un parti, outil de la France populaire. Cette déclaration est sigée par les membres du Conseil National suivant : Caroline Andréani,(93), Paul Barbazange (34), Marie-Christine Burricand (69), Gilles Gourlot (Paris), Jean Jacques Karman (92), Michaële Lafontant (92), Anne Manauthon (06), Jean-Pierre Meyer (83), Hervé Poly (62),Danielle Trannoy (33), |