Avec une abstention record dans l’histoire de la Vè République et massive,57%, la légitimité du pouvoir d’ E.Macron est très relative. D’autant plus que l’abstention possède un caractère de classe, de genre et d’âge très marqué : ouvriers, employés, femmes et jeunes des milieux populaires. En fait les masses ont traduit ainsi la conscience qu’elles ont que ce ne sont pas les élections bourgeoises qui sont le terrain principal de l’action politique.
Un rappel utile. Car l’électoralisme exerce toujours des dégâts dans les comportements politiques.Sans pour autant céder au gauchisme qui ne comprend pas que les élections contribuent au rapport de forces au sein duquel la lutte de classe se mène.
Les travailleurs, ouvriers et employés, ont exprimé à leur façon, comme au premier tour et comme lors de la présidentielle, leur rejet d’un système au service des puissances du capital : seuls 16% des électeurs ont exprimé leur soutien au macronisme qui rafle grâce à des institutions bonapartistes, anti-démocratiques et à bout de souffle une majorité écrasante à l’Assemblée Nationale. Depuis toujours ces institutions sont faites pour les partis du capital : ainsi en 1962 l’UNR (le parti de la droite) avec 5 877 127 de voix obtenait 230 députés alors que le PCF avec 4 010 463 de voix n’obtenait que 41 sièges….
Ainsi la fragilité du Jupiter de pacotille est très grande. Sans base de masse, Macron sera tenté par l’autoritarisme. D’autant qu’il s’inscrit dans le contexte plus large de la fascisation. La bourgeoisie impose sa politique par le consensus et la coercition et lorsque, comme aujourd’hui, le consensus se détraque, c’est la coercition, l’autoritarisme, la fascisation qui deviennent centrales préparant le chemin au fascisme.
Cela est d’autant plus affirmé que l’Exécutif et le Législatif, ce dernier transformé en chambre d’enregistrement, sont composés socialement par des hommes et des femmes issus dans leur écrasante masse de la bourgeoisie et imprégnés de l’idéologie de leur classe.Le mépris pour les travailleurs est largement répandu chez ces gens-là qui veulent une France start-up et des jeunes qui rêvent de devenir des milliardaires.En fait, cette Chambre introuvable et bleue mariale est un élément du dispositif de la bourgeoisie pour détruire les conquêtes sociales et l’indépendance nationale et donc dépourvue, on le répète, de base de masse.
Se prenant pour le président des États-Unis et souhaitant américaniser notre vie politique, le voilà qui s’invite devant le Congrès réuni à Versailles (!) et promet d’y revenir tous les ans faire son discours sur « l’état de l’Union ». L’Union Européenne sans doute puisque c’est là que violant la souveraineté du peuple se trouve le centre du dispositif du grand capital. Ceux qui oublient que le MEDEF et le grand capital d’Europe pour imposer leur loi, comme la démolition du code du travail, s’appuient sur l’UE qui en est l’arme principale, ne clarifient pas les choses et empêchent de frapper au cœur du dispositif. Démasquer la nature de classe de l’UE reste une tâche centrale du mouvement ouvrier et populaire: l’alliance du drapeau rouge et du drapeau tricolore permettra seule à la vraie gauche de battre la grande bourgeoisie et le fascisme.
Macron mène une campagne idéologique visant « en même temps » à faire croire à sa puissance et à sa volonté de réformes. Reste qu’il est faible et qu’en guise de réformes nous avons une série de contre-réformes, de régressions sociales et démocratiques gravissimes enrobées d’un américanisme politique et institutionnel qui vise à marginaliser et exclure de la vie politique « ceux qui ne sont rien » face à ceux qui réussissent » puisque c’est ainsi que Macron*, plein de sa morgue de classe voit l’opposition capital/travail.
En cette année 2017 où les progressistes du monde entier célèbrent dans les luttes les cents ans de la Révolution d’Octobre comme nous le ferons le 4 novembre à Paris, il est indispensable de forger l’instrument de l’émancipation qu’est le parti communiste et cela « en même temps » que le Front populaire et patriotique pour sortir de l’UE, édifier la République sociale et marcher vers le socialisme.
Antoine Manessis
* «Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien»
E. Macron le 2 juillet