En 2017, on commémore le centenaire de l’entrée en guerre des États-Unis aux cotés des alliés durant la première guerre mondiale. Faut-il ici rappeler que les USA se sont engagés sur le champ de bataille, à la fin de la guerre, et ce alors que leur président venait juste d’être élu avec la promesse de ne pas entrer en guerre ?
Pourquoi les États-Unis sont entrés en guerre en 1917 ?
Dans son livre 14-18, guerre de classes l’historien Jacques Pauwels explique entre autre pourquoi les EU sont entrés dans le premier conflit mondial. Pour cela, il faut bien comprendre que l’essence même du capitalisme est malthusien. C’est-à-dire qu’une guerre, c’est avant tout l’occasion de supprimer le surplus de marchandises que l’anarchie de ce système économique a créé. Et ceci est vrai aussi bien pour le premier conflit mondial que le deuxième et pour celui qui vient. La guerre a aussi cet avantage de faire abattre sur la majorité de la population une terreur nihiliste qui a pour but de détourner les revendications de la classe ouvrière, et de mater toute velléité de changement. La guerre a donc cette vertu de supprimer les foyers d’une révolte qui pourrait abattre les privilèges du capital et aussi de se projeter dans un monde où il faut produire en grande quantité pour contenter les survivants démunis (comme les trente glorieuses). Et quand la production trouve des acquéreurs, cela s’appelle une marchandise et en bout de course, cela veut dire profit qui est, on ne le répétera jamais assez, la finalité du capitalisme.
Un contexte social tendu, des grèves massives, la montée du communisme
Le contexte social des États-Unis était très tendu lors du début du vingtième siècle, comme lors de la grève du textile à Lawrence (Massachusetts) en 1912 ou lors des multiples grèves des mineurs dans tout le pays. Ces événements se soldent inévitablement par l’armée ou les milices privées qui se vengent avec férocité dans cette guerre de classes. Naturellement une cohorte de morts et d’exactions s’en suivirent. L’exemple le plus frappant fut le massacre de Ludlow (30 morts par arme à feu) dans le Colorado en avril 1914. La grève vit s’affronter pendant 14 mois, 11 000 mineurs à Rockfeller, le patron. Alors dans ces conditions, incontestablement, la guerre mondiale allait rendre service au patronat.
Les États-Unis entrèrent en guerre il y a donc cent ans. Ce n’était pas écrit d’avance car le président Wilson avait été élu (5 mois auparavant) à ce poste sur un programme de non-intervention contrairement à son adversaire qui lui en était partisan. Pendant les trois premières années de guerre, les EU avaient le beau rôle, ils avaient commercé avec la Grande-Bretagne, la Belgique et la France, et tout cela était bon pour le business. Sauf que ces trois ans ont rendu exsangue les partenaires européens et par conséquent leur solvabilité était entamée.
Défendre la solvabilité des alliés : l’entrée en guerre des USA pour garantir les remboursements des dettes britanniques et participer au redécoupage du monde
En effet début 1917, la dette des banques britanniques auprès des EU était colossale. Le doute s’installe, et si la GB perdait la guerre ? Ce serait terrible car cela voudrait dire que jamais l’argent prêté ne serait rendu. Incontestablement les banques ont fait pression sur le président pour que Wilson remise son argument de campagne à la poubelle et prenne le chemin de la guerre. L’objectif était que les créditeurs soient impérativement les vainqueurs afin que cette victoire leurs permettent de les rembourser au détriment des vaincus. Cependant la pilule sera dure à avaler pour la population car parmi les nombreux migrants présents sur le sol étatsunien, il y avait beaucoup d’allemands (5 millions) et beaucoup d’irlandais (3 millions) qui sont viscéralement anti-britanniques. Mais c’est dans ces cas-là que l’on admire toute la fourberie des politiciens à nous faire avaler n’importe quel bobard. Wilson avança donc le prétexte de la démocratie (argument indémodable), mais aussi l’affaire du Lusitania. L’histoire est rocambolesque. Le Lusitania est un bateau qui a été coulé en 1915 soit deux ans avant. Le navire était étatsunien ???? Non il était britannique. Eh bien le rapport, il est où ?? Eh bien, sur les 2165 passagers qui étaient à bord, il y avait une centaine de citoyens étatsuniens, tout devient donc évident….
Il faut aussi signaler qu’un dernier argument non avouable qui a poussé les États-Unis à se lancer dans la guerre. Une fois la fin du conflit, tous les protagonistes allaient se mettre autour de la table et allaient dépecer les empires vaincus. Et le ticket d’entrer pour pouvoir s’asseoir à cette table était bien évidemment la participation à la guerre. Les États-Unis n’étaient bien évidemment pas la puissance que l’on connaît mais ils avaient compris que pour devenir prospères et donc vivre dans une société dénuée de risque de révolution, agrandir sa zone d’influence était indispensable.
Le livre de Lénine « Impérialisme, stade suprême du capitalisme » était déjà assimilé. Les États-Unis avaient des vues sur le Pacifique et la Chine, ils étaient en concurrence directe avec le Japon qui avait déclaré la guerre à l’Allemagne depuis le début. Il était donc urgent d’en faire de même pour avoir droit au festin des vainqueurs.