« Le jour, nous jetons des pierres et la nuit nous venons ici « , a déclaré une cliente en dînant avec son mari directeur dans le pétrole au sélect Buddha Bar
Tandis que les Vénézuéliens continuent à souffrir du siège économique de la République bolivarienne soutenu par Washington, une petite minorité dans le pays parvient à maintenir un mode de vie chic, mâchant des sashimis et des travers de porc en buvant des cocktails dans des clubs et des discos sélects.
Le large fossé entre les riches et les pauvres qui continuent à survivre grâce à l’aide fournie par le gouvernement, illustre l’inégalité permanente dans le pays calomnié dont les dirigeants socialistes sont souvent dépeints par l’opposition comme des agents cubains prenant leurs ordres à La Havane dans le but d’imposer une « expérience communiste » de caserne à la société vénézuélienne.
En fait, la démocratie sociale assiégée a souffert de la chute abrupte des prix du pétrole intervenue en 2014, réduisant les revenus de l’État et infligeant des souffrances aux Vénézuéliens de la classe moyenne.
En même temps, les Vénézuéliens riches ont continué à fréquenter des endroits comme le Buddha Bar, un club de nuit international qui a ouvert son premier endroit en Amérique latine en 2015, érigeant de grands murs fortifiés à l’abri desquels il sert des steaks de thon, des tacos de poisson, du tartare de saumon et du parfait aux amandes.
Pour 55 700 bolivars – plus d’un quart du salaire mensuel minimum officiel – les convives peuvent partager huit pièces de saumon et de sushis de crevettes.
« Vous pouvez passer autant de bon temps ici à Caracas qu’à New York, Dubaï ou Saint-Pétersbourg », a déclaré à l’AFP l’un de ses propriétaires, Cristhian Estephan.
Dans de nombreux cas, les hôtes goûtent les plats somptueux après avoir fait le coup de poing avec les forces de sécurité de l’État et demandé de mettre fin à la « dictature étouffante ».
« Le jour nous lançons des pierre et la nuit, nous venons ici », a déclaré une cliente nommée Ahisquel alors qu’elle dînait avec son mari directeur dans le pétrole.
En effet, le taux d’inflation subi par le pays a suscité un certain inconfort dans les couches sociales riches de la société vénézuélienne, mais elles sont souvent protégées du pire par leurs dollars américains. Quant aux super-riches qui bénéficiaient de l’extraction et de l’exportation privées du pétrole du pays, ils peuvent toujours trouver un refuge à Miami, Madrid, Los Angeles et New York.
Les riches restent cependant mécontents d’un ordre social qui leur a fait perdre énormément de pouvoir depuis que la Révolution bolivarienne de Hugo Chavez a bouleversé le statu quo « traditionnel » et fortement inéquitable dans ce pays d’Amérique latine, même s’ils se sont débrouillés pour se faufiler dans les rangs du chavisme.
« La richesse au Venezuela est générée par les revenus de l’État qui dépendent du secteur pétrolier », a déclaré la sociologue Colette Capriles à l’AFP. « L’État redistribue ce revenu. Le gouvernement de Chavez l’a consacré de préférence à ceux qui en avaient le plus besoin », a-t-elle ajouté, soulignant que les fonds allaient aux dépenses sociales.
Cependant, ce qu’on appelle la « boli-bourgeoisie » a réussi à utiliser l’industrie pétrolière nationalisée pour remplir ses propres proches, devenant de plus en plus riche dans ce processus.
Pour la base chaviste, l’espoir est que l’Assemblée constituante nationale – qui rassemblera ouvriers, paysans, personnes handicapées, étudiants, retraités, le secteur commerçant et les conseils communaux – tracera une voie nouvelle, écrivant une nouvelle Constitution bolivarienne qui redonnera le pouvoir populaire aux masses du pays et inaugurera une période de paix relative, éloignant le pays du chaos provoqué par les tactiques de protestation de plus en plus violente de l’opposition de la MUD [la Table de l’unité démocratique].
Les convives du Buddha Bar aux goûts exigeants comme Ahisquel ne désirent rien d’autre qu’une gouvernance de première classe pour satisfaire leurs appétits de luxe.
« Après les manifestations, c’est bon d’avoir un moment de détente », a-t-elle déclaré. « Mais nous ne pourrons jamais nous détendre tant que ce que ce gouvernement ne sera pas tombé. »
Le 21 juin 2017 – Source Telesur – traduction DG pour www.initiative-communiste.fr